Le régime de Kigali avait prévu que le 31 juillet 2013 tous les détenteurs de téléphones portables devaient se faire connaître en se faisant enregistrer. Presque un demi-million, soit près 8% de l’ensemble des usagers de téléphones portables dans le pays ne s’est pas plié à cette obligation. Les cartes SIM de ces derniers ont de ce fait été bloquées.
Comme ce fut déjà le cas au Cameroun, au Sénégal ou encore au Maroc les détenteurs des téléphones portables au Rwanda avaient jusqu’au 31 juillet pour se faire enregistrer à l’office de l’utilité publique en charge de la matière (Rwanda Utilities Regulatory Authority, RURA). Ainsi, chaque utilisateur devait fournir son numéro de téléphone, nom et adresse.
Les informations parvenues à Jambonews affirment néanmoins que « certains ont même été obligés de fournir l’identité ainsi que le numéro de téléphone de leur conjoint, ou de définir leur lien de parenté avec certaines personnalités publiques, surtout les opposants en exil. ».
Pour les autorités rwandaises l’obligation de faire enregistrer son téléphone portable résulte du besoin de « combattre le vol », de « faire changer une carte SIM qui ne t’appartiens pas », de lutter contre « les fraudes bancaires », et en dernier lieu de « combattre ceux qui lancent des menaces au téléphone ». Cela aidera également le régime à « identifier ceux qui portent atteinte à la sureté de l’Etat par téléphone ».
Le 31 juillet dernier, date de l’échéance d’enregistrement des cartes SIM, 6, 596,005 personnes s’étaient déjà fait enregistrer. Ce qui représente à peu près 92% des utilisateurs de téléphonie mobile. 485,867 utilisateurs n’ont pas voulu se faire connaître et ont vu leur numéro de téléphone suspendu pour toujours, a annoncé l’autorité en charge, RURA.
Au début de ce programme d’enregistrement des cartes SIM, ceux qui n’ont pas voulu se soumettre à cette loi se sont empressés à se procurer des cartes SIM chez les opérateurs des pays voisins, surtout le Burundi et l’Ouganda. D’autres, qui ont des proches en Europe, surtout en Belgique, ont demandé à se faire envoyer les cartes SIM de ces pays, pour ne pas prendre le risque de voir leurs appels tracés. De nombreuses autres personnes changent de cartes SIM pour émettre ou recevoir certains appels.
Pourquoi près de 8% ont-ils refusé de s’enregistrer ?
Plusieurs motifs peuvent expliquer la raison pour laquelle près de 8% des usagers ne se sont pas fait connaître, et ont pris le risque de voir leur numéro de téléphone, pourtant indispensable de nos jours, suspendus.
Une des raisons est la volonté de ne pas se faire connaître car le gouvernement allait avoir accès à l’historique de leurs appels. « Si dans le passé j’avais parlé à Kayumba (opposant en exil NDRL) ou un de ses proche, je n’allais quand même pas prendre le risque de me faire identifier » confie à Jambonews un utilisateur. C’est ainsi que beaucoup ont préféré se procurer un nouveau numéro qu’ils ont fait enregistrer, en abandonnant l’ancien.
D’autres n’ont tout simplement pas voulu se soumettre à cette obligation et se sont procurés des cartes SIM étrangères, même si le prix du service va être exorbitant.
Il y a également de nombreux travailleurs de missions diplomatiques qui n’ont pas voulu se soumettre à cette loi.
Enfin, dans un pays où le contrôle de la population est aussi intensif et permanent, la plus part des citoyens s’étaient procurés deux, trois, voire quatre cartes SIM. Ces derniers n’ont pas pu toutes les enregistrer.
Cette mesure visant à connaître les appelants s’ajoute à d’autres prises précédemment dont certaines ont pour but de contrôler la population comme l’interdiction de » lire des informations non approuvées par le pouvoir », « le droit pour la police, d’écouter tous les appels téléphoniques et lire les courriels entre les particuliers » et ce sans l’autorisation de la justice.
Jean Mitari
Jambonews.net
http://www.rura.rw/home/news-detail/?tx_ttnews%5Btt_news%5D=17&cHash=73ee4d24d36599fc212f4851ab3895cf
http://www.igihe.com/amakuru/muri-afurika/u-rwanda/article/simukadi-485-867-zakuwe-ku-murongo