Embourbé dans la crise à l’Est du Congo, et sous la pression de la Communauté internationale pour son aide aux rebelles du M23, le Rwanda annonce qu’il pourrait envoyer ses troupes au Congo pour y poursuivre les rebelles rwandais des FDLR.
Suite à deux incursions ces dernières semaines sur le sol rwandais attribuées par le régime de Kigali aux FDLR, des rebelles rwandais basés à l’est du Congo, le Rwanda a, ce mardi 4 décembre, par la voie de son Ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, laissé entendre que le Rwanda pourrait entrer de nouveau en RDC « pour y pourchasser les FDLR ». « Nous suivons la situation de très près. Nous ne voulons pas être forcés d’entrer en RDC à la poursuite de ces milices génocidaires. Si ces attaques persistent […] nous allons-y répondre sérieusement » a poursuivi la chef de la diplomatie rwandaise.
Cette annonce fait suite à la déclaration du chef d’état major des forces de défense du Rwanda (RDF), le général Charles Kayonga qui la veille à Gisenyi (Nord-Ouest) devant la population rwandaise établie le long de la frontière avec la RDC avait déclaré. « Nous allons les (FDLR NDLR) attraper ou les combattre s’ils essaient encore de déstabiliser le pays ».
La menace du régime de Kigali tombe après deux incursions menées sur son sol le 27 novembre et le 2 décembre par les hommes armés en provenance du Congo. Les autorités rwandaises avaient directement pointé du doigt les FDLR, qui selon le régime de Paul Kagame auraient bénéficié du soutien du gouvernement congolais ainsi que l’armée congolaies. Ni la Mission des Nations Unies au Congo (MONUSCO), ni aucune autre source indépendante n’a, à l’heure actuelle, été en mesure de confirmer les allégations du gouvernement rwandais.
Pour rappel, des experts de l’ONU accusent le Rwanda d’avoir facilité la prise de Goma par le M23 le 20 novembre dernier. D’après ce nouveau document daté du 26 novembre et mis en ligne par le New York Times, plus de mille soldats rwandais auraient facilité la prise de Goma par le M23. « Plusieurs compagnies des Forces de défense du Rwanda, FDR, sont entrées en territoire congolais et ont pris part à l’offensive sur Goma. Les forces gouvernementales auraient aussi pris part aux combats à l’aéroport de la capitale de la province du Nord-Kivu », annonce le texte qui se base selon leurs auteurs sur des différentes sources, principalement d’anciens responsables militaires rwandais et ougandais, ainsi que des responsables militaires congolais et les sources diplomatiques.
Selon certains médias congolais, notamment Afriquerédaction et rédaction cd, le Rwanda cherche à « déplacer le débat en instrumentalisant une milice qui n’a plus de capacités de nuisance contre sa sécurité que dans son imagination ».
En effet, le Rwanda a agressé le Congo à quatre reprises. À deux reprises directement sous ce qui est communément appelé la première guerre du Congo (1996-1998) et la deuxième guerre du Congo (1998-2002). Et deux fois indirectement sous couvert des mouvements rebelles, le CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) en août 2008, et le M23 en mars 2012. A ces quatre invasions que le régime de Kigali a mené au Congo, une revendication revenait : combattre les rebelles rwandais des FDLR. Cependant le Rwanda a été accusé maintes fois de profiter de ces invasions pour se livrer à des pillages des ressources naturelles congolaises, notamment la colombo-tantalite (coltan) dont le pays de mille collines est devenu un des principaux exportateurs. C’est pourquoi certains observateurs voient dans cette volonté du Rwanda de revenir au Congo officiellement, non seulement une stratégie visant à déplacer le débat sur son implication dans la crise congolaise à travers le soutien au M23, mais aussi un moyen de revenir se servir sur les minéraux.
« En agitant le jocker d’atteinte à la sécurité du Rwanda par des milices Hutu génocidaires soutenues par la RDC », il (le Rwanda NDLR) espère, soit se donner un motif plausible pour entrer ouvertement en RDC, soit revêtir sa parrure de victime déchirée par d’accablantes accusations d’auteur de guerre et d’agresseur », a annoncé Afrique rédaction, un site d’information.
Jean Mitari
Jambonews.net