Condamné à mort par contumace en 1998, pour crimes de guerre en pleine guerre civile burundaise, le président burundais Pierre Nkurunziza vient de se faire amnistier secrètement. L’affaire est à l’origine d’une grande polémique à Bujumbura.
C’est le président de l’Association pour la promotion des droits de l’homme, Pierre-Claver Mbonimpa, qui a par surprise découvert que l’ancien rebelle devenu aujourd’hui chef de l’Etat avait été amnistié il y a de cela deux mois, d’une condamnation à mort pour crimes de guerre, prononcée par contumace (en son absence) en1998, a annoncé Radio Isanganiro. L’actuel président burundais qui était alors chef de la rébellion hutue des Forces de Défense dela Démocratie (FDD) à cette époque, était accusé d’être à l’origine d’une campagne de terreur contre la population de la capitale et en particulier d’avoir fait poser des mines sur les routes de la capitale et les environs.
Ce qui fait polémique dans ce dossier, c’est que le président Pierre Nkurunziza ait choisi le secret pour qu’une amnistie officielle lui soit accordée. Le président aurait en effet obtenu cette décision un vendredi après-midi, demi-journée dédiée, dans l’administration burundaise, au sport collectif, promu par lui même. Seuls les juges et le procureur étaient présents à cette audience qui n’a pas été publique comme elle l’aurait dû, a annoncéla Radio Franceinternationale. Pierre Nkurunziza avait obtenu en 2003 une amnistie provisoire dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu. Ceci lui a permis de se présenter à la présidentielle de 2005, scrutin qu’il a remporté.
Cette amnistie secrète risque selon plusieurs commentateurs burundais de vider de toute substance le travail que doit entamerla Commissionvérité et réconciliation, prévue par l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation (2000), qui est chargée d’examiner les cas de quelque 600 personnes accusées de crimes de guerre.
Jean Mitari
Jambonews