Depuis les évènements tragiques survenus au Rwanda en 1994, et l’accession au pouvoir d’un gouvernement dirigé par le FPR, le pays continue de se construire sur les mensonges et l’histoire manipulée. « Mensonges et manipulation » sont les maitres mots des nouveaux maitres du Rwanda. Dans cette quête de manipuler la vérité, le régime s’est entouré d’ alliés, qui consciemment ou pas contribuent largement à imposer une réalité imaginaire, une réalité revue et corrigée pour servir à leurs plans machiavéliques. » De tout temps, ces conteurs comme leurs publics ont préféré les histoires où les bons combattent les méchants plutôt que celles où des salauds en affrontent d’autres » affirment Rony Brauman, Jean-Hervé Bradol et Claudine Vidal dans l’hebdomadaire Marianne.
Ces fidèles indéfectibles et inconditionnels du régime de Kigali se sont faits entendre ces derniers jours lors de la sortie du rapport des experts commandé par les juges français Marc Trevidic et Nathalie Poux sur les circonstances de l’attentat d’avril 1994, dans lequel périrent notamment le président Habyarimana et son homologue burundais Cyprien Ntaryamira.
Dans leur tribune, ces trois personnalités se demandent comment est –il possible que le régime de Kigali impliqué dans les pires atrocités du XXIème siècle continue de bénéficier d’une amnistie pour ses forfaits, et pointent du doigt les medias qui, même les plus fiables, continuent de se laisser manipuler. « Depuis dix-huit ans, des centaines de milliers de morts, rwandais et congolais, sont imputables au Front patriotique rwandais (FPR) mais aucun de ses membres n’a été condamné pour ces faits. Les sources existent, elles sont connues. Comment expliquer une telle absence de réponse face à ce qui peut être considéré comme des crimes contre l’humanité ? La quasi-unanimité de la presse française sur les prétendues conclusions du rapport balistique commandé par les juges français chargés d’instruire la plainte des familles dont les membres sont morts dans l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, le 6 avril 1994, fournit une nouvelle opportunité de comprendre comment le régime de Kigali assure son impunité ». Pouvons-nous lire dans les lignes de Marianne.
Dans cette tribune, trois éléments de méthode qui sont utilisés par « les idiots utiles de Kagame », dans le but d’assurer l’impunité et la longévité au régime répressif de Kigali sont décrits:
Prêcher « une seule vérité historique »
Le premier élément de méthode consiste selon ces analystes à « déclarer qu’une vérité historique », celle qui consiste à clamer haut et fort et partout que « le génocide des Rwandais tutsis, est en butte au négationnisme et au révisionnisme ». Le génocide tutsi est ainsi présenté comme « le seul crime ayant été perpétré au Rwanda ». C’est la seule version de l’histoire tragique du Rwanda qui doit être révélée, quiconque ose dénoncer les atrocités commises par le FPR avant, pendant et après le génocide, que ça soit au Rwanda, en dehors (surtout en RDC), il est très vite taxé de » négationnisme et au révisionnisme ». Il devient dans ce cas cynique voire insensé, de s’entêter à professer par tout que, dénoncer les horreurs perpétrées par le FPR de Paul Kagame est une forme de nier le génocide (tusti), alors que ces nombreux crimes du FPR ont fait l’objet de rapports officiels des Nations Unies (Mapping report sorti 2010), d’ONG des droits de l’homme comme Human Rights Watch ou Amnesty International. Comment une vérité qui saute auxyeux peut-elle être une négation de la mort de milliers des gens ?
Imposer le point de vue des amis de Paul Kagame
Le deuxième élément de méthode révélé dans Marianne est, « l’emploi systématique de la terreur pour imposer le point de vue des amis de Paul Kagame en dépit des évidences contraires ». Le régime de Kigali s’est forgé une réputation qui en dit long sur lui, ce dernier ne cesse d’occuper les bonnes places parmi les prédateurs des droits humains, et répression contre la presse libre. En effet, Paul Kagame que nombreux de ses supporteurs qualifient d’ « héros », mais traité aussi de « pire des dictateurs encore en activité », voire de « Hitler africain » par ses détracteurs, a instauré un système de terreur systématique, réprimant tout contre-pouvoir à l’intérieur, même à l’extérieur du pays. « Il n’existe plus de réelle opposition structurée à l’intérieur du Rwanda, ni de presse libre, en raison des arrestations et des assassinats ».
Ainsi, Maitre Bernard Ntaganda, Madame Victoire Ingabire et Déo Mushayidi respectivement leader du PS Imberakuri, des FDU Inkingi et du PDP-Imanzi sont emprisonnés depuis des mois. André Kagwa RwiseReka, vice-président du Parti vert démocratique, a quant à lui été quasiment décapité le 14 juillet 2010, Frank Habineza, le Président de ce parti a préféré l’exil, probablement pour ne pas subir le même sort que son vice-président. Les anciens du FPR qui se sont dissociés du pouvoir en place ont été réduits au silence ou contraints à l’exil quand ils n’ont pas été tout simplement assassinés. « Dans cette entreprise, les sicaires de Kigali ne s’embarrassent pas des frontières et plusieurs opposants et journalistes ont été exécutés dans les pays où ils s’étaient réfugiés, crimes et tentatives d’assassinats précisément relatés par les médias des pays concernés (Afrique du Sud, Ouganda, Royaume Uni, etc.) » affirme Marianne.
Le soutien des réseaux « d’amis » à l’étranger
« Le troisième élément de méthode est le soutien de réseaux d’« amis » à l’étranger (à une autre époque, on aurait parlé de « compagnons de route ») afin de relayer les accusations de négationnisme et de révisionnisme contre les commentateurs qui osent contredire les versions des faits produites par le régime en place à Kigali. Ces « amis », hyperactifs dans le débat public, viennent récemment d’occuper la plupart des tribunes afin de faire dire à un rapport balistique ce qu’il ne disait pas, et se sont comportés, volontairement ou non, en vecteurs de la propagande internationale du FPR ». Rappelons que ce rapport des géomètres et experts en balistique, commandé par les juges français Marc Trévédic et Nathalie Poux sur les circonstances de l’attentat contre l’avion du président, n’avait pas pour objet d’identifier les auteurs du tir de missiles qui ont explosé le Falcon présidentiel, mais seulement de localiser l’endroit d’où ils ont été tirés.
La sortie d’un rapport balistique n’a pas en aucun cas produit une conclusion sur l’identité des assassins, cependant, Marianne constate que la publication de ce rapport a été accompagnée d’une campagne médiatique affirmant le contraire : « l’expertise balistique innocenterait Kagame. Les deux avocats du FPR, qui se sont exprimés après la remise du rapport balistique, ne sont pas les seuls responsables de cette vague d’enthousiasme en faveur de Kagame. Le juge Bruguière, auteur d’une précédente instruction incohérente, et une bonne partie de la presse française ont apporté leur contribution au brouillage de pistes. De tout temps, les conteurs comme leurs publics ont préféré les histoires où les bons combattent les méchants plutôt que celles où des salauds en affrontent d’autres. Doit-on pour autant présenter comme équivalents le génocide des Rwandais tutsis et les crimes commis par le FPR ? Absolument pas. Pour cela il faudrait oublier la différence entre deux types d’ordres : « Exterminez les tous » ou « Massacrez une partie d’entre eux » affirment RonyBrauman, Jean-Hervé Bradol et Claudine Vidal dans leur tribune.
L’art de la manipulation et du mensonge continuent à réglementer l’histoire du Rwanda, et les médias internationaux qui ne prennent pas la peine d’analyser de manière critique les informations en provenance de Kigali et ses relais sont là pour perpétrer cette tradition dont la principale victime est la vérité.
Jean Mitari
Jambonews.net