Suite au rapport intermédiaire de l’ONU suggérant que le Rwanda soutient le groupe rebelle M23, la décision du Ministre Britannique du développement international d’accorder £8 million d’aide financière au Rwanda a essuyé bon nombre de critiques.
Le jeudi 8 novembre, l’ancien Ministre du développement international, Andrew Mitchell, a dû faire face à des critiques et des accusations devant la commission parlementaire sur le développement international où il a affirmé qu’il restait fidèle à sa décision d’accorder £8 millions d’aide pour le Rwanda. Quelques heures après cette audition parlementaire, il a dû démissionner de ses fonctions de chef de groupe au parlement. Les £8 millions d’aide financière faisaient partie d’un budget de 16 millions. La somme avait été bloquée suite au rapport intermédiaire de l’ONU qui suggérait que le Rwanda soutenait les rebelles du M23 actifs dans le pays voisin, la République Démocratique du Congo (RDC).
Le M23 est composé d’anciens membres du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP). Ils sont accusés de commettre des crimes contre les civils tels que viols, meurtres et enlèvements. La Haute Commissaire des Nations Unies des droits de l’homme, Navi Pillay, a décrit les leaders du M23 comme figurant parmi les auteurs des pires violations des droits de l’homme en RDC, et même dans le monde”. Parmi ces leaders figure le Géneral Bosco Ntaganda qui est recherché par la Cour Pénale Internationale (CPI).
Human Rights Watch est d’avis que les rebelles du M23 reçoivent directement de l’aide du Rwanda via le déploiement de militaires au Congo. Toutefois, le ministre rwandais de la défense –James Kabarebe, nie l’existence de toute aide de la part du Rwanda au profit du M23. Il conteste également toute probabilité que l’armée rwandaise qui est si disciplinée puisse avoir en son sein, des éléments incontrôlés qui apporteraient de l’aide au M23.
Le rapport intermédiaire de l’ONU a conduit le Royaume-Uni ainsi que bon nombre de pays européens tels que l’Allemagne et les Pays-Bas de t suspendre leurs aides financières au Rwanda. Toutefois, malgré les allégations du rapport intermédiaire, le gouvernement anglais a décidé de reprendre l’aide financière au Rwanda sous trois conditions précises. En effet, après une visite au Rwanda, Mitchell a fait un rapport où il a dit qu’il sentait que le Rwanda était très engagé dans le processus de la paix et que l’aide financière pour le Rwanda devrait reprendre.
Le Royaume- Uni est le plus grand donateur du Rwanda. Un paramètre que Mitchell a utilisé pour défendre sa décision (une décision suspecte au regard de sa nature précipitée). Plus loin, Mitchell a dit que suspendre l’aide financière ne ferait que ralentir le développement du Rwanda, un développement qui entre autre est assez impressionnant. Concernant les allégations que le gouvernement rwandais apporterait de l’aide au M23, Mitchell a précisé qu’il n’était pas le mieux placé pour commenter la politique rwandaise. Par la suite Mitchell a ajouté que la suspension de l’aide financière n’aurait aucun impact sur l’élite à Kigali mais que par contre, cette suspension aurait pour effet, dans les autres régions du Rwanda, l’arrêt de la scolarité pour les filles. Ce commentaire est qualifié de cynique par les groupes qui voient le gouvernement rwandais comme étant l’allié de ceux qui violent des jeunes filles dans l’Est de la RDC.
la décision de Mitchell a fait l’objet d’intenses critiques, notamment de la part de groupes protecteurs des droits de l’homme tels que Human Rights Watch qui ne voit pas en quoi le gouvernement rwandais est fort engagé dans le processus de paix, surtout que jusqu’à présent, il n’a toujours pas condamné les actions du M23.
Traduit par Doreen Uwineza
Version originale anglaise par Rosine Uwineza
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