En date du 20 mai 2020, les Burundais sont invités à se rendre aux urnes pour élire un nouveau président.
Ce ne sera pourtant pas la première fois que le Burundi aura connu un changement de président suite à des élections démocratiques, mais la dernière transition a connu un dénouement tragique. Melchior Ndadaye, le tout premier président élu démocratiquement en 1993, aussi le premier président Hutu à diriger le Burundi, fut assassiné quelques mois seulement après son élection replongeant aussitôt le Burundi dans les violences ethniques. La communauté internationale, face à cette violation des droits humains et démocratiques, brilla par un silence de plomb. Cette violation eut pourtant des répercussions démocratiques tragiques dans la région des grands lacs d’Afrique et principalement au Burundi.
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Céder le pouvoir, une promesse tenue
Partant des accords de paix d’Arusha, Nkurunziza, le président sortant, estimait qu’il avait droit à deux mandats électoraux et que son mandat au sortir des négociations ne faisait pas partie du comptage. L’opposition a protesté contre ce qu’elle estimait être une volonté du président de se maintenir indéfiniment aux pouvoir. A l’époque, plusieurs pays occidentaux, la Belgique en tête, n’ont pas cru non plus en la bonne foi d’un dernier mandat et ont activement aidé au renforcement de l’opposition qui a organisé plusieurs campagnes de protestations aux quatre coins du pays.
Ces protestations ont même conduit à une tentative de coup d’Etat en mai 2015. suivie d’une vaste campagne de répression contre les voix dissidentes.
Le 27 Avril 2020, 5 ans jour pour jour après le début de la précédente crise, a marqué le début de la nouvelle campagne électorale. Sept candidats, dont deux indépendants, sont en lice. Evaritse Ndayishimye, dauphin du président Nkurunziza et candidat du parti CNDD-FDD, et Agathon Rwasa, représentant du Conseil national pour la liberté (CNL), partent grands favoris.
Des défis de poids pour le futur président élu
L’insécurité provoquée par la situation sécuritaire catastrophique que connaissait le Burundi au lendemain des accords de paix, avec de nombreuses armes en circulation à travers le pays ; l’état d’urgence provoqué également par des opérations subversives comme la libération de prisonniers par la force, alourdi également par une tentative de coup d’Etat manquée et par une nouvelle rébellion au Congo appuyée par le Rwanda voisin, ont poussé l’Etat burundais à mettre en place des mesures de sécurité extrêmement rigoureuses. Dans ces actions, plusieurs violations ont été rapportées plusieurs fois par des associations de défense des droits de l’Homme, notamment Human Rights Watch.
La cessation de l’état d’urgence dans lequel vit le Burundi depuis plusieurs années est un des grands défis que le prochain président devra relever. Cela pourrait permettre aux derniers réfugiés burundais de regagner leur pays.
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Les observateurs attendent également la réaction des pays occidentaux et des pays régionaux comme le Rwanda envers le nouveau pouvoir. L’hostilité ouverte et résolue de certains de ces pays sous la présidence de Nkurunziza ont eu des effets néfastes sur la sécurité, la réconciliation des Burundais et l’économie du pays. Les observateurs attendent également la réaction du nouveau pouvoir envers les politiciens burundais actuellement en exil pour des comportements jugés subversifs par le pouvoir actuel.
Investir dans la jeunesse, une autre promesse tenue !
Comme promis aux jeunes burundais lors du forum de la Jeunesse, tenu à GITEGA en 2016, le président Nkurunziza a tenu à marquer son empreinte dans le soutien aux jeunes en inaugurant une nouvelle banque d’investissement pour les jeunes (BIJE), une semaine avant le lancement de la campagne électorale.
Cette banque, à un capital social de 10 milliards de Fbu, a pour ambition l’auto-développement et la réduction du chômage chez les jeunes, qui au Burundi représentent 66% de la population totale.
Le Burundi est à l’aube d’un grand tournant dans son histoire, un début de l’instauration de la passation démocratique du pouvoir. Le nouveau président élu aura une tâche difficile pour faire passer le Burundi à la vitesse supérieure dans plusieurs domaines, et la réaction de pays externes aura son importance dans la facilitation ou la complication de cette tâche.
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