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Trois femmes lauréates du prix « Victoire Ingabire Umuhoza pour la Démocratie et la Paix » 2021

Trois femmes lauréates du prix « Victoire Ingabire Umuhoza pour la Démocratie et la Paix » 2021

Pour la dixième fois consécutive, le Réseau International des Femmes pour la Démocratie et la Paix (RIFDP) a décerné le Prix Victoire Ingabire Umuhoza pour la Démocratie et la Paix ce 19 juin 2021. Trois femmes, deux rwandaises et une japonaise, ont été choisies par le jury présidé par Marie Roger Biloa pour êtres lauréates de l’édition 2021. Cette édition qui s’est déroulée en ligne en raison des mesures sanitaires liées au COVID-19, a réuni plusieurs personnalités, dont les lauréats des éditions précédentes.

Le prix Victoire Ingabire Umuhoza pour la Démocratie et la Paix  a été créé à l’occasion de la centième journée internationale de la femme en mars 2011 à Montréal  par le Réseau International des Femmes pour la Démocratie et la Paix, en hommage à Madame Victoire Ingabire Umuhoza, l’opposante rwandaise, qui s’est distinguée « dans sa démarche pacifique et démocratique de résolution de conflits ». Il est attribué chaque année à l’occasion de la Journée internationale de la Femme, pour « honorer toute personne ou organisation qui pose des gestes significatifs  et courageux en faveur de la  démocratie et de la paix dans la Région des Grands Lacs africains ».

Les lauréats de l’édition 2021 sont trois femmes : Espérance Mukashema ; Masako Yonekawa et Marie Béatrice Umutesi, les trois se sont démarquées dans le cadre de la lutte pour la démocratie et la paix en Afrique des Grands Lacs, notamment dans les domaines de la promotion de la démocratie, la paix, la liberté d’expression et le respect des droits de l’homme, ainsi que dans la défense des réfugiés.

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Espérance Mukashema, est la directrice et animatrice de la Radio Ubumwe. Rescapée du génocide contre les Tutsis qui a emporté son mari en avril 1994. Elle a assisté impuissamment au massacre de Gakurazo au centre du Rwanda le 05 mai 1994, massacre dans lequel  Richard Sheja, son fils aîné de 8 ans fut assassiné en compagnie de plusieurs  religieux dont trois évêques catholiques. Madame Mukashema refuse depuis de garder le silence sur ces méfaits et a notamment livré son témoignage sur ces massacres dans un livre intitulé « They killed an Angel, my first born son Richard Sheja » (Bishe Umumalayika Imfura Yajye Richard Sheja) dans les Éditions la Pagaie.

Depuis qu’elle a fui sa terre natale en 2000, elle n’a cessé de dénoncer les crimes perpétrés par le régime au pouvoir au Rwanda, elle continue de réclamer la justice pour son fils, qui, a-t-elle déclaré lors de la cérémonie, est « le moteur de sa lutte pour un Rwanda réconcilié ». Elle se bat aussi pour que la justice soit rendue pour d’autres victimes des conflits dans la région des Grands Lacs. Son action ouvre la voie à la réconciliation et la paix éventuelles, d’où sa nomination pour le prix Victoire Ingabire.  «  ce prix (,,,) est une occasion de plus pour faire le plaidoyer en faveur de la lutte pour la paix, la justice, la réconciliation nationale et la démocratie » a -t elle encore souligné dans son discours au cours de remise des prix.

Cérémonie de remise du Prix Victoire Ingabire Umuhoza pour la Démocratie et la Paix. Edition 2021. – YouTube

Masako Yonekawa : Professeur à l’Université Tsukuba Gakuin. Co-représentante de l’ASBL japonaise RITA-Congo, chercheuse sur les questions des réfugiés, la paix et les conflits dans la région des Grands Lacs en Afrique. Elle est l’auteur du livre intitulé « Post-Genocide Rwandan Refugees. Why They Refuse to Return ‘Home (Pourquoi les réfugiés rwandais ne veulent pas rentrer dans leur pays), dans lequel elle expose le calvaire des réfugiés rwandais abandonnés à leur sort par la communauté internationale, « personne sur terre ne devrait quitter sa maison contre son gré. Comme vous le savez tous, la région des Grands Lacs est un paradis magnifique, qui souhaite l’abandonner pour aller vivre ailleurs ? » a t’elle souligné dans son mot de remerciement tout en continuant à dénoncer les crimes graves commis au Rwanda et en République démocratique du Congo.

Marie Béatrice Umutesi: Rescapée des massacres de réfugiés hutus au Zaïre (1996-97), Marie Béatrice Umutesi est réfugiée en Belgique. Licenciée en sociologie, elle est l’auteure de « Fuir ou mourir au Zaïre.

Le vécu d’une réfugiée rwandaise » (2000), un ouvrage dans lequel elle témoignage sur son parcours durant ses quatre années de fuite dans des conditions de vie très difficiles, en mettant l’accent sur le sentiment d’abandon face au désengagement de la communauté internationale. « Je voudrais dédier ce prix au peuple congolais qui souffre depuis 1994 des agressions répétitives des pays voisins, principalement du Rwanda. (,,,)  Je dédie également ce prix, aux Congolais, qui de Bukavu à Kinshasa, m’ont accueillie, logée, nourrie et soignée sans me connaître, faisant ainsi preuve d’humanité malgré la situation de précarité dans laquelle la guerre les avait précipités. Je dédie ce prix aux amis, belges, congolais, allemands, hollandais qui m’ont aidé à sortir du Congo et à arriver saine et sauve en Belgique », a-t-elle souligné dans son discours de remise de prix.

Le RIFDP est une organisation des femmes déterminées à promouvoir la démocratie et la paix en Afrique, et plus particulièrement dans la Région des Grands Lacs. C’est pour rendre hommage à Madame Victoire Ingabire Umuhoza que ce prix pour la Démocratie et la Paix a été créé. Lors de la première édition, le prix a été décerné à Déogratias Mushayidi qui purge une peine de prison à perpétuité dans les geôles Rwandaises. Rescapé du génocide des tutsi au Rwanda en 1994, il a été emprisonné pour son engagement politique pour la paix et la démocratie. C’est dans ce cadre que Mushayidi fut le premier à être honoré « pour son intégrité et sa persévérance dans la lutte pour la liberté et la démocratie au Rwanda. D’autres personnalités militant pour la paix, la vérité, la réconciliation et la démocratie en Afrique tout particulièrement en région des Grands Lacs, se sont vus décernées ce prix depuis sa création : Déo Mushayidi et le couple De Beule-Syoen (2012);  Colonel Luc Marchal  et  Monsieur Sylvestre Bwira (2013); Ann Garrison et Pere Sampol i Mas (2014) ;  Judi Rever (2015) ;   Anneke Verbraeken , Patrick Mbeko et Fred Holt (2016) ; Anjan Sundaram, David Himbara et Alain de Brouwer ( 2017) ; Charles Onana et Mr Phil Taylor ( 2018), Abbé Jean-Pierre Mbelu, Abraham Kiplangat Mutai et Robin Philpot (2019) ; Feu Kizito Mihigo (à titre posthume), Hervé Cheuzeville, Prof. Allan C. Stam et Christian Davenport  (2020).

Jean Mitari
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