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Assassinats des trois évêques en 1994 au Rwanda : « l’ordre venait de Kagame »

Assassinats des trois évêques en 1994 au Rwanda : « l’ordre venait de Kagame »
Mgr Thaddée Nsengiyumva (4), Mgr Joseph Ruzindana, (6), Mgr Vincent Nsengiyumva (7)
Mgr Thaddée Nsengiyumva (4), Mgr Joseph Ruzindana, (6), Mgr Vincent Nsengiyumva (7)

Mgr Thaddée Nsengiyumva (4), Mgr Joseph Ruzindana, (6), Mgr Vincent Nsengiyumva (7)

Le 5 juin 1994 à Gakurazo, Mgr Joseph Ruzindana, évêque de Byumba (Nord), Mgr Thaddée Nsengiyumva, évêque de Kabgayi (Centre), Mgr Vincent Nsengiyumva, archevêque de Kigali et Président de la Conférence des évêques catholiques du Rwanda ainsi que plusieurs autres réligieux se faisaient assassiner. Aujourd’hui la lumière commence à être faite sur les auteurs et le déroulement de cet acte barbare. En effet, un témoin oculaire qui était présent durant l’exécution des religieux vient de livrer un témoignage inédit : non seulement elle explique dans les moindres détails le déroulement de cette atrocité,  mais aussi, elle affirme détenir les preuves que les ordres d’exterminer les membres du clergé venaient directement de Paul Kagame, l’actuel Président du Rwanda.

Le témoin s’appelle Espérance Mukashema, une rescapée tutsie, réfugiée d’abord en Ouganda en 2000 pendant trois ans, avant de s’installer aux Pays-Bas. Elle a donné son témoignage sur Ikonderainfos, un média en ligne. Ce fameux 05 juin 1995, elle était présente à Gakurazo quand plusieurs ecclésiastiques dont trois évêques furent sauvagement assassinés par le Front Patriotique Rwandais(FPR). Lors des massacres, Richard Sheja, le fils du temoin qui avait à peine 8 ans y a laissé aussi la vie.

Transfert des ecclésiastiques de Kabgayi à Gakurazo pour y être assassinés

Tout commence le 02 juin 1994 quand le bataillon 157 du FPR dirigé par le Colonel Fred Ibingira (Général aujourd’hui) a pris Kabgayi. Ce dernier a décidé peu après de déplacer des réfugiés qui s’y étaient installés : une partie a été transférée à Ruhango dont les religieux assassinés, et une autre a été amenée à Gakurazo, dans un noviciat  des frères Jésuites dirigé par un frère burundais du nom de Balthazar. Trois jours plus tard c’est à dire 05 juin 1994, les religieux dont les évêques, ont été de nouveau transférés , cette fois-ci de Ruhango vers Gakurazo, a relaté Esperance Mukashema. Elle a également affirmé qu’un groupe des ecclésiastiques dont les trois évêques est arrivé sous une bonne escorte du FPR vers 11h00 de la journée à Gakurazo.

« On les a bien accueillis, je me souviens même que Mgr Nsengiyumva, évêque de Kigali, a dit une messe à la chapelle parce que ce jour-là c’était la Pentecôte. Quand ces ecclésiastiques sont arrivés à Gakurazo, j’y étais depuis trois mois. Ceux qui étaient installés là, étaient en majorité des réfugiés tutsis, mais il y avait également quelques Hutus. Je vivais dans la chambre numéro quatre. Balthazar m’a demandé de céder ma chambre à Mgr Nsengiyumva. Moi, on m’a installée dans un corridor commun avec les autres réfugiés ; j’étais avec trois de mes enfants : Sheja, Gaju et Shema. Mon mari était décédé le 28 avril 1994, assassiné tout près de Nyanza dans un endroit qu’on appelait Gasoro » a-t-elle poursuivi.

Massacres à la tombée de la nuit

Dans son récit, Mukashema continue en affirmant que les ecclésiastiques ont été assassinés le jour même de leur arrivée. Ainsi, « A Gakurazo le même jour (05 juin NDRL) vers 7h00 du soir, un militaire qui s’appelle Wilson Ukwishaka est venu demander à Barthazar d’aller chercher les gens qu’ils avaient emmenés le matin afin de faire une réunion avec eux. Il n’a pas sollicité tous les réfugiés qui étaient présents à cet endroit ; il a bien précisé que seuls les réfugiés qui étaient arrivés de Ruhango devaient se présenter au réfectoire où on mangeait pour une réunion. Balthazar est parti les chercher. A ce moment-là, Mgr Nsengiyumva était dans sa chambre. Tout le monde est venu dans le réfectoire, moi aussi j’y étais, assisse sur les bancs derrière avec un de mes enfants. Il y avait les gens qui préparaient les tables parce que c’était l’heure du repas. A côté de moi était assis Mgr Gasambwoya avec sur ses genoux  mon fils ainé de 8ans. Quand tout le monde a fini de s’installer, Wilson n’a dit qu’un seul mot : « nous venons de prendre le pays, nous contrôlons toute cette zone, je vais m’entretenir avec vous surcomment on va pouvoir travailler ensemble ».  Ce sont les seuls mots que j’ai entendus. Mon fils cadet qui allait avoir quatre ans ne se sentait pas bien, c’est pourquoi je suis sortie. Arrivée devant la porte, un jeune militaire qui était là m’a demandé de prendre mon enfant qui était resté avec l’évêque. Je ne savais pas pourquoi il me demandait ça, mais je suis retournée quand même dans la salle pour prendre mon fils. Mais, Mgr Gasabwoya insista en me demandant « Pourquoi veux-tu prendre cet enfant alors qu’il semble bien s’entendre avec moi ? ». À ce moment là, le militaire qui m’avait conseillé de récupérer l’enfant est entré et a poussé vers la porte les filles qui servaient le repas. Moi aussi je suis sortie laissant l’enfant avec Mgr Gasabwoya/ Arrivée à la porte, plusieurs militaires sont entrés en courant, et les autres sont entrés par les fenêtres. Tout de suite, ils se sont mis à tirer » a raconté le témoin toute émue.

« En arrosant la salle de balles, je pense que les militaires ont commencé d’un seul côté puisque j’ai entendu mon fils crier fort en faisant appel à moi, il croyait peut-être que je pouvais le sauver. Je l’entendais crier « maman, maman », car la porte était ouverte. A ce moment-là, ils ont tué tout le monde, les corps étaient là, gisant par terre. En entendant les coups de feu, les gens qui étaient dehors se sont éparpillés partout ; certains sont partis se cacher dans les douches, d’autres sont sortis vers l’extérieur du noviciat. Moi je suis restée paralysée quelques secondes devant la porte. Ensuite j’ai repris  mes esprits et je suis allée me cacher dans les douches avec l’enfant que j’avais dans les bras. J’avais une douleur que je ne sais pas exprimer. » s’est-elle exprimée.

Meurtres attribués à un forcené imaginaire 

Espérance Mukashema  explique comment les tueurs qu’elle avait vu de ses propres yeux à l’œuvre, ont tenté d’attribuer leurs forfaits à un forcené fantôme.  « Peu après quand les coups de feu eurent cessés, ils ont sifflé et nous ont rassemblés sur le terrain. Il y avait ce Wilson et plusieurs autres militaires dont je ne me souviens pas les noms. Il nous a dit : « j’aimerais vous dire qu’un malheur vient d’arriver ; il y a un jeune qui est entré [dans le réfectoire NDRL], il a assassiné les gens et s’est par la suite suicidé, venez,  je vais vous monter ». Il avait une lampe torche dans les mains parce qu’à ce moment-là, l’électricité était coupée. Il nous a amenés derrière la chapelle, et nous a montré quelque chose posée par terre, couverte par plusieurs vêtements, et nous a dit, « voilà la personne qui a assassiné ces gens, et qui s’est par la suite suicidé ». Il était difficile de dire si c’était un homme. Tout ce qu’on voyait c’était un tas de vêtements qui couvraient un objet qu’on ne pouvait pas identifier. Il n’a pas enlevé les vêtements pour nous montrer la personne même, il n’a même pas dit qui c’était » a-t-elle relaté.

 « Tais-toi ou les enfants qui te restent deviendront orphelins »

 Dans son récit Mukashema continue en racontant comment elle a été obligée de garder le silence sur la mort de son fils. Elle relate que « souffrir dans l’anonymat » était sa seule option pour sauver sa vie, elle qui venait de perdre son mari et son fils aîné dans un espace de trois mois. « On a passé la nuit là. Le matin beaucoup de monde est arrivé, même le Général Ibingira [Colonel à ce moment, NDRL]; les militaires circulaient partout. J’étais en colère au point de commencer à les traiter [les militaires du FPR, NDRL] d’Interahamwe. C’est à ce moment qu’une personne s’est rapprochée de moi, et m’a dit, « les traites-tu d’Interahamwe ? Veux-tu que les enfants qui te restent deviennent des orphelins ? Tu n’as pas encore compris comment ils fonctionnent, tais-toi et reste calme, si tu continues de les traiter d’Interahamwe tu vas mourir et les enfants qui te restent deviendront orphelins » a-t-elle relaté.

Une inhumation digne des animaux

Après l’assassinat barbare des ecclésiastiques et ceux qui les accompagnaient, les victimes ont eu droit à un enterrement « digne des animaux » de la part de leurs bourreaux. « Ils ont creusé une fosse commune derrière le noviciat, et tous les morts ont été jetés dedans, inhumés comme on enterre des animaux.  Le corps de mon fils était là, je l’ai touché, et dit même au revoir. Après la vie a continué, on est resté là jusqu’à l’arrivée des militaires français de l’opération Turquoise qui nous ont évacués, et nous ont amenés sur un autre site plus sécurisé » a poursuivit le témoin.

Un des bourreaux devenu diplomate

Mukashema pointe du doigt le Général Innocent Kabandana comme étant un des cerveaux de ces assassinats à Gakurazo. « Parmi les personnes venues nous chercher là, il y avait Kabandana qui est aujourd’hui Chargé d’affaires à l’ambassade du Rwanda aux États-Unis. Ce dernier faisait aussi parti du groupe qui a amené les évêques le 05 juin 1994. Il était lieutenant, et faisait partie des personnes qu’on appelait « les psis ». C’était des personnes qui organisaient des réunions. Kabandana participait à la prise de toutes les décisions, il ne pouvait pas ignorer ce projet d’assassinant, dans lequel il a été activement impliqué. » a-t-elle affirmé en racontant également que les assassinats des réfugiés qui étaient installés à Gakurazo se sont poursuivis ailleurs, afin de faire disparaître les témoins potentiels.

« Quand on a quitté Gitarama, nombreux ont été transférés vers Kinazi, moi j’étais parmi le groupe transféré à Bugesera, néanmoins je suivais les nouvelles des gens qu’on avait transportés à Kinazi ; c’est ainsi que j’ai appris qu’arrivé à Kinazi, Balthazar qui nous a tant aidés a été assassiné sur-le-champ, avec Vivens, le petit frère de l’évêque Kalibushi » a-t-elle poursuivi.

Mukashema déclare avoir écrit une lettre à un ministre américain pour demander l’arrestation de Kabandana qui à ses yeux est l’un des assassins de son fils. « Je ne comprends pas comment un assassin peut aller représenter le Rwanda aux Etats-Unis, comme si parmi des millions de Rwandais il n’y a pas des personnes respectueuses pouvant exercer cette responsabilité » a-t-elle dénoncé, en continuant, « un diplomate doit être une personne irréprochable. Celui que je dénonce aujourd’hui, c’est Kabandana le diplomate qui se trouve actuellement sur le sol américain ».

« Témoin oculaire et crédible, (…) jamais je n’aurais été en sécurité au Rwanda »

Etant témoin oculaire et crédible des massacres commis à Gakurazo par le FPR, et sachant que cette organisation n’aime pas laisser des témoins en vie,  Mukashema affirme qu’elle a été obligée de fuir le Rwanda en 2000, car la menace planait sur elle à cause de ce qu’elle avait vu et entendu. « J’ai quitté le Rwanda en l’an 2000. Les gens me disaient que le Général Ibingira avait assassiné les miens, et  qu’il était impliqué dans plusieurs autres massacres. Etant donné que je suis un témoin crédible contre les ignominies de ce Général, « jamais je n’aurais été en sécurité au Rwanda ». C’est vrai que je me sentais en danger, je ne peux pas tout raconter ici, mais tout ce que je peux dire est que j’étais sérieusement en danger » a-t-elle affirmé, en poursuivant,  « le gouvernement du FPR efface toute personne qui en connait plus sur ses atrocités ».

Le témoin affirme que les massacres de Gakurazo n’étaient en aucun cas une représaille de certains Tutsi qui vengeaient leurs familles assassinées, parce que parmi les gens abattus, il y avait de nombreux Tutsi comme par exemple Mgr Joseph Ruzindana évêque de Byumba, l’abbé Denis Mutabazi du diocèse de Nyundo, le frère Jean Baptiste Nsinga, supérieur Général des frères Joséphistes, l’abbé François Xavier Muligo le curé de la cathédrale de Kabgayi, etc.

« L’ordre d’abattre les ecclésiastiques venait directement du Général Paul Kagame »

D’après Mukashema, les religieux n’ont pas été tués par les personnes du Rwanda, mais par les soldats venus d’Ouganda sur les ordres directs de Paul Kagame, l’actuel homme fort du Rwanda. « J’ai tout vu, même après l’assassinat j’ai mené ma petite enquête, et interrogé pas mal des gens » a-t-elle affrirmé en continuant, « Il y a beaucoup de détails que je ne peux pas communiquer ici. C’est l’affaire de la justice, quand le temps de faire justice arrivera, je mettrai à la disposition des enquêteurs tout ce que je sais. Mais pour étancher la curiosité, je peux vous avouer que les massacres ont été perpétrés par des personnes venues d’Ouganda qui cherchaient personnellement à éliminer les trois évêques. Cependant afin d’effacer toute preuve, ils ont assassiné tout le monde présent dans la salle. Moi on m’a dit personnellement qu’Ibingira a contacté Kagame par radio pour lui avertir que dans la salle il y avait un enfant ; Kagame lui a ordonné de « tuer tout le monde »  ».

Le témoin assure que tuer l’enfant n’était pas un fruit du hasard, mais un calcul de la part des bourreaux car « ils voulaient faire croire qu’une personne enragé est entré dans la salle, et a tué tout le monde même un enfant, car le message était de faire croire que « seul un forcené peut assassiner un enfant »  » a-t-elle estimé.

« Je ne peux pas vous révéler pour l’instant la personne qui m’a avoué que l’ordre de tuer tout le monde venait de Paul Kagame, mais quand le temps de la justice arrivera, cette personne sera connue, et elle est prête à témoigner. Ils se parlaient (Paul Kagame et Ibingira NDRL) par talkie walkie, c’est ainsi que le témoin a entendu les mots « il y a un enfant », « tuer tout le monde ». Tout ce que je dis, ce sont les choses dont j’ai été témoin oculaire, personne ne me l’a raconté » a-t-elle insisté.

Simulacre de procès

Pour rappel, en 2008 à la Cour militaire de  Kigali, « un simulacre de procès » a eu lieu, pour juger les responsables des assassinats des ecclésiastiques à Gakurazo. Cependant en réalité,  le régime de Kigali s’est empressé d’organiser un procès, parce que le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha commençait à s’intéresser à ce dossier, suite aux pressions de l’ONG Human Rights Watch (HRW). Au banc des accusés, le Brigadier Général Wilson Gumisiriza, le Major Wilson Ukwishaka ainsi que les capitaines John Butera et Dieudonné Rukeba qui étaient leurs subalternes au sein de la 157 ème bataillon du FPR,  étaient tous accusés  d’avoir assassiné les membres du clergé à Gakurazo le 05 juin 1994. Le Général Wilson Gumisiriza et Me major Wilson Ukwishaka ont été tous les deux acquittés.  Pourtant, le Capitaine Kayijuka Ngabo, procureur militaire, avait requis la prison à vie à leur encontre. Quant aux capitaines John Butera et Dieudonné Rukeba, ils ont écopé chacun 8 ans de prisons fermes.

Le procureur du TPIR, Hassan Bubacar Jallow, avait averti au lendemain de l’arrestation de ces officiers, que la justice rwandaise pouvait être dessaisie du dossier si le procès ne répondait pas aux standards internationaux en la matière. Le Camerounais William Egbe, chargé par Jallow de faire le suivi de cette procédure, avait refusé de donner son appréciation sur le déroulement du procès. Selon une source au parquet militaire à Kigali contacté par l’agence Hirondelle en octobre 2008, il y avait à chaque audience un représentant du bureau du procureur du TPIR et toutes les remises étaient portées à la connaissance de l’équipe de Jallow.

 Les massacres de Gakurazo ne sont toutefois ni les premiers ni les derniers massacres des membres du clergé perpétrés par le FPR. En effet, le FPR  est également accusé d’avoir perpétré plusieurs autres massacres à l’encontre des membres du clergé au Rwanda et au Congo. Au Rwanda, il y a par exemple les assassinats :

  •           En avril 1994 de 9 prêtres au Petit séminaire de Rwesero
  •           En avril 1994 de 9 missionnaires espagnols à Kibungo
  •           Le 17 octobre 1994 du prêtre québécois Guy Simard curé de Ruyenzi (Butare) ;
  •           Le 02 février 1997 au cours d’une homélie réligieuse duu  père Guy Pinard, curé  de Kampanga (Ruhengeri), abattu le  02 février 1997 au cours d’une homélie religieuse
  •           Le 1er août 1995 de l’Abbé Pie Ntahobari, curé de Kamonyi (Gitarama)
  •           Le 11 mai 1997 de deux prêtres de la paroisse de Cyahinda (Butare)
  •           En août 1997 de l’Abbé Ignace Mubashankwaya de la paroisse de Mushaka (Cyangugu)
  •           Le 31 janvier 1998 à Kigali du père Croate Vijeko Curic
  •           Le 28 avril 1998 du curé Boniface Kagabo de la paroisse Ruhengeri.
  •           Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1998 de 6 sœurs de la Résurrection du Christ à Busasamana

A ces assassinats s’ajoute la disparition en 1996 de Mgr Phocas Nikwigize, évêque de Ruhengeri, de retour des camps des réfugiés à l’est de l’ex-Zaïre, l’emprisonnement de Mgr Augustin Misago et la mort de Mgr André Sibomana, qui est décédé après que que le régime lui avait refusé un document de voyage pour aller se faire soigner à l’étranger.

Au Congo, il y a également eu l’assassinat de Mgr Christophe Munzihirwa, le 26 octobre 1996, ainsi que l’assassinat de plusieurs dizaines de prêtres et religieuses.

Jean Mitari
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