Le dernier rapport mid-term du Groupe d’Experts des Nations Unies sur la République Démocratique du Congo (RDC), attendu pour janvier, révèle des preuves accablantes de l’implication directe de l’armée rwandaise (RDF) dans le conflit en RDC, initiée par l’organisation terroriste M23. Ce rapport qui circule depuis quelques jours dans les milieux proches du pouvoir de Kigali a pu être consulté par Jambonews en avant-première grâce à une source diplomatique rwandaise. Il s’ajoute à un corpus de preuves accumulées depuis 2022, établissant clairement les liens entre les RDF et le Mouvement du 23 Mars (M23).
Cette publication survient dans un contexte où le Rwanda a déjà été fortement suspecté de soutenir le M23, un fait documenté par un précédent rapport de l’ONU publié en juin 2023. De plus, la RDC a répété à plusieurs reprises les accusations d’implication rwandaise, notamment dans ses « Livres Blancs sur les crimes du M23 », édités en décembre 2022 et septembre 2023.
Le rapport mid-term corrobore ces allégations antérieures, affirmant que « le Groupe d’Experts a recueilli des preuves supplémentaires d’interventions directes et de renforcements de troupes par les RDF sur le territoire de la RDC« . Ces confirmations, émanant de sources indépendantes, discréditent les déclarations officielles du gouvernement rwandais qui continue de nier toute implication dans ce conflit meurtrier
Le document indique également que, entre mai et juin 2023, le M23 a été formé à l’Académie Militaire des RDF à Gako, Rwanda. Des images aériennes et photographiques attestent des interventions et renforcements de troupes des RDF en territoire congolais, notamment dans les territoires de Masisi et Rutshuru.
Selon le rapport, dès octobre 2023, des soldats des RDF issus de cinq bataillons différents ont été déployés dans les territoires de Nyiragongo, Rutshuru et Masisi. Ces forces comprenaient environ 250 anciens rebelles rwandais, initialement démobilisés puis réintégrés en RDC pour combattre. Cette révélation remet en question l’efficacité des programmes de démobilisation et de réintégration financés par l’ONU et des partenaires bilatéraux du Rwanda, puisque ces mêmes rebelles ont ensuite été remobilisés par le régime rwandais dans le cadre de son programme visant à maintenir une instabilité chronique à l’Est de la RDC.
Le rapport mentionne aussi que plusieurs dizaines de membres des RDF ont été blessés ou tués dans des embuscades par des groupes armés dans le Parc National des Virunga et suite à des bombardements de leurs positions par les FARDC.
Dans ce contexte, les États-Unis ont joué un rôle croissant, notamment en négociant un cessez-le-feu toujours officiellement en vigueur, bien que régulièrement violé par le M23.
En outre, les sanctions des États-Unis contre le Rwanda pour le recrutement d’enfants soldats en soutien au M23 mettent en lumière la gravité des violations des droits humains. Le rapport de l’ONU confirme ces accusations et expose les tactiques alarmantes des RDF et de leurs alliés.
Le rapport de juin 2023 de l’ONU avait déjà entraîné d’importantes sanctions internationales, visant spécifiquement le Général Andrew Nyamvumba de la RDF et le Capitaine Jean-Pierre Niragire, alias Gasasira, pour leur rôle dans le conflit.
Ce rapport met en relief la complexité de la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs. L’implication des forces rwandaises en RDC constitue une violation de la souveraineté nationale congolaise et soulève des questions sur les motivations réelles du Rwanda dans ce conflit. Alors que les processus de Nairobi et la feuille de route de Luanda semblent au point mort, ce rapport fournit à la communauté internationale des éléments suffisants pour contraindre le Rwanda, par des sanctions diplomatiques, économiques ou des actions militaires, afin de mettre fin au soutien à l’agression par le M23 que subit le peuple congolais depuis près de deux ans.
Prudence Nsengumukiza
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