Au cours de la nuit du 17 au 18 septembre 2019, Sylvestre Mudacumura, commandant des Forces armées combattantes, la branche militaire des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) a été abattu, annoncent les FARDC sur leur compte Twitter.
« La neutralisation de Sylvestre Mudacumura est une bonne nouvelle pour l’armée congolaise car il était à la tête de la branche radicale des FDLR qui s’est opposée au rapatriement volontaire au Rwanda. Sa neutralisation est un signal fort pour les autres rebelles » a déclaré Léon-Richard Kasonga, porte-parole de l’armée congolaise dans des propos retranscrits sur le compte Twitter officiel des FARDC.
Toutefois, selon des informations parvenues à Jambonews, rapportées également par la journaliste allemande Simone Schlindwein, le Général Mudacumura aurait été tué lors d’une opération conjointe menée par les Forces Spéciales Rwandaises (RDF) et les FARDC. Celui-ci a été abattu portant un des uniformes militaires de l’armée rwandaise, probablement parmi ceux dérobés lors d’une opération des FDLR à Busesamana en décembre 2018.
Sous mandat d’arrêt délivré par la CPI le 13 juillet 2002 qui le soupçonne d’avoir une responsabilité dans des crimes de guerre commis « entre le 20 janvier 2009 et à la fin du mois de septembre 2010 dans le cadre du conflit dans les Kivus », Sylvestre Mudacumura s’éteint à l’âge de 65 ans.
Sylvestre Mudacumura est né à Gatumba, préfecture de Gisenyi au Rwanda en 1954.
Il a fréquenté l’école primaire à Gatumba et le Petit Séminaire de Nyundo à Gisenyi pour ses études secondaires. Il faisait partie de la 16ème promotion de l’Ecole Supérieure Militaire (ESM) et en est sorti avec le grade de sous-lieutenant. Il s’est ensuite rendu en Allemagne pour poursuivre ses études et est revenu avec le grade de capitaine. De retour au Rwanda, il est incorporé à la Garde présidentielle et devient l’un des officiers chargés de la sécurité du Président Habyarimana. Plus tard, il devient le S3 (responsable des opérations) du bataillon de la Garde présidentielle. Durant la guerre ayant opposé au début des années 90 les Forces Armées Rwandaises de l’époque (FAR) à la rébellion du Front Patriotique Rwandais (FPR-APR), il était commandant du 31ème bataillon (bataillon de Rutare), qui avait sa base à Rutare et faisait partie du secteur opérationnel de Byumba.
En juillet 1994, suite à la défaite des FAR et au passage de l’ex-armée rwandaise au Zaïre, il a occupé le poste de G4 (Responsable logistique au sein de l’Etat-Major), commandant du bataillon Alpha et commandant de l’Ecole Supérieure Militaire au sein des FAR en exil.
Avec d’autres anciens FAR, il combattra aux côtés des troupes de Sassou Nguesso et, à partir de mars 1999, aux côtés des troupes congolaises de Laurent-Désiré Kabila contre les troupes du FPR-APR lors de la deuxième guerre du Congo.
Nommé Chef d’Etat-Major de l’Armée de libération du Rwanda (ALIR, ancêtre des FLDR) en 2000, il sera ensuite nommé commandant en chef des FDLR en 2003 après la défection du Général Paul Rwarakabije.
Dans un communiqué du 18 septembre 2019, Victor Byiringiro, le Président des FDLR a demandé « à chacun, en particulier à la famille du défunt de rester fort » tout en réaffirmant sa volonté « de poursuivre la bataille jusqu’à la victoire promise ».
La disparition de l’un des piliers de la création des FDLR est un coup dur porté à l’organisation car le Général Sylvestre Mudacumura représentait une autorité morale et une figure respectée au sein du mouvement.
De la même génération que certains des officiers fondateurs ex-FAR tels que le Colonel Tharcisse Renzaho, le Géneral Paul Rwarakabije, le Colonel Aloys Ntiwiragabo ou encore le Lieutenant-Colonel Leonard Nkundiye, sa disparition tourne une page et en ouvre une autre au sein de la rébellion armée.
Néanmoins, d’un point opérationnel et logistique, l’impact de la disparition du Général Mudacumura devrait être limité dans la mesure où depuis de nombreuses années, ce dernier ne faisait plus partie des principaux décideurs.
Depuis la défection en 2013 du CNRD qui a emporté une partie des troupes situées au Sud-Kivu et au Masisi, l’influence du Général Mudacumura s’était en effet largement amoindrie. Agé de 65 ans et affaibli par les années dans les forêts congolaises, il avait conservé ses fonctions de Commandant en chef des FDLR-FOCA beaucoup plus pour son ancienneté que par l’influence qu’il exerçait au sein du mouvement.
Jambonews
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