Paul Kagame est le seul chef Etat de la région des Grands Lacs à figurer sur la liste des prédateurs de la liberté de la presse, publiée par Reporters Sans Frontières(RSF) ce 03 mai 2013, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.
En effet, à cette occasion, RSF a publié une liste par continent de 39 prédateurs de cette liberté fondamentale. Il s’agit des chefs d’Etats, hommes politiques, chefs religieux, milices et organisations criminelles et terroristes qui censurent, emprisonnent, enlèvent, torturent et parfois assassinent les journalistes et autres acteurs de l’information.
Kagame se trouve sur la liste aux côtés d’autres prédateurs tels que, entre autres, le Président zimbabwéen Robert Mugabe, le Président de la Guinée Equatoriale, T. Obiang Nguema, le Président gambien Yahya Jammeh, les milices islamistes armées somaliennes ( Al-shabaab, Hizb-al-islam), ainsi que les présidents Syrien et Russe, respectivement Bachar El-Assad et Vladimir Poutine.
D’après RSF, ces prédateurs sont « puissants, dangereux, violents, et se considèrent au-dessus des lois »
« Dans la tête de Paul Kagame »
Reporters sans frontières a essayé de se mettre dans la pensée de Paul Kagame, et présente ses pensées au style direct, à la première personne :
« Les mauvaises langues disent de moi que ma silhouette tout en longueur, mes petites lunettes d’intellectuel et mes costumes soignés me confèrent le physique lisse d’un homme politique moderne mais ne sauraient cacher l’ancien chef de guerre que j’ai été. Certes, je garde du maquis brutalité et froideur. Et alors? Suite au génocide de 1994, le processus de réconciliation enclenché par l’Etat sous mon impulsion me sert à asseoir mon pouvoir et à neutraliser l’opposition. Et alors?
De toute façon, ni les médias, ni les Nations Unies, ni les groupes de défense des droits de l’Homme n’ont l’autorité morale pour me critiquer. Les groupes de défense des droits de l’Homme? Je suis certain qu’ils ne savent même pas placer le Rwanda sur une carte. Et les médias. Ah, les médias. Ceux qui osent me critiquer sont semblables à “Radio Mille Collines”, cette radio raciste qui contribua à échauffer les esprits avant et pendant le génocide. Me critiquer moi, qui suis Tutsi, revient à nier le génocide. (…) En conférence de presse, quiconque souhaite me poser une question est le bienvenu pourvu qu’elle ne soit pas embarrassante.
Début 2011, deux femmes journalistes, Agnès Uwimana Nkusi et Saidat Mukakibibi, ont été condamnées à 17 et sept ans de prison. Ces deux insolentes avaient osé me critiquer ! (…) Et Jean Léonard Rugambage? Lui, son compte est bon. En juin 2010, le corps du rédacteur en chef adjoint de ce torchon d’Umuvugizi a été retrouvé assassiné, dans sa voiture, devant son domicile de Kigali… »
Pour rappel, dans un classement mondial publié le 30 janvier dernier par RSF sur la liberté de la presse, le Rwanda occupait la 161ème place sur 179. Cette place semble confirmer certaines critiques qui affirment qu’exercer le métier de journaliste libre au Rwanda « équivaut à un suicide ». En effet, au pays des mille collines, même un simple lapsus mène à la prison ferme, à l’instar du cas du jeune reporter Habarugira Epaphrodite, qui en avril 2012, lors d’une émission quotidienne avait confondu le terme de «victimes» avec celui de «rescapés».
Jean Mitari
Jambonews.net