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Le cas d’Agathe Habyarimana et les relations France-Rwanda

Le cas d’Agathe Habyarimana et les relations France-Rwanda

Résidant sur  le territoire français depuis plus de 18 ans sans statut légal, Agathe Habyarimana va finalement obtenir un titre de séjour suite à la décision de la justice française qui vient d’enjoindre au préfet de l’Essonne de délivrer les papiers à celle qui commençait à devenir la plus ancienne sans papiers de France. Cet octroi d’un titre de séjour à Agathe Habyarimana n’est pas de nature à améliorer les relations franco-rwandaises au point mort depuis plusieurs mois.  
Agathe HabyarimanaAgathe Kanziga, la veuve de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana assassiné en 1994, s’était vu notifier pour la première fois un refus de séjour en France en octobre 2009 par le Conseil d’Etat (la plus haute juridiction administrative française) arguant qu’il y avait des « raisons sérieuses de penser » qu’elle était impliquée « en tant qu’instigatrice ou complice » du génocide rwandais en 1994. Suite au recours, son avocat, Maitre Philippe Meilhac, a annoncé ce 06 décembre, la décision favorable de la justice française qui enjoint la préfecture de délivrer un titre de séjour à Agathe Habyarimana, 70 ans. Son avocat estime que sa cliente mérite un titre de séjour, puisqu’ « elle n’a plus d’attache dans son pays et toute sa famille est en France ». La veuve de l’ancien président rwandais qui réside dans l’Essonne (près de Paris) depuis son évacuation par la France en 1994 fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis en octobre 2009 par les autorités rwandaises pour « génocide et crimes contre l’humanité » et dont Kigali demande l’extradition. La cour d’appel de Paris a rejeté 28 septembre 2011  la demande d’extradition, qui avait été formulée par le Rwanda.
Après le premier refus de délivrer un titre de séjour à Agathe Habyarimana,Maître Philippe Meilhac avait déclaré que cette décision relevait, d’une « volonté politique de la France, compte tenu du rapprochement récent avec le Rwanda, de ne pas froisser ce nouvel allié ».
En effet, dans le cadre de la volonté de sceller la réconciliation entre la France et le Rwanda après des années de brouille, Nicolas Sarkozy, alors président, avait effectué une visite au Rwanda en février 2010, au cours de laquelle il avait déclaré « Nous voulons que les responsables du génocide soient retrouvés et soient punis. […] ceux qui ont fait ça, où qu’ils se trouvent, doivent être retrouvés et punis ». « Est-ce qu’il y en a en France ? C’est à la justice de le dire. Nous venons de refuser l’asile politique à une des personnes concernées, et il y a une procédure judiciaire engagée », en faisant référence sans la nommer à Agathe Habyarimana.
La visite de Sarkozy au Rwanda a permis un réchauffement des relations entre la France et le Rwanda, néanmoins cette accalmie a été de courte durée, car les relations entre les deux pays se sont encore tendues après la nomination d’Alain Juppé comme nouveau chef de la diplomatie français en février 2011, jusqu’alors ministre de la Défense, en remplacement de Michèle Alliot-Marie qui venait de démissionner.
En effet, Alain Juppé, accusé de complicité de génocide par les autorités de Kigali,  n’a jamais apprécié le régime du FPR et Paul Kagame, l’homme fort de Kigali lui aussi n’a jamais caché son hostilité envers Alain Juppé. D’ailleurs Paul Kagame a qualifié la nomination d’Alain Juppé à la tête de la diplomatie française d’ « insulte envers les Rwandais ».
Les relations franco-rwandaises se sont empirées après le refus d’agrément du nouvel ambassadeur de France au Rwanda Hélène Le Gal par les autorités rwandaises en février dernier. Selon Jeune Afrique, le refus rwandais était motivé par le fait qu’Hélène Le Gal serait trop proche du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, considéré depuis toujours comme hostile au pouvoir en place à Kigali.
Si la victoire de François Hollande a été accueilli plus au moins favorablement à Kigali, les relations franco-rwandaises ne se sont pas pour autant améliorées même si un nouvel ambassadeur vient d’être agréé après le refus par Kigali du précédent choix de la France. D’ailleurs, conscient de cette mésentente entre Kigali et Paris, le nouvel ambassadeur de France Michel Flesch qui a présenté sa lettre d’accréditation ce mardi 11 décembre 2012, a plaidé pour un dialogue renforcé entre les deux pays. Néanmoins, l’octroi d’un titre de séjour à Madame Habyarimana conjugué au refus de son extradition (en 2011) vers le Rwanda qui avait été demandée par Kigali,  ne sont pas de nature à apaiser la tension entre les deux capitales malgré la bonne volonté du nouvel Ambassadeur.
Jean Mitari
Jambonews.net

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