Ce dimanche 14 octobre, les belges se rendront aux urnes afin d’élire leurs nouveaux conseillers qui les représenteront dans leurs communes au cours des 6 prochaines années. Phénomène nouveau et en croissance, marquant une intégration de plus de en plus réussie, de plus en plus de jeunes d’origine rwandaise, passent le cap d’électeurs à candidats.
Jambonews a interviewé quatre d’entre eux qui se présentent aux quatre coins de Bruxelles.
Marius Ndolimana, 30ème candidat sur la liste CDH à Bruxelles-Ville
Marius Ndolimana, 30ème candidat sur la liste CDH(Centre démocrate humaniste) à la ville de Bruxelles explique ce phénomène par le fait qu’en tant qu’immigrés, se présenter aux élections «est une manière de montrer qu’on n’est pas là pour profiter du système, une manière de montrer qu’on existe, qu’ on est une richesse à part entière et qu’ on a envie de contribuer à cette société ».
L’un de ses objectifs est de « montrer une autre image des jeunes d’origine étrangère loin des bandes urbaines, montrer qu’on a notre mot à dire, qu’on a envie de participer à la construction de la société et par là donner une image positive de jeunes issus de l’immigration.»
Il estime que le vécu d’immigré qui comprend la traversée de choses difficiles, « forge notre caractère et nous donne des idées pour proposer des solutions aux problèmes que rencontrent les citoyens. C’est ce parcours qui nous donne envie d’aider les autres parce qu’on est passé par là, l’étudiant, l’immigré qui arrive ici, les logements précaires,… »
Parmi ses priorités, Marius épingle la jeunesse et notamment l’emploi des jeunes, car Bruxelles-Ville présente un grand taux de chômage de plus ou moins 30% « alors que beaucoup de métiers cherchent des travailleurs mais l’orientation professionnelle et la communication sur les emplois disponibles ne sont pas bonnes. »
Baignant dans le milieu associatif, Marius a comme autre priorité le soutien du tissu associatif au niveau communal : « la commune devrait mettre à disposition ses locaux durant le week-end tout comme les écoles ayant des infrastructures sportives. ». Il souhaite également une amélioration « de la transmission de l’information pour les associations, car pour une association à l’heure actuelle, avoir des subsides est un véritable parcours du combattant. »
Eugénie Twizerimana, 7ème sur la liste GMH à Watermael-Boitsfort
Eugénie Twizerimana, 7ème candidate et 2ème femme sur la liste GMH, groupe politique dans la commune de Watermael-Boitsfort, raconte pour sa part s’être engagée en politique car « maintenant », elle se sent prête. « J’ai fini mes études, je me sens plus apte à m’engager au niveau de la commune dans laquelle je vis ».
Elle explique que le fait d’être jeune d’origine étrangère, n’a pas du tout joué car « je me suis toujours intéressée à l’éducation à la citoyenneté et à l’éducation permanente, j’étais engagée dans tout ce qui est associations éducatives ».
Ella ajoute avoir un attachement particulier à la culture notamment la culture rwandaise « je fais partie d’un groupe de danse traditionnelle rwandais, ma motivation à prendre part à ce genre de groupe est qu’ils permettent de prendre conscience qu’on a une culture derrière qui a forgé notre personnalité, on ne peut pas savoir où l’on va si on ne sait d’où l’on vient ».
C’est aussi une manière, ajoute-t-elle, « de participer à la promotion des valeurs d’une société, d’abord connaitre d’où je viens et ensuite m’engager dans le pays dans lequel, j’ai grandi, dans lequel je travaille, dans lequel je vis ».
Sa motivation à s’engager au niveau communal est qu’il s’agit « du pouvoir le plus proche des citoyens, un moyen de changer les choses à petite échelle, améliorer le confort quotidien des citoyens par des petites actions concrètes comme avoir des trottoirs bien aménagés. »
Elle estime que Watermael-Boitsfort a aussi un problème de vieillissement de la population : « c’est la commune la plus vieillissante au niveau de Bruxelles, au moment où les autres communes se rajeunissent, nous on vieillit, on veut donc attirer des jeunes notamment par la construction de logements moyens. »
En bref, nous résume-t-elle, ses priorités sont « le travail, la solidarité intergénérationnelle, la favorisation de la diversité et de la mixité sociale et la valorisation des richesses culturelles qui sont dans la commune.»
Richard Ishema, 12ème, liste d’ECOLO à Saint-Josse-Ten-Noode
Quant à Richard Ishema, qui se présente à Saint-Josse-Ten-Noode sous la bannière d’ECOLO à la 12ème place, il explique s’être présenté, « pour s’investir un peu plus dans la commune, car il y avait pas mal de défis à relever ». « Je suis sympathisant ECOLO depuis la fin de mes études et j’ai pris la décision de m’investir d’avantage dans la résolution des problèmes de la commune et porter le projet écolo à st-Josse. »
Ses priorités sont liées« à des thématiques, de l’emploi à Saint-Josse-Ten-Noode, l’une des communes les plus pauvres avec un taux de chômage important chez les jeunes. Le défi est de dynamiser la politique en matière d’emploi et encourager les entreprises établies à st-Josse à recruter et entreprendre des projets dans notre commune»
Il tient également à la cohésion sociale qui représente à ses yeux pas mal de défis : « l’objectif est de faire en sorte que tous les habitants puissent se sentir à l’aise dans la commune et créer des liens plus étroits entre les différentes communautés, avec l’objectif d’améliorer la qualité de vie ».
Comme autre chantier prioritaire sur lequel il compte travailler, Richard évoque le logement : « on retrouve pas mal de logements abandonnés dans la commune, les autorités communales doivent mener une politique active contre ce phénomène, en sanctionnant les propriétaires qui laissent des logements vides par exemple ».
Christian Sebanyambo, 34ème liste MR à Molenbeek-Saint-Jean
Christian Sebanyambo se présente pour sa part sur la liste MR à Molenbeek-Saint-Jean, en 34ème position. Cela fait longtemps que la politique suscite son intérêt : « Je suis très intéressé par la politique depuis longtemps, même au Rwanda je m’y intéressais déjà ».
«Quand je suis arrivé ici, j’ai beaucoup suivi l’actualité, les débats politiques et c’est en 2008 que j’ai pris la décisio, d’entrer dans un parti politique. Ça m’a fait plaisir, de voir que dès mes premiers pas, beaucoup de jeunes africains et surtout rwandais me soutenaient. »
Interrogé sur ses priorités pour la commune de Molenbeek-Saint-Jean, Christian évoque la sécurité et la propreté dans la commune. A côté de ces deux priorités, il explique avoir un attachement pour la question de l’éducation : « l’objectif est de mettre plus d’énergie, plus de force, dans l’éducation des jeunes ».
De manière plus générale, il encourage les jeunes d’origine rwandaise à s’investir dans les prochaines élections.
« Ce serait une excellente chose qu’il y ait plus de jeunes rwandais qui s’investissent vraiment, que de plus en plus s’investissent dans la politique belge et européenne car on a beaucoup à y apprendre.
« Au-delà des défis qu’on relève c’est une manière d’apprendre et voir comment ça se passe ici, comment ça marche, pour un jour, aller implémenter ce système démocratique au Rwanda. » Cependant, a-t-il conclu, « cela ne veut pas dire que c’est juste un passage nous faisons dans la politique belge, mais, on n’oublie pas d’où on vient et il y a cette possibilité qu’un jour on aille implémenter ce système démocratique dans notre pays d’origine.»
Ruhumuza Mbonyumutwa
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