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RDC : Il y a 15 ans l’AFDL marchait sur Kinshasa

RDC : Il y a 15 ans l’AFDL marchait sur Kinshasa

17 mai 1997- 17 mai 2012, il y a exactement quinze ans jour pour jour, l’AFDL (Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo) chassait Mobutu du pouvoir. La prise de Kinshasa restera en ce jour un événement historique que d’aucuns qualifient de  « fin de règne du Maréchal Mobutu » président du Zaïre durant 32 ans (1965-1997).

Kabila passant ses troupes en revue

Kabila passant ses troupes en revue


Samedi 17 mai 1997 tôt le matin, Kinshasa, une ville cosmopolite avec ses millions d’habitants jubile l’entrée dans la capitale congolaise des Kadogos (enfants soldats) conduits sous la houlette du chef rebelle Laurent Désiré Kabila. Scènes de liesses et des applaudissements des populations en l’honneur des  nouveaux  seigneurs de la ville sont observés dans plusieurs communes. Le 17 mai 1997, sans s’en  rendre compte de ce qui adviendra, les Kinois visiblement marqués par la réjouissance d’une guerre ratée fêteront toute la journée. Ainsi, l’apocalypse tant attendue n’aura pas lieu. Plus de peur que de mal. Kinshasa est tombée très facilement et sans résistance de la DSP (Division Spéciale Présidentielle), les hommes de Mobutu. Rappelons que dans la nuit du 16 mai au 17 mai, le Général Donatien Mahele Lieko Bokungu, un proche collaborateur  de l’ex-président du Zaïre  fut sauvagement assassiné par les militaires de la garde présidentielle. Autrefois surnommé « le Tigre » pour son autoritarisme et son  charisme au sein des FAZ (Forces Armées Zaïroises), le Général Mahele fut considéré par ses pairs comme « Judas d’Iscariote »  à l’aube de la chronique d’une défaite cuisante de sa troupe devant l’AFDL.
Entre-temps, le Maréchal Mobutu qui a quitté le pays bien avant le 16 mai s’est exilé à Rabat au Maroc où il mourut le 5 septembre de la même année. L’Homme qui ne se voyait pas mourir à l’exil sera enterré loin de sa partie. Mobutu comme il aimait bien se faire appeler Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Zabanga (le coq qui chante victoire, le Roi lion qui va  de conquêtes en conquêtes sans que l’on puisse l’arrêter) était donc  mortel comme tous les autres.
Par ailleurs, la  prise de Kinshasa par la coalition burundo-rwando-ougandaise  sous le couvert de l’AFDL marque la fin de l’ère mobutienne certes mais aussi le début d’un long conflit armé qui coûtera la vie à des millions de victimes et de nombreuses populations civiles en payeront le lourd tribut. En 1998,  Laurent Désiré Kabila qui s’était proclamé président un an plus tôt, décide de se séparer de ses alliés Burundais, Rwandais et Ougandais. Cette situation d’antagonisme  mettra le pays  à feu et à sang jusqu’à l’assassinat de Kabila en janvier 2001.
Arrivé au pouvoir à la suite de l’assassinat crapuleux de son père, Joseph Kabila Kabange était porteur d’un grand espoir pour l’avenir du Congo.  Tous les regards furent braqués sur ce jeune politicien sans expérience à priori. Toutefois, en dépit d’efforts apparents déployés par Kabila Fils pour la réconciliation nationale notamment avec l’accord de paix de Sun City qui a abouti à la transition politique (2003-2006) autrement dit schéma « 1+4 » ainsi que la tenue des élections (2006 et 2011) qui furent toutefois entachées de graves irrégularités, la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée à l’Est du Congo. En effet, cette partie du pays est restée un véritable talon d’Achille.  Joseph Kabila n’a guère endossé le costume de chef d’une nation frappée par les conflits armés. De Jules Mutebwisi en passant par Laurent Nkunda Batware Mihigo pour finir par Bosco Ntaganda, la tragédie épisodique des guerres congolaises a vu de nombreux personnages se succéder sur scène et cela sous un regard passif des autorités congolaises incapables de restaurer paix et sécurité sur le territoire du pays.
Aujourd’hui, 15 ans plus tard, des femmes continuent à être violées, notamment à l’Est, des civils continuent à mourir et, par milliers, des paysans continuent à quitter leurs domiciles pour fuir les affrontements. Le Zaïre a été libéré d’une dictature, pour être plongé dans un enfer.
Mathy Mati
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