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Journée mondiale du SIDA : la situation dans la région des Grands Lacs

Journée mondiale du SIDA : la situation dans la région des Grands Lacs

Depuis 1998, l’OMS a choisi le 1er décembre comme Journée internationale du SIDA, une journée de commémoration des victimes du SIDA et qui donne l’occasion à des personnes d’horizons divers de se rassembler dans la lutte contre le sida. Bien que la lutte contre cette pandémie continue et qu’il y ait de plus en plus de découvertes concernant cette maladie, l’immensité de la tâche à accomplir encore reste une réalité et varie d’une région à l’autre. Des recherches ont démontré qu’en ce qui concerne la région des Grands Lacs, et plus particulièrement les immigrants issus de cette région, ce sont surtout les jeunes femmes qui sont infectées. Il a également été remarqué qu’en Belgique, il y a un grand taux de personnes infectées parmi la population originaire de cette même région.
Dans la région des Grands Lacs, seuls le Rwanda et le Burundi ont réussi à diminuer significativement le nombre d’infections par le VIH en 2011. De plus le Rwanda a atteint en 2011 le 6ème objectif du Millénaire pour le développement qui consiste à arrêter la progression de l’infection par le VIH. Les autres pays tels que la République Démocratique du Congo, l’Uganda, la Tanzanie et le Kenya ont réalisé des résultats moindres.
Le 7 juin 2012, Agnès Binagwaho, ministre rwandaise de la Santé, a affirmé sur son blog qu’ « avec l’aide de ses partenaires, le Rwanda a fait d’immenses progrès dans la lutte contre le SIDA, la tuberculose ainsi que la malaria. Le pourcentage des personnes infectées par le VIH est passé de 13,9% en 2000 à 3% aujourd’hui et cela grâce à une lutte efficace contre cette pandémie. Plus important, ce pourcentage de personnes infectées est stabilisé à 3% depuis 2005[1]. Le Rwanda a mis en œuvre des politiques sur VIH/SIDA ‘ comme pilier intersectoriel ‘ de la Vision 2020 du Rwanda et sa stratégie de Développement Économique et de Réduction de la pauvreté. En phase avec les recommandations de l’OMS et d’ONUSIDA, le Rwanda a mis en  place la promotion de la circoncision masculine volontaire en utilisant un outil novateur nommé PrePex qui permet une circoncision qui n’exige qu’une procédure de moins de trois minutes et quelques heures supplémentaires pour la convalescence. Il faut savoir que de nombreuses études ont démontré que la circoncision masculine réduisait les risques d’infection par le VIH de 60%. L’objectif du Rwanda d’ici juin 2013 est d’atteindre le cap de 2 million d’hommes circoncis[2].
Diaspora
Un récent rapport de l’institut scientifique de santé publique (Belgique) montre qu’entre 2009 et 2011, parmi les personnes non belges qui ont été infectées par le VIH, 62,1% (908 patients) étaient originaires de l’Afrique subsaharienne, tandis que 22,6%  étaient originaires d’autres pays européens ; 12,8% venaient d’Amérique et d’Asie et 2,5% d’Afrique du nord. Les chiffres sont éloquents : sur les cinq pays qui arrivent en tête, trois sont des pays des Grands Lacs. Ainsi parmi les personnes infectées originaires de l’Afrique subsaharienne, on retrouve les Congolais (RDC) avec 19,5%, les Camerounais (17,2%), les Rwandais (11,2%), les Guinéens (9%) et les Burundais (5,8%). Un coup d’œil plus profond sur ces chiffres révèle un fait marquant : dans ce groupe d’Africains, le ratio homme-femme est de 0,5. Par contre ce rapport est de 2,7 pour les Nord-africains et de 3,3 pour l’Asie et l’Amérique. Le rapport ajoute qu’une partie de ces personnes infectées ne vivent en Belgique que depuis peu de temps et que donc elles sont probablement arrivées en Belgique en étant déjà infectées. 36% des personnes infectées ayant un suivi médical sont originaires de l’Afrique subsaharienne, ceci laisse à penser que la majorité de ceux qui sont déjà infectés cherchent quand même un suivi médical.
Le rapport souligne également que, globalement,  le nombre de personnes porteuses de VIH en Belgique a augmenté ces dix dernières années. En 2011, les chiffres montrent 3,2 nouveaux cas d’infection au VIH chaque jour. Cette tendance est due à l’augmentation de nouveaux cas de contamination au sein de la communauté homosexuelle masculine. Ceci dit, la contamination par des rapports hétérosexuels reste en première position avec 49,6% des nouveaux cas de contamination diagnostiqués en 2011.
Lors de la journée mondiale du SIDA, l’Institut Scientifique de Santé Publique a insisté sur l’importance d’un diagnostic précoce qui permet en cas de contamination avérée, une prise en charge médicale plus rapide et une modification du comportement sexuel
Globalement
La triste réalité à propos de la pandémie du SIDA/VIH au niveau mondial est qu’il s’agit premièrement d’une maladie de pauvres et que deuxièmement il s’agit d’une maladie touchant en premier lieu lesAfricains. L’Afrique subsaharienne à elle seule comptabilise 70% des décès causés par le VIH[3]. Quant aux pays de l’Afrique australe tels que le Botswana, l’Afrique du sud et la Zambie, ils comptabilisent le plus haut nombre de personnes infectées par le virus. Pendant longtemps, le continent africain et ses habitants ont été stigmatisés lors de conférences et congrès consacrés au SIDA. En effet les Africains étaient présentés comme ayant des comportements à haut risque d’infection tel que le fait d’avoir plusieurs partenaires sexuels, le refus d’utiliser des préservatifs et le fait de ne pas pouvoir parler du VIH et du SIDA car la sexualité est taboue dans plusieurs sociétés africaines. De tels arguments étaient utilisés pour expliquer le haut taux d’infection par le VIH comparé aux autres parties du monde telles que l’Europe, l’Asie ou l’Amérique.
Toutefois, ces dernières années, le continent africain –en même temps que les autres parties du monde- a réussi à combattre significativement le fléau qu’est le virus du SIDA. Ainsi on a pu remarquer une impressionnante diminution de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.
Dans son discours lors la journée mondiale du SIDA, Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO a declaré que « le nombre de nouvelles infections par le VIH poursuit son recul partout dans le monde. Le nombre d’adultes et d’enfants contaminés en 2011 affiche une baisse de 20 % par rapport à 2001. Signe encourageant, le nombre de décès liés au SIDA en Afrique subsaharienne a diminué de 32% entre 2005 et 2011 ».
 
Ceci est dû en partie au fait qu’il existe un traitement médical et qu’il y a une plus grande connaissance du fléau via l’éducation et le dépistage. 56% de malades africains reçoivent un traitement médical contre le SIDA[4] mais il s’agit le plus souvent de médicaments de première génération. En effet il existe un débat relatif au respect des droits de propriété intellectuelle, concernant l’accès aux nouveaux médicaments par les malades africains.
Les médicaments contre le SIDA ont prouvé leur efficacité en ce qui concerne la mise sous contrôle de la maladie, notamment avec la prolongation de l’espérance de vie des malades et l’amélioration de leur qualité de vie. Dans les pays développés où les malades ont accès aux médicaments antiviraux de deuxième et troisième génération, qui sont éminemment efficaces, le SIDA a maintenant un statut de maladie chronique.
La diminution des cas d’infection par le VIH s’explique aussi par le fait que bon nombre de pays africains ont mis en place des dispositifs de conseil et de dépistage du VIH à l’initiative du patient, également appelé Conseil et dépistage volontaire (CDV). En effet comme il est dit sur la page internet dédiée à la journée mondial du SIDA « si tu comprends comment le VIH est transmis, quels sont les moyens de prévention et les réalités liées au fait de vivre avec le SIDA aujourd’hui, tu peux utiliser cette connaissance pour prendre soin de ta santé et celle des autres et t’assurer que tu traites les personnes infectées par le VIH de manière juste, avec respect et compréhension ».
Différents points de vue
Cependant, même avec la meilleure gestion de la pandémie du SIDA, l’Afrique reste à la traine et est stigmatisée dans certains milieux. Néanmoins, de nouvelles recherches qui établissent un lien entre la pauvreté, l’inégalité et le SIDA nous permettent d’avoir un autre point de vue sur la raison de la situation de l’Afrique en matière du SIDA.
 
L’inégalité des chances en ce qui concerne l’accès aux médicaments fait que les plus pauvres et les moins influents sont les plus vulnérables face au VIH. Dans son livre “AIDS and the Ecology of Poverty”, Eileen Stillwaggon, fait un lien entre l’infection par le VIH et les mauvaises conditions de vie tels que la malnutrition et les maladies infectieuses. Selon ses recherches, vivre dans un environnement où il y a des moustiques, transmetteurs de bon nombre de maladies, peut augmenter les risques de transmission par le VIH via de multiples mécanismes. Selon Eileen Stillwaggon, les comportements sexuels à risque ne constituent qu’une part du problème. Dès lors, elle estime que la lutte contre la pauvreté devrait être considérée comme un objectif principal dans la lutte contre le SIDA.
Alors que le monde se prépare à atteindre l’objectif d’ONUSIDA « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au SIDA », le message d’Ertharin Cousin, directeur exécutif du programme alimentaire mondial (PAM) est le suivant : « alors que nous travaillons vers un monde sans faim et sans VIH, nous devons permettre aux pauvres et à ceux qui ont faim, d’accéder à un traitement qui leur sauvera la vie. Nous venons de tourner la page de l’épidémie du SIDA, mais le chemin à parcourir est encore long. Nous invitons la Communauté internationale à donner sa première place à la nourriture et à l’alimentation dans la lutte contre le SIDA ».
Traduit par Doreen Uwineza
Version originale anglaise par Jane Nishimwe
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[1] (UNGASS 2012)
[2] (UNGASS 2012).
[3] (UNAIDS 2010)
[4] (UNAIDS 2012)

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