L’opposant congolais Roger Lumbala aurait bel et bien voyagé dans la région des Grands Lacs notamment au Rwanda, selon les déclarations et éléments de preuve des autorités congolaises. Est-ce un péché qu’un congolais puisse se rendre au pays de milles collines ? Certainement pas. Sauf qu’en dernier exemple, Roger Lumbala est accusé par les autorités de la RDC de collaborer avec le M23 soutenu par le Rwanda dans une tentative de renversement du pouvoir de Kinshasa. Le jeudi 20 septembre 2012, le gouvernement congolais a présenté des preuves qui accablent l’opposant et confortent la position du gouvernement. Malgré ses démentis répétés, l’opposant peine encore à convaincre, tant ses dernières déclarations lors de son arrivée dimanche à Paris en France étaient superficielles, parfois hésitantes, niant notamment avoir foulé le sol rwandais.
Le Jeudi 20 septembre 2012, le gouvernement congolais par l’entremise de son ministre de l’intérieur Richard Muyej Mangeze a, au cours d’une conférence de presse, présenté le passeport diplomatique et les billets d’avion du député accusé démontrant ainsi tous les voyages de ce dernier qui l’ont même conduit jusqu’à Kigali, la capitale rwandaise dans une période allant de juin à août 2012. Depuis quelques mois, le gouvernement de Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir les mouvements rebelles œuvrant dans l’Est du pays.
Roger Lumbala est un homme politique et membre de l’opposition congolaise. Député élu en 2011, le président du parti RCDN « Rassemblement des Congolais Démocrates et Nationalistes » a préféré siéger au parlement actuel contrairement au mot d’ordre lancé par le leader de l’opposition Etienne Tshisekedi bien qu’il fut son bras droit lors de la campagne présidentielle. Connu pour ses frasques, Roger Lumbala a alimenté la polémique dans une vidéo sur Youtube en traitant de toute sorte d’injures les membres du mouvement des « combattants » (issus de la diaspora congolaise) qui lui reprochaient d’avoir fréquenté l’hémicycle rd-congolais. Ancien rebelle, Lumbala a occupé le poste de Ministre du commerce extérieur dans le gouvernement de transition entre 2003 et 2005. Début septembre 2012, il a été interpellé à Bujumbura au Burundi par les services de sécurité avant de se réfugier à l’Ambassade d’Afrique du Sud au Burundi. Accusé de « Haute Trahison » par le pouvoir de Kinshasa, Roger Lumbala séjourne depuis dimanche 16 septembre 2012 en France et continue de nier tous les faits qui lui sont reprochés.
L’Affaire « Roger Lumbala » pose l’éternel problème de l’image négative du politicien congolais : des personnages politiques sans idéal. Depuis 1996, de nombreux pseudo rébellions surtout sur fond de cupidité ont servi de paravent aux différentes guerres d’agression. En 1997, par exemple, Laurent Désiré Kabila est arrivé au pouvoir en chassant Mobutu avec la bénédiction de la coalition burundo-rwando-ougandaise qui a pu se donner une couleur nationale par l’ « AFDL » (Alliance des forces démocratiques pour la Libération du Congo). Un mouvement que Laurent Kabila lui-même après être entré en conflit avec ses ex-alliés qualifiera de « conglomérat d’aventuriers et de chasseurs d’opportunité ». En 1998, le digne fils du pays, Jean-Pierre Bemba Gombo et son MLC (Mouvement de Libération du Congo) n’ont pas hésité à aller quémander de l’aide ou encore d’être utilisé par les voisins ougandais. Les exemples sont légions. Il sied de noter que les différentes crises qui ont secoué la République démocratique du Congo et la mort de millions des Congolais de suite des guerres planifiées par les grandes puissances avec le concours de certains congolais égarés montrent bien que beaucoup de membres de la classe politique congolaise n’ont pas deculture politique, pour reprendre ainsi la fameuse phrase de l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade.
Mathy Mati
Jambonews.net