A l’initiative de l’association « Un euro peut sauver une vie au Congo » plusieurs personnes, en grande partie les membres de la diaspora congolaise en Belgique, ont manifesté vendredi dernier devant l’ambassade du Rwanda à Bruxelles. Ils dénonçaient la guerre qui sévit actuellement au Nord et au Sud Kivu, le soutien que le Rwanda apporte aux groupes rebelles qui se battent contre le gouvernement de Kinshasa ainsi que les crimes contre l’humanité qui continuent d’être perpétrés contre la population sous le silence de la Communauté internationale.
Ils étaient plusieurs dizaines de personnes à manifester vendredi le 15 juin devant l’ambassade du Rwanda à Woluwe Saint Pierre. Les manifestants ne cachaient pas leur indignation et leur colère face à l’horreur infligée aux populations de l’Est du Congo. À l’aide de mégaphones et d’un micro baladeur, les manifestants ont lancé leurs messages en direction des membres de l’ambassade du Rwanda, confinés à l’intérieur du bâtiment, sous bonne protection policière. Ces manifestants disaient que la République Démocratique du Congo continue d’être victime depuis 1994, d’une guerre qui ne la concerne pas, enclenchée suite à l’attentat contre l’ancien président Rwandais Juvénal Habyarimana, perpétré en avril 1994.
Ces manifestants dénonçaient le régime de Kigali à sa tête, le général Paul Kagame qui afficherait selon eux « des visées expansionnistes sur des provinces congolaises, et la convoitise de différentes richesses de la RD Congo ». Avec pour conséquences des guerres à répétitions qui finissent en drames humanitaires comme des viols en série, des millions de déplacés, des millions de morts, etc.
Ces manifestants dénonçaient également l’infiltration à tous les niveaux du pouvoir au Congo par des Rwandais, Tutsis en grande partie. Deux manifestantes ont dévoilé une liste d’une vingtaine de généraux congolais d’origine tutsie, qui constitueraient selon leurs dires, des « véritables chevaux de Troie dans l’armée congolaise depuis la chute de Mobutu ».
Les manifestants ont aussi lancé des propos souvent incendiaires lors de cette manifestation contre les Rwandais en général, et les Rwandais d’ethnie tutsie en particulier. Ces propos n’ont pas laissé indifférente l’ASBL Jambo, une association basée à Bruxelles qui milite pour le respect des droits de l’Homme dans la Région des Grands Lacs.
En effet, dans son communiqué du 18 juin 2012 condamnant les violences imposées au peuple congolais, par le régime militaire en place au Rwanda, Jambo ASBL a dénoncé les amalgames faits entre ce régime et la population du Rwanda. Elle a condamné également les «propos haineux » à l’encontre du peuple rwandais et particulièrement l’ethnie Tutsie.
Dans ce communiqué, Jambo ASBL a tenu à apporter son soutien indéfectible au peuple congolais dans la guerre que lui impose le Front Patriotique Rwandais (FPR), un groupe politico-militaire et criminel, au pouvoir au Rwanda et a exprimé toute sa tristesse devant une telle désolation humaine qui dure depuis près de vingt-ans.
L’Association a toutefois invité les Congolais à ne pas confondre en aucun cas, le FPR ou n’importe quelle autre organisation politico-militaire sévissant à l’Est du Congo qui organisent et commettent des crimes de guerre voire des crimes de génocide, à un peuple, le peuple rwandais, ni à une ethnie, en particulier celle des Tutsis.
L’association fait savoir que les généraux Laurent Nkundabatware et Bosco Ntaganda qui ont commandé et commandent les rebellions créées au Rwanda pour déstabiliser, piller voir nettoyer ethniquement l’Est du Congo sont des officiers du FPR, et rappelle au peuple congolais, et tout particulièrement les victimes directes de la guerre dans cette région, que le peuple rwandais, toutes ethnies confondues, est aussi victime de cette association criminelle.
Le communiqué de Jambo ASBL a appelé à la conscience des peuples congolais et rwandais. L’association appelle les Congolais, en particulier les organisations de défense des droits de l’Homme des deux pays, à venir travailler main dans la main pour mettre fin à ces violences qui ont commencé au Rwanda en 1990 et se perpétuent au Congo où des millions de morts et de femmes violées et des victimes d’autres crimes restent à ce jour des victimes oubliées de cette tragédie sans Justice.
Enfin, Jambo ASBL a exhorté le peuple rwandais à défendre son honneur et à ne pas laisser le FPR jouer son avenir dans ses entreprises criminelles. « Il est impératif que tous les Rwandais se lèvent et mettent fin au calvaire que nos voisins Congolais subissent », a notamment lancé l’association.
Jean Mitari