Abaryankuna, l’Alliance rwandaise pour le pacte national, est un rassemblement de jeunes Rwandais, qui ont l’objectif commun d’éradiquer les ressentiments enracinés chez les Rwandais en utilisant la méthode « Ryankuna ». Ryankuna est un homme qui aurait vécu au 15ème siècle au Rwanda. Il avait refusé de voir le Rwanda déchiré par 11 ans[1] de conflit se détruire, en formant un mouvement « Abaryankuna » dont la méthode était fondée sur la contribution aussi petite soit-elle de chacun en fonction de ses moyens et disponibilité en vue d’obtenir le changement désiré. Le mouvement a été découvert par les Rwandais à l’occasion du procès du journaliste Phocas Ndayizera, membre du mouvement. Jambonews s’est intéressé à ce mouvement pour ses lecteurs.
2010-2011 : La naissance du mouvement « Abatangana »
C’est fin 2018 que le mouvement Abaryankuna a commencé à être connu par les Rwandais. Comme nous vous l’apprenions dans l’article sur le procès de Phocas Ndayizera, c’est Cassien Ntamuhanga, aujourd’hui coordinateur du mouvement qui l’a vulgarisé au micro de Tharcisse Semana[2].
L’histoire du mouvement a commencé dans les années 2010-2011 au Rwanda. A l’époque bien que la Constitution rwandaise votée en 2003 ait abrogé la carte d’identité ethnique, prohibé toute discrimination basée sur l’ethnie, et interdit aux formations politiques de se réclamer d’une ethnie particulière, la société rwandaise post-génocide est marquée par une multitude de divisions. Notamment entre les Rwandais qui vivaient au Rwanda avant 1994 et ceux qui avaient fui le pays en 1959, dans les années 1960 ou encore en 1973. Parmi cette dernière catégorie, des distinctions entre les Rwandais qui avaient fui vers l’Ouganda, le Burundi ou encore la République démocratique du Congo (RDC). Parmi les Rwandais qui vivaient au Rwanda avant 1994, les rescapés du génocide perpétré contre les Tutsi et les autres. Parmi ces autres, ceux qui avaient été refugiés en RDC et ceux qui sont restés au Rwanda.
Confrontée à ces divisions, en 2010, la jeunesse universitaire commence à se poser des questions sur leurs conséquences à long terme et comment les éradiquer durablement de la société rwandaise. Pour ce faire, elle décortique les gouvernances du pays en partant du roi Mutara II (1850) en passant par les gouvernances de Grégoire Kayibanda et Juvénal Habyarimana, jusqu’à Paul Kagame, l’actuel président. Le constat a été que toutes les gouvernances avaient contribué à la division des Rwandais au lieu de les réconcilier, et que Paul Kagame en particulier, en créant un fossé entre les Rwandais, avait douché tout espoir de réconciliation alors même qu’il portait particulièrement cet espoir dans la mesure où il savait jusqu’où les divisions pouvaient mener les Rwandais. Les jeunes se sont alors organisés de manière officieuse et ont mis sur pied en 2013 le mouvement « New Generation for Revolution – Abatangana (ceux qui n’ont pas la haine) ».
Le mouvement était composé de jeunes issus de toutes les couches de la société rwandaise, notamment des écrivains comme Gerard Niyomugabo, des journalistes comme Cassien Ntamuhanga et d’autres jeunes aux métiers divers. Leur objectif était d’échanger les idées pour trouver une solution de paix durable pour le Rwanda. Ils sont parvenus à la conclusion qu’une «révolution sociale pour éradiquer les ressentiments entre les Rwandais – Impinduramatwara Gacanzigo » était nécessaire. Le mouvement se voulait le plus inclusif possible, le fait d’être rescapé, de telle ou telle ethnie, « enfant d’Interahamwe » ou « enfant d’Inkotanyi », le pays de naissance ou le fait d’avoir été réfugié étaient des critères qui n’étaient pas pris en compte. Ce qui était important était de partager la vision du mouvement, à savoir la nécessité d’impulser un changement sociétal et de gouvernance pour mettre fin définitivement aux rancÅ“urs entre les Rwandais. Les Abatangana illustraient la réconciliation par l’image d’un enfant d’un militaire du FPR qui établit de bonnes relations avec un enfant né dans les forêts du Congo dont le père est un soldat des FDLR. Pour eux, « il n’y a pas de bon tueur, on ne peut pas d’un côté blanchir ceux du FPR qui ont commis les crimes de masse et de l’autre côté diaboliser les génocidaires, les deux ont fait du tort à la famille rwandaise », explique Ntamuhanga à Semana.Â
La montée en puissance du mouvement
Entre 2013 et 2014 le mouvement va agir dans l’ombre. Gérard Niyomugabo, célèbre écrivain rwandais dont la philosophie était d’encourager les Rwandais à revenir aux valeurs traditionnelles, celles avant la colonisation, était actif pour conscientiser les Rwandais. « Ses émissions sur la radio Contact FM sont très suivies et attirent les foules », confie Cassien Ntamuganga à Semana. Au fil des émissions il était devenu presqu’un conférencier : « A la fin des émissions il donnait rendez-vous à ses fans dans le jardin de l’hôtel les Pyrènes (situé à Gihogwe, Kigali) et les gens accouraient des quatre coins du Rwanda pour l’écouter. ». Avec le temps les émissions vont prendre une tournure de critique de ce qui n’allait pas au Rwanda sans toutefois pointer du doigt les autorités. « Nous disions ce qui n’allait pas et les gens déduisaient qui en était le responsable », raconte Cassien Ntamuhanga.
Parmi les nombreux propos tenus par Gérard Niyomugabo dans le cadre de ces émissions, celui-ci[3] prononcé peu après que des députés se soient plaints de leur salaire bas en comparaison des pays alentours, illustre une partie de sa philosophie : « Ce qui m’attriste c’est qu’une partie des députés ont des idées que ne devrait avoir aucun Rwandais, les députés ont dit être ceux de la sous-région à avoir le salaire le plus bas. Tu ne devrais pas demander ton augmentation sur la base de ce que les parlementaires ougandais, tanzaniens perçoivent alors que tu es Rwandais, tu devrais te baser sur la capacité de ton peuple. « Ndi Umunyarwanda – Je suis Rwandais » veut dire que toutes décisions sont prises par les Rwandais et pour les Rwandais », une proposition de ce que pour lui aurait dû être le programme « Ndi Umunyarwanda » (‘Je suis Rwandais’), un virage dangereux emprunté par le FPR en 2013, dont la base disait que chaque Hutu devrait demander pardon aux Tutsi au motif que le génocide perpétré contre les Tutsi aurait été commis au nom de tous les Hutu.
Le chanteur Kizito Mihigo qui était rentré d’Europe où il avait vécu quelques années, avait créé la Fondation Kizito Mihigo pour la Paix en 2010, une ONG rwandaise Å“uvrant pour la Paix et la Réconciliation. Il animait aussi l’émission hebdomadaire Umusanzu w’umuhanzi (la contribution de l’artiste) diffusée à la radio et à la télévision nationales, dans laquelle Gérard Niyomugabo était parfois invité pour débattre dans différents panels. A l’issue des débats, les deux artistes aimaient à discuter de sujets divers, notamment de la nécessité de réconcilier les Rwandais. Dans cette optique, Kizito Mihigo publiait le 4 mars 2014 sa chanson intitulée Igisobanuro cy’urupfu (Requiem réconciliateur) dans laquelle il appelait les Rwandais à commémorer toutes les victimes et non pas seulement les victimes du génocide perpétré contre les Tutsi, toutes les victimes rwandaises sans discrimination. C’est cette chanson qui attirera l’attention du FPR sur le mouvement. Un mois après, Kizito Mihigo, Gérard Niyomugabo et Cassien Ntamuhanga seront portés disparus. Ce n’est qu’une dizaine de jours plus tard que la police rwandaise, qui avait pourtant nié tout lien avec les disparitions, avoue détenir Mihigo et Ntamuhanga et les exhibe menottés devant les journalistes, sans donner d’information sur le sort de Gérard Niyomugabo.
Avril 2014 : Les arrestations
3 avril 2014, l’arrestation de Gerard Niyomugabo
Gérard Niyomugabo n’a plus été vu depuis le 3 avril 2014. C’est son grand frère Herman Nsengimana, aujourd’hui porte-parole de la rébellion FLN qui opérerait dans la forêt Nyungwe, qui donnera de ses nouvelles en mai 2018. A l’occasion d’une interview au journal The Rwandan[4] où il annonce avoir rejoint la rébellion, Nsengimana raconte ce qui est arrivé à son petit frère : le 2 avril 2014, Gérard Niyomugabo rencontre un ami qui l’aide à publier ses livres ; ils doivent se voir fréquemment en vue de la prochaine sortie de son dernier livre, prévue le 6 avril. A la fin de la réunion ils se donnent rendez-vous le lendemain, mais Gerard ne se présentera jamais au lieu de la rencontre. Son ami l’appelle sans succès avant d’aller jusqu’à son domicile, pour y trouver porte close. Tous ceux qui essaient ensuite d’appeler Gerard Niyomugabo ne parviendront jamais à le joindre. A la place le numéro de Gérard Niyomugabo semble être utilisé pour envoyer des messages écrits à ses contacts, Nsengimana raconte que l’entourage de Gerard Niyomugabo n’a pas pu savoir qui a utilisé son téléphone mais soupçonne la police rwandaise. Le 6 avril des amis de Gerard Niyomugabo se rendent au lieu prévu pour la publication du livre mais ne le trouvent pas. Ils contactent alors son frère Herman Nsengimana qui leur explique ne pas avoir de nouvelles non plus. Inquiets, Nsengimana et les amis de Niyomugabo vont alors signaler sa disparition à la police, au bureau de Remera à proximité du domicile de Niyomugabo. Le lendemain, ils appellent la police pour d’éventuelles mises à jour mais se font invectiver par un policier. C’est dépité que Herman Nsengimana se rend alors auprès de leur famille à Nyanza, dans le district de Huye (anciennement Butare) pour leur annoncer que Gerard Niyomugabo est porté disparu.
6 avril 2014, l’arrestation de Kizito Mihigo
Kizito Mihigo a été arrêté par la police rwandaise le 6 avril 2014. C’est seulement sous pression de la presse locale et internationale que la police finit par avouer le 14 avril qu’elle le détient, soit près de deux semaines après sa disparation, avant de le parader devant les médias pour sa « confession ». Jambonews a couvert la chronologie de l’affaire Kizito MIhigo.
7 avril 2014, l’arrestation de Cassien Ntamuhanga
Cassien Ntamuhanga, directeur de la radio chrétienne rwandaise Amazing Grace, a été arrêté le 7 avril 2014. Pour son arrestation la police rwandaise a appliqué le même modus operandi que pour Kizito Mihigo. Elle le détient d’abord en secret avant de céder à la pression de la presse locale et internationale près d’une semaine après son arrestation. Lui aussi est paradé devant la presse le même jour que Kizito Mihigo. Comme nous le mentionnions dans l’article sur Phocas Ndayizera, Cassien Ntamuhanga a témoigné du chantage émotionnel dont Kizito et lui avaient fait l’objet et de la mise en scène de leur présentation devant la presse. Co-accusé de Kizito Mihigo pour complot contre l’Etat rwandais entre autres, il avait écopé de 25 ans de réclusion criminelle. Il a réussi à s’évader de la prison de Mpanga le 31 octobre 2017 avant de s’exiler à l’étranger.
Ntamuhanga a révélé les coulisses de son arrestation au micro de Tharcisse Semana : « Le 07 avril, je rentrais du travail et une fois chez moi mes frères semblaient découragés. C’était le début des cérémonies de commémoration du génocide. J’ai décidé de sortir, et en temps normal je sortais avec un de mes frères mais ce soir-là comme ils étaient tous effondrés, je suis sorti seul, je me suis rendu au stade Amahoro pour participer à la cérémonie de commémoration. Il y avait un grand embouteillage, je suis arrivé après l’arrivée du président de la République et donc les portes étaient fermées. J’ai alors décidé d’aller rendre visite à un ami qui habitait dans les environs. Tout d’un coup Gerard Niyomugabo m’a appelé, il m’a dit avoir besoin de moi urgemment. Je lui ai dit que j’allais voir un ami et que je passerais chez lui après. Après la visite, je me suis dirigé chez Niyomugabo et arrivé à Kimihurura, je l’ai appelé pour savoir si je pouvais passer. Il m’a dit de venir et de me garer à un bar qui était proche de chez lui, il allait m’y retrouver. Sur le coup je n’ai pas fait attention au fait que Niyomugabo ne buvait pas et que de toutes les façons le 7 avril les bars étaient fermés. Je suis arrivé et je me suis garé. Il y avait deux voitures de chez Gacinya [centre de détention du service de renseignement de la police à Kigali, ndlr], ce sont des pick-ups avec des vitres teintées et fermées ou parfois sans plaque. N’ayant rien à me reprocher, je ne me suis pas inquiété et j’ai appelé Gerard. Tout d’un coup j’ai vu quatre voitures sortir de l’allée qui venait de chez Gerard et elles ont encerclé ma voiture. Des hommes ont commencé à sortir des voitures et l’un deux est entré dans ma voiture et a pris mes clés. Je reconnaissais une partie des hommes, ils étaient policiers mais en tenue civil, leur chef était Justin Rukara, connu pour avoir persécuté beaucoup de gens à Kigali. Ils m’ont dit qu’ils avaient une petite chose à me demander sur mon travail, si je voulais les suivre dans leurs voitures. Ils m’ont conduit chez Gacinya et pendant une heure tour à tour un des policiers s’asseyait à côté de moi et sortait. Au bout d’une heure j’ai leur fait remarquer que j’avais du travail et que j’attendais leur question. Un des policiers est parti demander et est revenu avec des menottes. C’était le début du chemin de croix. »
Cassien Ntamuhanga a expliqué avoir vu l’ordinateur et le téléphone portable de Gérard Niyomugabo dans la salle d’interrogatoire du centre de détention où il était.
La répression jusqu’aux frères de Ntamuhanga et de Niyomugabo
Comme si arrêter Gerard Niyomugabo et Cassien Ntamuhanga n’avait pas suffi, le régime du FPR s’en est pris à leurs familles. Herman Nsengimana a ainsi confié que quelques jours après la disparition de Niyomugabo les militaires sont allés à leur foyer familial à Butare, mais arrivés près de là ils ont demandé le chemin à un paysan qui a pensé que la venue des militaires était un mauvais présage pour cette famille et leur a répondu qu’il ne la connaissait pas. Il a lors emprunté un autre chemin pour aller avertir les membres de la famille qu’ils étaient recherchés. Nsengimana, ses deux frères et d’autres jeunes gens qui étaient chez eux sont allés se cacher dans la forêt. Des personnes ont ensuite rassemblé de l’argent pour les faire sortir du Rwanda. Les militaires ont commencé à surveiller le domicile familial au point que leur maman, par crainte, a également fini par s’exiler.
En 2017, après que Cassien Ntamuhanga se soit échappé de prison, les militaires sont revenus au domicile familial de Gerard Niyomugabo, ils ont kidnappé son grand frère qui était resté au Rwanda, son cousin germain et son oncle. Herman Nsengimana raconte que la famille a fini par savoir que les trois avaient été détenus dans une prison à Kigali, dans laquelle son oncle est resté enfermé pendant un mois avant d’être libéré, tandis que son frère et son cousin ont fini par être transférés à la prison haute sécurité de Mpanga. Nsengimana a fini par apprendre que c’était Justin Rukara et ses policiers, qui avaient arrêté Gerard Niyomugabo et qui gardaient l’ordinateur de son frère au centre de détention qu’il nomme « la boucherie de Gacinya ». C’est toute cette injustice qui a conduit Herman Nsengimana à rejoindre la rébellion du FLN : « Je ne pouvais plus laisser faire, les bras croisés. »
Pour les proches de Cassien Ntamuhanga, le 4 octobre 2016 les services de renseignement rwandais ont kidnappé ses trois jeunes frères : Fikil Jimmy Ngabo, Joel Mutuyimana et Moses Ngabonziza, et leur sort demeure inconnu à ce jour. Plus récemment, c’est le cousin de Ntamuhanga, Jean Felix Iriboneye[5], 28 ans, qui a été retrouvé étranglé le 13 novembre 2019. Il commerçait des unités de recharge mobile ou de transfert d’argent devant l’université du Rwanda de Huye. Il a été porté disparu pendant deux jours avant que son corps sans vie ne soit retrouvé. La dernière fois qu’il a été vu, il se rendait à l’hôpital universitaire de Huye. Selon Cassien Ntamuhanga toutefois, le meurtre de son cousin n’aurait pas de lien avec lui dans la mesure où cela faisait dix ans qu’ils ne s’étaient pas parlés. En revanche il n’a pas de doute sur le cas de son ami Albert Higiro, qui vivait avec lui et qui avait suivi de près son procès. Higiro vient de passer 5 mois en prison.
Le 3 avril 2014, au moment de son arrestation, Gerard Niyomugabo était le point de publier un livre « Gatebe gatoki hagati ya gahutu gatutsi mu Rwanda – ‘renversement sans fin entre Hutu et Tutsi[6]», un manifeste rassemblant les idées révolutionnaires du mouvement lorsque ses leaders notoires ont été arrêtés. Cela a porté un coup dur au mouvement Abatangana. Les autorités rwandaises ont cru que c’était la fin du mouvement.
2018 : La renaissance
Toujours au micro de Tharcisse Semana, Ntamuhanga a confié qu’une fois en liberté, avec ses amis, ils ont commencé à reparler du mouvement et ont décidé de se réorganiser. Le mouvement a changé de nom pour devenir « RANP- Abaryankuna » (Rwandan Alliance for The National Pact – Alliance rwandaise pour le pacte national). L’objectif principal du mouvement est de changer la gouvernance du Rwanda, soustraire le pouvoir rwandais confisqué par un seul homme et le redonner à tous les Rwandais.
Les objectifs spécifiques sont de changer les méthodes de gouvernance / changer la ligne politique ; éradiquer les rancœurs chez les Rwandais ; conscientiser les Rwandais sur les causes racines de la problématique rwandaise, réunir tous les Rwandais, qu’ils vivent au Rwanda ou à l’étranger, supprimer tout ce qui peut les séparer : les ethnies, les fautes politiques du passé, les mauvaises compréhensions qui ont été utilisées par les hommes politiques pour leurs intérêts propres et non pour l’intérêt commun de tous les Rwandais ; et supprimer tout ce qui peut faire qu’un Rwandais se voie différemment d’un autre.
Interrogé sur l’utilisation de la force, Ntamuhanga a fait remarquer que le Rwanda n’est pas en manque de ceux qui utilisent la force mais manque plutôt d’hommes avec des idées constructives. « Notre objectif est de nous mettre au milieu des belligérants pour obliger celui au pouvoir à éradiquer les ressentiments entre les Rwandais. » Pour lui le problème peut se gérer en trois étapes : analyser le problème objectivement (sans prendre parti pour un côté ou pour un autre), demander pardon, octroyer le pardon et à la fin la réconciliation.
Sur l’adhésion de Phocas Ndayizera et ses 12 co-accusés au mouvement, Ntamuhanga a expliqué que « Phocas Ndayizera est une personne qui a été éprouvée sur un plan individuel, ce que les autorités rwandaises lui ont fait n’est pas racontable, il fait partie de ceux qui souhaitaient un changement de gouvernance… Au Rwanda nous avons beaucoup de jeunes qui adhèrent au mouvement, s’ils veulent les mettre en prison, il serait impossible de tous les enfermer car les prisons du Rwanda n’ont pas la capacité de les contenir tous. Le FPR amène la jeunesse dans les Ingando (un programme aux allures d’entrainement militaire où le FPR forme la jeunesse rwandaise à son idéologie et à sa propagande, ndlr) en espérant laver les cerveaux des jeunes, mais si tu prends des jeunes intelligents et les amène dans un Ingando pour raconter l’histoire à ton avantage alors que les jeunes savent que leurs parents sont en prison, que leurs parents ont été tués, que leurs familles leur ont dit qui a tué les leurs, les jeunes vont t’écouter en silence et ils repartiront en se disant, nous te connaissons, nous continuons notre chemin…. Nous ne sommes pas des soldats, il y a suffisamment de soldats au Rwanda, mais si un jour c’est nécessaire, la jeunesse se lèvera pour rejoindre le front. »
[1] Jambonews reviendra sur ce conflit et les Abaryankuna de l’époque dans un article séparé
[2] https://youtu.be/HXyAfr7g-k8
[3] https://youtu.be/Ph8bJE7zf3I
[4] https://youtu.be/RNnDjPnQeAM
[6] Gatebe gotoki est une expression rwandaise qui veut dire que les temps changent, celui en haut aujourd’hui pourrait être en bas demain et vice versa.
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