Le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) a condamné Augustin Bizimungu, ex-chef d’état-major de l’armée rwandaise, à trente ans de réclusion pour son implication directe et sa responsabilité hiérarchique dans le génocide de 1994 au Rwanda.
Bizimungu était jugé dans le procès dit « Militaire II » qui est celui d’une partie de la haute hiérarchie militaire du Rwanda à l’époque où se commettait sur le territoire rwandais les plus abominables crimes que le pays ait connu dont le génocide contre les Tutsi. C’est un procès important car les ex-chefs d’état-major de l’armée et de la gendarmerie y comparaissaient aux côtés du commandant et d’un chef d’escadron du bataillon de reconnaissance, une unité d’élite.
Les deux généraux ont été reconnus comme étant coupables de crimes commis par leurs subordonnés pendant le génocide de 1994.
Le tribunal a par ailleurs aussi condamné à vingt ans de prison deux autres accusés, le major François-Xavier Nzuwonemeye et le capitaine Innocent Sagahutu, pour leur implication directe dans l’assassinat de la Première ministre Agathe Uwilingiyimana et de dix Casques bleus belges, le 7 avril. La juridiction a estimé que les deux hommes avaient « ordonné » à une unité blindée d’aller tuer Mme Uwilingiyimana et, pour ce qui concerne les soldats belges, qu’ils n’avaient pris aucune mesure pour punir les éléments de leur bataillon ayant participé à la mise à mort des soldats belges. Leurs avocats ont annoncé leur intention de faire appel. Pour rappel, le 5 juillet 2007 le major Bernard Ntuyahaga a été condamné par la justice belge à 20 de prison pour l’assassinat des casques bleus belges. La confrontation de ces dossiers serait intéressante pour tout intéressé.
Quant aux deux ex-chefs d’état-major, les juges ont établi une distinction entre les deux. La chambre présidée par le juge sri-lankais Joseph Asoka de Silva a pris en compte les circonstances atténuantes du général Ndindiliyimana, qui n’avait qu' »une autorité limitée sur la gendarmerie » après le 6 avril 1994 et a souligné que l’accusé était opposé aux massacres et soutenait une résolution pacifique du conflit rwandais.
Par contre, pour ce qui concerne le général Bizimungu, porté à la tête de l’armée le 16 avril 1994, le tribunal a souligné qu’il n’avait pas pris de mesures pour prévenir les crimes perpétrés par ses subordonnés. Au titre de son implication directe, le tribunal a conclu qu’il avait prononcé un discours incitant aux massacres des Tutsi le 7 avril 1994 dans la commune de Mukingo (préfecture de Ruhengeri, nord du Rwanda). Sa défense a fait savoir qu’elle allait interjeter l’appel.
Kigali a salué ce verdict, jugeant toutefois que la condamnation de l’ex-chef de la gendarmerie ne correspondait pas aux « attentes de beaucoup sur le terrain ». Grégoire Karekezi Jambonews.net