Le conseil des ministres rwandais de ce 9 septembre a nommé quatre nouveaux ambassadeurs dont Olivier Nduhungirehe qui a hérité de l’ambassade du Rwanda en Belgique, ancienne puissance coloniale.
L’ambassade du Rwanda à Bruxelles est l’une des plus importantes en raison du grand nombre de personnes d’origine rwandaise y résidant, le passé colonial qui plaça le Rwanda sous la tutelle belge ainsi que le fait que l’ambassadeur a dans ses attributions la représentation du Rwanda auprès de l’Union européenne. C’est notamment en Belgique que se trouve la plus importante diaspora rwandaise hors Afrique ainsi que la principale opposition hors Rwanda au régime du FPR, en place depuis le 4 juillet 1994.
Juriste de formation et diplomate de carrière, le nouvel ambassadeur est le fils de Jean Chrysostome Nduhungirehe, qui fut ministre sous la deuxième république de Juvénal Habyarimana.
Olivier Nduhungirehe a la double nationalité Belgo-Rwandaise pour avoir vécu en Belgique d’abord comme réfugié politique avant d’obtenir sa deuxième nationalité. Il a fait ses études universitaires à Louvain-la-Neuve en Belgique. C’est quelques années après la fin de ses études qu’il rentra au Rwanda et commença sa carrière de fonctionnaire qui l’amena à être le numéro deux de la représentation rwandaise auprès de l’ONU, à New York. Au-delà de sa carrière diplomatique, c’est surtout au travers des réseaux sociaux qu’Olivier Nduhungirehe s’est fait connaître. Diplomate hyper connecté, il scrute en permanence les critiques formulées en ligne contre le régime de Kigali pour les contrer par des arguments de fond, de forme ou parfois par des attaques personnelles. En quelques années, Olivier Nduhungirehe, qui publie sous le pseudonyme Théoneste Rwemalika sur « DHR », l’un des principaux forum de discussion en ligne rwandais, s’est fait la réputation d’un homme prêt à toutes les attaques pour contrer les critiques du régime, au point d’être considéré comme le principal guerrier 2.0 du FPR.
Sa défense inconditionnelle du régime de Kigali surprend souvent ses adversaires d’opinion, qui ne comprennent pas toujours sa passion pour le FPR malgré l’expérience douloureuse endurée par sa famille durant le génocide rwandais. Olivier a en effet perdu son petit frère Janvier Jean Cyriaque Nduhungirehe, tué à l’âge de 17 ans le 15 avril 1994 par un soldat du FPR nommé Gatabazi devant leur habitation de Kicukiro à Kigali. Mais Olivier Nduhungirehe reste froid à tout argument traitant le FPR de criminel et préfère en adopter la stratégie en accusant régulièrement ses opposants de négationnisme, d’idéologie génocidaire, de terrorisme, ou encore de divisionnisme.
Olivier Nduhungirehe succèdera à Robert Masozera, et la stratégie poursuivie par Paul Kagame en le nommant à la tête de l’Ambassade du Rwanda à Bruxelles inquiète. Nduhungirehe, qui incarne une politique de va-t-en-guerre, pourra-t-il adopter une posture de diplomate et rechercher une solution de dialogue dans un cadre apaisé ? Le temps le dira.
Le conseil du 9 septembre a également nommé Karitanyi Yamina pour l’ambassade du Rwanda en Grande Bretagne, Hope Tumukunde en Ethiopie et Alfred Kalisa en Angola. La représentation du Rwanda dans ces pays est stratégique dans la politique internationale du pays, la Grande Bretagne étant le premier allié du Rwanda en Europe ; l’Ethiopie une puissance régionale et continentale alliée du Rwanda et hébergeant le siège de l’Union africaine ; et l’Angola également une puissance régionale et continentale avec laquelle Kigali fait des efforts de rapprochement afin de contrebalancer l’influence de l’Afrique du Sud et de la Tanzanie dans la politique de la région des Grands Lacs, notamment en ce qui concerne la République Démocratique du Congo.
Pacifique Habimana
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