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Elections en Belgique : des candidats d’origine rwandaise en lice

Elections en Belgique : des candidats d’origine rwandaise en lice

Le 25 mai 2014 auront lieu les élections régionales, fédérales et européennes en Belgique. En lice figurent quelques belges d’origine rwandaise qui se présentent sur les listes des différents partis aussi bien francophones que néerlandophones. Jambonews est allé à la rencontre de ces candidats en pleine campagne.

Richard Ishema, 35ème sur la liste d’Ecolo au Parlement bruxellois

Richard IshemaRichard Ishema vit en Belgique depuis 14 ans, il a quitté son pays natal le Rwanda dans les années 1990, et a vécu dans nombreux pays africains avant de s’installer en Belgique. Ce belgo-rwandais de 33 ans dit trouver « normal » voire « important » de s’engager dans la gestion de la société dans laquelle il vit. « On ne vit pas au Rwanda, on vit en Belgique, on paye nos impôts ici. La politique qui peut avoir un impact sur nous, c’est la politique belge, pas la politique d’ailleurs, donc il faut y participer de manière active. Pour que les choses changent, il faut y participer, et pas en tant que spectateur », insiste-t-il.

C’est dans ce cadre qu’à la fin de ses études, il s’est approché du parti Ecolo et en est devenu sympathisant. « Je trouvais que c’était un parti qui s’adressait à tout le monde, à tous et à toutes » dit-il. Puis en 2012 il dit avoir été invité à être beaucoup plus actif et à s’engager de manière directe.  Ainsi au cours des élections communales, il a figuré pour la première fois sur la liste Ecolo à la commune de Saint Josse. « Je trouvais que c’était important de s’engager et de défendre un projet. C’est ça qui m’a poussé à me lancer. »

Si Ishema affirme que ses priorités politiques sont celles de sa formation politique, il ajoute que « c’est le vivre ensemble, une meilleure cohésion entre différentes composantes à Bruxelles», qui lui tient plus à cœur. « Bruxelles est la capitale européenne, une ville internationale, il faut des politiques qui rassemblent » dit-il.

A côté de ces politique de cohésion, Richard Ishema assure défendre une politique en faveur de « plus d’emplois pour les jeunes, lutter contre le chômage, et lutter pour que Bruxelles soit une ville verte ».

Sabine Simbi, 13ème sur la liste CD&V à la Chambre (parlement fédéral)  

simbiA 27 ans, Sabine Simbi se présente sur la liste des démocrates-chrétiens et flamands (CD&V) au parlement fédéral. Étudiante en comptabilité, elle s’est engagée dans le parti CD&V en 2012. Avec son slogan « Colorer Bruxelles », elle dit s’être engagée en politique parce qu’elle « aime la société dans laquelle elle évolue, et voulait se rendre utile en participant à son développement à travers la politique ».

Son projet politique porte principalement sur l’aide à la jeunesse. « Mes priorités c’est mon projet de campagne qui est de donner de l’espoir à la jeunesse, en luttant contre le décrochage scolaire, aider les jeunes dans leur scolarité en favorisant la formation dans les écoles de devoir, puis aussi à travers l’organisation des activités sportives et scolaires », affirme-t-elle.

Cette jeune candidate soutient  que les politiques en faveur de la jeunesse leurs fournissent une certaine discipline, une ouverture d’esprit. «  l’aide aux jeunes leur évite un décrochage scolaire, cela empêche qu’ils ne sombrent dans la délinquance » précise-t-elle.

Quand on demande à Sabine Simbi pourquoi elle a choisi d’intégrer les démocrates-chrétiens flamands (CD&V), alors qu’une grande partie des Belges d’origine étrangère intègre et vote pour les partis francophones, elle affirme que le CD&V est un parti qui défend les valeurs dans lesquelles elle se retrouve, ces différentes valeurs étant entre autres « unir, soigner,  renforcer et voir loin » .

Les candidats d’origine étrangère, véritables candidats ou simples « attrapes-voix »?

En Belgique, au cours de chaque scrutin, la plupart des candidats d’origines étrangères sont souvent perçus comme des « attrapes-voix ».  Néanmoins, les deux candidats d’origine rwandaise interviewés par Jambonews réfutent jouer le rôle d’ »attrapes-voix », et affirment défendre de vrais projets politiques.

«  Moi je ne me sens pas comme une attrape-voix  parce que j’ai rejoint le CD&V il y a un an et demi,  en novembre 2012. Ils m’ont intégrée, ils m’ont fait confiance, je fais partie des différents organes du parti, notamment le bureau de CD&V à Anderlecht. Je fais aussi partie du comité de Bruxelles-Capitale », déclare Sabine qui affirme être toujours entourée. « Même au long de cette campagne, ils me donnent un coup de pousse dans le sens où je ne fais pas la campagne toute seule, je suis vraiment entourée. Par exemple, je fais ma campagne avec deux autres membres du bureau CD&V de Bruxelles, en la personne de Walter Vandenbossche qui est député et conseiller communal, et aussi vice-président du Parlement de Bruxelles, et il y a aussi Anne Mertens, qui est conseillère communale ici à Anderlecht », témoigne-t-elle.

Richard Ishema  nous précise quant à lui qu’ »un attrape-voix  » s’identifie par son engagement. « Si quelqu’un va directement sur la liste sans avoir à passer par le militantisme, oui ça peut être un attrape-voix », affirme Richard qui souligne qu’au cours d’une élection, il y a des gens à des places stratégique, et des gens  à des places de soutien. « Quand tu figures sur une place de soutien, tu apportes un soutien au parti de par le nombre des voix  que tu peux amener notamment, mais il ne faut pas voir ça de manière négative parce qu’évidement tout le monde ne peut pas figurer sur la liste des candidats à une place stratégique. Moi je ne suis pas du tout à une place stratégique, mais à une place de soutien, mais je fais la campagne comme tout le monde en donnant le maximum, je fais la campagne comme si j’étais en place stratégique, c’est aussi ça être militant, il ne faut pas seulement avoir une bonne place », rappelle –t-il.

« J’ai eu des fonctions dans le parti, j’ai été mandataire politique, j’ai siégé au comité d’une société de logements sociaux de Saint-Josse, j’ai été co-secrétaire local d’Ecolo à Saint-Josse. Il y a quelque part un engagement militant, ce n’est pas seulement figurer sur une liste de candidats » continue-t-il.

Quel électorat pour les candidats d’origine rwandaise ? Le communautarisme ?

Si certains candidats d’origine africaine jouent ouvertement la carte communautaire, Simbi et Ishema avouent que ce n’est pas le cas en ce qui les concerne. Ils affirment que pour eux,  les intérêts purement politiques prennent le pas sur l’aspect communautaire, même s’ils se sont rapprochés et discutent beaucoup avec la diaspora rwandaise. « C’est normal aussi que les gens se retournent vers leurs communautés parce que c’est peut-être là qu’ils ont plus d’appuis » souligne Richard.  D’ailleurs Simbi a organisé un meeting de campagne ce dimanche 11 mai à Bruxelles, au cours duquel elle a présenté son parti à la communauté rwandaise.

Les Belges d’origine rwandaise butent-ils sur la politique belge ?

Si le nombre des candidats d’origines étrangères notamment hors Union Européenne connaît une hausse significative, le nombre des Belges d’origine rwandaise sur les listes électorales reste minime, par rapport aux candidats d’origine congolaise par exemple, bien que les citoyens belges d’origine rwandaise représentent une grande communauté en Belgique.

En sillonnant les grandes villes de la Belgique, on voit à tous les coins de  rues des affiches de candidats d’origine africaine, et par leurs noms on devine plus ou moins facilement leurs pays d’origine. Si on reconnait en grande partie les noms guinéens et congolais pour ne citer qu’eux, les noms à consonance rwandaise sont très rares, voire inexistants. Cela laisserait supposer que les Belges d’origine rwandaise butent sur la politique de leur pays d’adoption. Cela est d’autant vrai quand on voit comment ces derniers s’impliquent plus vivement dans la politique de leur pays d’origine à travers des manifestations, création des partis politiques, des conférences, des échanges sur les forums, etc.

Ainsi, à travers cette expérience de l’intégration, c’est aussi la question identitaire qui est sous-jacente, celle des appartenances.

Jean Mitari

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