«L’ intervention group », un groupe aux airs de milice, piloté par l’ambassade du Rwanda à Bruxelles a entre autres l’objectif de « Déstabiliser les activités, actions et projets de l’opposition politique » rwandaise comme le révélait hier Jambonews dans l’article « Les activités obscures de l’ambassade du Rwanda à Bruxelles ». Ce groupe n’hésite pas à agresser physiquement les acteurs de l’opposition ou de la société civile rwandaise sur le sol européen. Ce 18 juin 2019, en marge d’une nouvelle manifestation contre la dictature du pouvoir en place à Kigali, trois manifestants ont été agressés. Retour sur ces évènements.
Le 18 juin 2019, Bruxelles a été le théâtre d’une journée mouvementée pour la communauté rwandaise. Le président rwandais Paul Kagame était attendu pour participer aux Journées Européennes Du Développement qui ont lieu ces 18 et 19 juin. En parallèle le R.D.I du Premier Ministre Faustin Twagiramungu annonçait son ralliement à la plateforme M.R.C.D. De plus deux manifestations étaient organisées en marge de la visite du Président rwandais, la première pour soutenir Paul Kagame, organisée par la « Diaspora Rwandaise de Belgique » et la seconde pour dénoncer les violations de droits de l’Homme au Rwanda, la culture de l’impunité et dénoncer la dictature imposée par le FPR de Paul Kagame, organisée par La plateforme Politique « P5 ».
Cette plateforme regroupe cinq partis politiques d’opposition. La plupart des présidents des partis de la plateforme vivent au Rwanda et sont des anciens ou des actuels prisonniers politiques rwandais. Bernard Ntaganda, président du PS-Imberakuri, a purgé quatre ans de prison, Victoire Ingabire Umuhoza, présidente des FDU-Inkingi, a purgé huit ans de prison, et Deo Mushayidi, le président du parti PDP, purge une peine d’emprisonnement à perpétuité.
La première manifestation pour soutenir la dictature s’est déroulée dans le calme et au terme de celle-ci, l’Ambassade du Rwanda à Bruxelles a remercié les participants par une fête somptueuse organisée en son sein.
Pour la seconde manifestation, trois manifestants en ont fait les frais. Cela a commencé par la tentative d’agression d’un des responsables de la jeunesse au sein des FDU. Ce dernier revenait de la conférence de presse organisée par la plateforme M.R.C.D. et se rendait à la manifestation.
« Sur le chemin, une voiture s’est arrêtée à sa hauteur, 2 individus sont sortis de la voiture et l’ont pris en chasse. Il a couru pour leur échapper et a changé de trottoir en direction d’ouvriers qui déchargeaient un camion non loin de là. Lorsque les agresseurs l’ont vu demander de l’aide, ils se sont sauvés pour aller changer de voiture et revenir guetter son retour. Le manifestant les a remarqués et est retourné sur ses pas alerter la police, qui n’a pas pu les retrouver » raconte le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (le CLIIR).
Deux taximen, qui manifestaient, avaient garé leurs taxis à 500m de l’avenue du Port, le lieu où se déroulait la manifestation. Toujours selon le CLIIR : « Les agresseurs sont revenus à pied en empruntant le trottoir boisé et ont cassés deux taxis voitures leur appartenant. Une de deux voitures a eu son pare-brise cassé, tandis que l’autre a eu sa lunette arrière et la vitre latérale à l’arrière côté droit cassées. ». Une personne qui avait assisté à la scène avait relevé la plaque de l’immatriculation de la voiture des agresseurs. Les personnes agressées ont porté plainte auprès de la police belge et la plaque d’immatriculation a été communiquée. Ce n’est pas la première fois, que des ressortissant rwandais, membres de l’opposition ou de la société civile rwandaise sont agressés sur le sol européen.
La communauté rwandaise en vient à se demander si la culture d’impunité dont bénéfice les autorités rwandaises a migré en Europe, notamment en Belgique et si ces actes d’agressions sont possibles en plein cœur de l’Europe, que subissent les Rwandais à l’intérieur du pays ?