Louise Mushikiwabo, la ministre rwandaise des affaires étrangères est arrivée lundi à Kinshasa pour évoquer avec son homologue congolais la mutinerie en cours à l’Est du Congo. Une rencontre qui coïncide avec celle d’une importante délégation Zimbabwéenne conduite par le ministre de la défense.
Selon le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende, la chef de la diplomatie rwandaise serait venue pour parler de la situation des combats à l’Est dela RDC.
Son arrivée survient, deux semaines juste après que Kinshasa ait accusé son voisin de soutenir cette mutinerie, en hommes et en armes. Mme Mushikiwabo avait rejeté ces accusations en les qualifiant de mensonges, et disant comprendre que le Rwanda soit utilisé comme bouc émissaire par le gouvernement congolais dans une tentative de détourner l’attention de ses problèmes domestiques.
Depuis, la RDC a lancé une offensive diplomatique auprès des pays voisins pour dénoncer ouvertement le « soutien rwandais aux rebelles du M23 » dans la guerre sanglante à l’Est du pays. Le chef de la diplomatie congolaise a multiplié ces derniers jours les périples qui l’ont conduit en Tanzanie, au Burundi, en Ouganda et en Angola, pour dénoncer la guerre que lui impose les rebelles du M23 soutenu par le Rwanda, cette rébellion déclenchée début avril par les anciens miliciens de l’ex-CNDP, mouvement issu lui-même de l’ex-rébellion pro-rwandaise appeléela RCD-Goma.
La visite de Louise Mushikiwabo à Kinshasa coïncide avec celle d’une importante délégation zimbabwéenne dans la capitale congolaise, à sa tête le ministre zimbabwéen dela Défense, Mnangagwa Emmerson Dambvdzo. Ce dernier a souhaité ne pas faire aucune déclaration à son arrivée à l’aéroport international de N’Djili. On notait également la présence de l’ambassadeur dela RDC au Zimbabwe, Mawapanga Mwana Nanga. De son côté, le Rwanda n’est pas resté les bras croisés, le général Paul Kagamé a effectué mardi dernier une courte visite de trois heures en Ouganda, pour discuter avec son homologue ougandais Yoweri Museveni de la situation à l’est du Congo.
La délégation zimbabwéenne dans la capitale congolaise, n’inaugure rien d’appaisant, quand on sait que le Zimbabwe a été le principal allié de la RDCdans ce qu’on a appelé la deuxième guerre du Congo de 1998-2002. Cette guerre meurtrière opposait la RDCavec ses alliés Zimbabwéen, Namibien et Angolais contre le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda qui se battaient pour le compte de deux groupes rebelle, le Rassemblement congolais pour la Démocratie (RCD) et le Mouvement de Libération du Congo (MLC).
Si rien n’a filtré de ces visites curieuses de délégations rwandaise et zimbabwéene dans la capitale congolaise, déjà la presse congolaise a commencé à dire que tous les ingrédients semblent être réunis pour une nouvelle guerre régionale dans les Grands-Lacs. Ces soupçons sont renforcés par la volonté du gouvernement congolais qui déclare ne pas envisager de négocier avec les mutins ni avec aucun des groupes armés, locaux ou étrangers présents dans le Nord et le Sud-Kivu.
Jean Mitari