Même si le fait est passé presque inaperçu, le Rwanda et son régime politique se sont invités dans la campagne électorale sénégalaise pour le deuxième tour quand, pendant un débat à la chaine nationale, le ministre de la santé du Président Wade a invité son interlocuteur de l’opposition à ne pas prendre l’autoritarisme de Paul Kagame pour un leadership.
C’est de façon très étrange que le Rwanda a été mis à l’honneur en pleine campagne sénégalaise pour le deuxième tour qui opposait le Président sortant Wade et son ancien premier ministre Macky Sall. En effet, le 14 mars dernier, Modou Diagne Fada, le ministre de la Santé et de la Prévention débattait sur le plateau de la chaine nationale avec Cheikh Khalifa Mbengue, qui représente la coalition Macky2012, au sujet du système de santé sénégalais. Le représentant de l’opposant a critiqué la politique de santé du Sénégal très désastreuse, et a vanté le modèle rwandais, surtout son système de santé avec une assurance maladie qui couvre presque toute la population. « Le Rwanda connait un taux de couverture d’assurance maladie qui couvre 95% de la population, c’est le Président Kagame qui a assuré le leadership pour ça.» a-t-il souligné Cheikh Khalifa.
Son interlocuteur, le ministre de la santé, lui a vite rétorqué que « le Rwanda n’est pas le Sénégal », avant d’ajouter « ce que vous appelez le leadership au Rwanda, ce n’est pas du leadership, c’est la dictature, je le dis ici, là-bas c’est obligatoire, qu’on le veuille ou pas on prend. Est-ce qu’ici au Sénégal le président Wade peut dire que tout le monde va avoir une assurance maladie obligatoire ? Il ne peut pas, Vous ne pouvez pas prendre le cas du Rwanda et nous l’imposer au Sénégal, le Rwanda n’est pas le Sénégal, parce que nous sommes dans un pays où les gens sont libres, nous avons dit la création d’un mutuel de santé obligatoire, mais l’adhésion est libre ».
Les déclarations du ministre de la santé, repris par plusieurs médias sénégalais, ont failli provoquer un incident diplomatique. Cette déclaration du ministre de la Santé aurait pu passer inaperçue, s’il s’agissait de critiquer la politique de n’importe quel président africain. Or dans ce cas si, c’est le mythe Paul Kagame qui a été mis à nu. En effet, le général président ne digère pas qu’on mette en doute le mythe qu’il a créé autour de lui-même. L’ancien rebelle du Front Patriotique Rwandais, qui a conquis le pouvoir en 1994 après un intense combat et des tueries qui ont couté la vie à des millions des gens, s’est érigé l’image d’un « d’héros, un pacificateur, un réconciliateur, un président bâtisseur, un leader charismatique qui a sauvé la Rwanda », un mythe auquel le grand public mal informé croit fermement.
Les élections présidentielles sénégalaises ont été suivies de près par les partis d’oppositions rwandaises, qui ont salué cette formidable expérience démocratique sur le continent noir, d’ailleurs nombreux ont tenu à féliciter le peuple sénégalais et le président élu Macky Sall. C’est le cas de RWANDAN DREAM INITIATIVE, le parti de l’ancien Premier ministre du Rwanda Faustin Twagiramungu, qui dans une annonce signée par son président a rendu ses hommages les plus déférents aux deux leaders sénégalais, « suite à l’exemple historique qu’ils viennent d’offrir généreusement à toute l’Afrique, de l’Égypte à l’Afrique du Sud, de Madagascar et la Somalie à la Guinée Équatoriale. Ainsi viennent-ils de donner l’espoir à tous les jeunes africains aspirant ardemment à vivre sur un continent libéré des dictateurs, d’agir et de choisir en toute indépendance leurs leaders ».
Jean Mitari
Jambonews.net
Déclaration à partir de la 31ème minute dans la vidéo