Ce samedi 10 mars 2012, le premier prix « Victoire Ingabire Umuhoza pour la démocratie et la paix » a été remis en marge de la journée internationale de la femme, devant quelques 300 personnes réunies à Dendermonde, en Belgique.
Créé en l’honneur de Victoire Ingabire, le 8 mars 211 à Montréal à l’occasion de la 100èmejournée internationale de la femme et présenté le 12 mars, le prix vise à distinguer la personnalité qui se sera le plus distinguée dans la recherche de la démocratie et de la paix au cours de l’année écoulée.
Comme lauréats de la première édition, le jury, composé de Juan Carrero, ancien candidat au prix Nobel de la paix,  Mauro Sbolgi, fondateur et administrateur délégué de Sireas ASBL, et Marie Roger Biloa, rédactrice en chef d’Afrique International , a choisi de distinguer Déogratias Mushayidi dont la peine de prison à perpétuité a récemment été confirmée par la Cour suprême du Rwanda mais aussi le couple Martine et Christiaan De Beule.
Dans son discours de remise du prix, Monsieur Sbolgi a souligné le contraste entre la « puissance des grands Etats qui ont participé à ces terribles événements du Rwanda et l’impuissance des hommes et des femmes extraordinaires, extrêmement courageux qui ont sacrifié leur vie et leur liberté pour changer les choses ». « Victoire est un de ces exemples » a-t-il ajouté.
Il a justifié le choix de Déogratias Mushayidi en raison de son « « Intégrité et sa persévérance dans son combat politique » et a estimé de que Déo Mushyayidi était un exemple, « pour tous les prisonniers d’opinion, exemple de ceux qui paient de leur personne le fait d’oser exprimer tout haut, ce que tout le monde pense tout bas ».
En ce qui concerne, le couple De Beule ce dernier a été choisi, en raison de son investissement sans relâche depuis une vingtaine d’année dans la quête de la paix dans la Région des Grands lacs, notamment au travers de l’association « SOS Rwanda-Burundi » qui défend les Droits de l’Homme dans la Région.
C’est ensuite à Monsieur Joseph Matata, militant infatigable des Droits de l’Homme qu’est revenu l’honneur de remettre les trophées aux lauréats.
Dans son mot de remerciement, Christian de Beule a estimé que ce n’était pas à eux que « devait revenir ce prix donné au nom d’une dame tellement courageuse, nous n’avons jamais agi pour la gloire, mais si maintenant vous nous honorez, c’est plutôt un groupe que vous devez honorer » et a ajouté qu’ « accepter un prix pareil imposait une obligation, celle de continuer, car pendant ces 17 dernières années, la situation ne s’est pas du tout améliorée. »
Gerard Semushi Karangwa, vice-président du PDP qui a reçu le trophée destiné à Mushayidi, a exprimé sa difficulté « de remplacer et de parler au nom de Déo Mushyaidi. » et lui a rendu hommage. Pour Monsieur Karagnwa, « Ceux qui ont côtoyé Mushayidi savent qu’il a dédié toute sa vie à la cause pour laquelle, les efforts qu’il a toujours déployé sont aujourd’hui reconnus. »
Il a estimé que ce prix arrivait « à un moment particulier car quelques jours seulement après sa condamnation à perpétuité, par la Cour suprême. » et a affirmé que « cette condamnation n’avait pas ébranlé le moral du leader du PDP-Imanzi » et que « le combat et la détermination restent les mêmes » car ces prisonniers d’opinion sont  encouragés par le fait de savoir que « les germes qu’ils ont semé pour la cause pour laquelle ils se battent, continuent à être alimentées par  d’autres personnes ».
C’est Martine De Beule, submergée par l’émotion, qui a conclu les remerciement :  « Ce prix vous revient à vous tous, je vous l’offre» a-t-elle lancé au public,avant d’ajouter en larmes «car  vous vous battez autant que nous pour que la population rwandaise sorte de la misère dans laquelle elle est tenue. »
La cérémonie fût également l’occasion de « rendre hommage à toutes ces femmes qui nous épatent, ces femmes auxquelles le destin a enlevé leur compagnon de vie et qui ont prit seules et avec courage le destin de leurs familles en mains, en prenant soin de leurs enfants avec dignité», pour reprendre les termes de Daphrose Nyirankundwankize, présidente du RIFDP. « Ces femmes qui se sont battues pour que le monde ait un visage humain, un visage plus femme .»
« Ici, on parle beaucoup des inégalités salariales, des inégalités sociales mais il y a des femmes dont on parle peu, les femmes de l’Afrique noire qui se lèvent le matin, l’enfant au dos, pour aller cultiver le champ à des Kilomètres sans être sures de revenir le soir, ces femmes font face à la guerre, je pense spécialement à celles de l’Est du Congo, ces femmes qui ne vivent que pour la survie des leurs, ces femmes oubliées et qui pourtant font vivre l’humanité. » a-t-elle ajouté dans sa présentation.
Elle a également eu un mot pour Madame Victoire Ingabire, « cette femme d’un courage exceptionnel qui a abandonné toute sa famille, pour l’intérêt du peuple rwandais ainsi que pour les femmes journalistes » auxquelles elle a exprimé son admiration.
Elle a terminé son discours en lançant un appel aux femmes de l’assemblée pour rejoindre leur espace de dialogue et porter la
voix des sans voix mais aussi un appel aux hommes : « soutenez nous » leur a-t-elle assené,  « on ne pourra pas se lancer sans les hommes, c’est sûr, mais surtout  ne nous découragez pas » et à tous  « ne restons pas les bras croisés pendant que nos pairs souffrent énormément ».
La soirée fut enrichie par de nombreuses animations musicales et dansantes, notamment les concerts du jeune artiste rwandais montant Regis Bobo, des artistes Djakhobo et Ben Ngabo ainsi que des danses traditionnelles rwandaises des   ballets Intashyo (Hollande) et Urugwiro .
Ruhumuza Mbonyumutwa
Jambonews.net