Un an vient de s’écouler sans trace de l’opposant politique Boniface Twagirimana, vice-président du parti FDU Inkingi. Disparu depuis le 8 octobre 2018, alors qu’il venait d’être transféré dans la prison de haute sécurité de Mpanga au sud du pays,il est à craindre que le numéro deux du parti de Victoire Ingabire, ait été enlevé de sa cellule, avant d’être assassiné.
Boniface Twagirimana fut interpellé en septembre 2017,dans le cadre d’une vaste répression après les élections présidentielles d’août 2017,jugées calamiteuses par nombreux observateurs internationaux et partis d’opposition. Boniface Twagirimana avait lui-même qualifié le scrutin de 2017 de « simulacre d’élection » visant à asseoir la légitimité du général Paul Kagame aux yeux de la communauté internationale.
En s’engageant dans l’opposition au Rwanda, Twagirimana connaissait le risque qu’il encourait. Dans une interview qu’il a accordée à Jambonews en avril 2017, le responsable adjoint des FDU-Inkingi avait notamment déclaré ceci : « Être membre de l’opposition dans ce pays c’est comme perdre sa citoyenneté. Toutes les forces publiques, que ce soit la police, l’armée ou les services administratifs, se chargent de vous persécuter et vous pourrir la vie. Ils commencent par vous faire renvoyer de votre travail, que vous soyez employé dans le public ou le privé. Le système tel qu’il est conçu ne permet à personne d’adhérer à un autre parti que le FPR ».
Avant sa disparition, le vice-président des FDU-Inkingi avait été inculpé, en même temps que plusieurs autres membres de son parti, d’atteinte à la sécurité de l’État. Au cours du procès de ces derniers, le 18 juillet 2019 devant le tribunal de Nyanza au sud du Rwanda, certains présentaient des marques de tortures sur leurs corps, d’après les déclarations de leur avocat, cité par la BBC, ainsi qu’un partisan des FDU ayant assisté au procès « les membres des FDU ont été torturés« .
Durant leurs interrogatoires, les partisans des FDU se seraient vu proposer deux options par leurs tortionnaires : « Avouer les crimes qui leur sont reprochés ou mourir». La plupart a opté pour la première option afin de sauver leurs vies.
Il est alors probable queBoniface Twagirimana ait été tué pour avoir refusé d’endosser les fausses charges portées contre lui, ou qu’il ait succombé des suites de tortures et de mauvais traitements. Sa femme et mère de leurs deux jeunes enfants ne croit pas en tout cas en la version des autorités selon laquelle son mari se serait échappé.
La disparition de Twagirimana s’ajoute à une longue série de meurtres, de disparitions forcées, d’arrestations d’opposants politiques, le dernier en date étant l’assassinat deSyridion Dusabumuremyi, coordinateur national des FDU Inkingi. Celui-ci a été sauvagement poignardé le 23 septembre 2019 au centre de santé de Shyogwe, son lieu de travail, dans le district de Muhanga au centre du Rwanda.
Jean Mitari
Jambonews.net
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