Des commandants de la brigade d’intervention de la MONUSCO ont rencontré des rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda(FDLR). C’est ce qu’a affirmé l’Ambassadeur du Rwanda auprès de l’ONU Eugène-Richard Gasana dans une lettre adressée à l’Ambassadeur américain Rosemary DiCarlo dans son rôle de Président du Conseil de sécurité des Nations Unies pour le mois de juillet, nous annonce Reuters.
« Le Rwanda dispose d’informations crédibles, fiables et détaillées que diverses formes de collaboration tactique et stratégique avec les FDLR ont été discutées », a déclaré Eugène Richard Gasana dans sa lettre rendue publique ce lundi 15 juillet 2013. Ces actes impliquent, selon le Rwanda, « des hauts commandants des Nations Unies qui prennent partie parmi les groupes armés alors qu’ils sont censés dissuader ces derniers à continuer leurs activités militaires. ».
Gasana a aussi soutenu l’allégation du dernier rapport du Groupes d’experts de l’ONU selon laquelle des unités de l’armée congolaise, les FARDC, ont coopéré avec les FDLR. Cette collaboration survient selon l’ambassadeur rwandais au su ou même, avec le soutien de la MONUSCO.
Dans sa lettre il affirme par ailleurs que de grandes quantités d’armes et de munitions sont livrées par les FARDC aux FDLR, également au su, ainsi qu’avec le soutien des commandants de la brigade d’intervention de la MONUSCO. Ceci constitue selon lui une menace sérieuse pour la sécurité du Rwanda et met également en doute la crédibilité de la MONUSCO ainsi que ses opérations de maintien de la paix.
Le département de maintien de la paix de l’ONU a refusé de commenter l’accusation.
Kinshasa réfute les accusations
Selon le porte-parole du gouvernement congolais Lambert Mende, aucunes preuves n’étayent ces allégations. Au contraire, toujours selon Lambert Mende, « le Rwanda fait des accusations gratuites afin de justifier les attaques qu’il mène en ce moment ».
Ainsi, d’après Lambert Mende, le Rwanda soutient les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) qui ont eu des affrontements avec l’armée congolaise ce dimanche 14 juillet à Mutaho, à 12 km de Goma. Un major des FARDC a, selon l’agence Belga, déclaré que le M23 a débuté les hostilités. Le M23 a pour sa part affirmé que c’est l’armée loyaliste qui avait lancé l’attaque.
« Quelques 120 éléments des forces négatives assaillantes ont été tués lors des combats et une douzaine d’entre eux ont été capturés par les forces loyalistes. », a déclaré le porte-parole du gouvernement congolais.
Amani Kabasha, le porte-parole intérimaire du M23 a avancé que « dans tous les cas, ce sont des Congolais qui meurent » et a ajouté : « nos positions ont été pilonnées toute la nuit depuis les collines de Mutaho par les éléments de l’armée régulière, avant qu’ils ne tentent une incursion vers 3 heures du matin, mais nous sommes en train de résister ».
Les autorités coutumières locales des groupements Rusayo et Kibati, ainsi que la société civile du territoire de Nyiragongo ont ce lundi 15 juillet annoncé que la ligne de front est désormais un peu plus au nord de Mutaho, en groupement Kibati. Elles ont aussi confirmé les déclarations du porte-parole de l’armée congolaise au Nord-Kivu selon lesquelles les FARDC contrôlent la situation à Mutaho.
Des bombes seraient tombées au Rwanda
Les affrontements se sont poursuivis ce lundi 15 juillet et des bombes seraient même tombées à 15h05 à Kageshi et à Gasiza, dans le secteur de Busasamana, district de Rubavu, dans le Nord-ouest du Rwanda , a déclaré au site d’actualité Igihe.com, le brigadier général Joseph Nzabamwita. Selon ce dernier les bombes proviennent de la zone contrôlée par les FARDC et la MONUSCO, où les FDLR sont entrain de combattre. Kigali a déclaré dans un communiqué publié ce lundi 15 juillet, qu’il dispose « d’informations crédibles » selon lesquelles les FDLR sont intégrés dans l’armée congolaise.
L’ONU accuse toujours le Rwanda de soutenir le M23
Quant au Groupe d’experts, qui veille au respect des sanctions de l’ONU pour la RDC, il a déclaré dans son rapport intérimaire que les rebelles du M23 continuent à recruter des combattants au Rwanda avec l’aide d’officiers militaires rwandais. Le Rwanda a nié les allégations du groupe et l’a accusé de partialité.
Par ailleurs, le Rwanda aurait accordé l’asile à 682 ex-rebelles du M23, dont, entre autres, Bishop Jean Marie Runiga et Baudoin Ngaruye, respectivement ex-leader politique de la rébellion et ex-haut commandant. Pourtant ces derniers figurent sur la liste du comité des sanctions du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Ainsi le 30 novembre 2012, Baudoin Ngaruye a été inscrit sur la liste du comité des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU des personnes visées par l’interdiction de voyager ou par le gel des avoirs. Cette décision a été prise au motif que « Ngaruye a commis et est responsable de graves violations des droits de l’homme et du droit international. Il a enrôlé et entraîné des centaines d’enfants pour le compte du M23 en 2008 et en 2009 puis vers la fin 2010. Il s’est livré à des meurtres, à des mutilations et à des enlèvements, les victimes étant souvent des femmes. Il est responsable de l’exécution et de la torture de déserteurs du M23. En 2009, en tant que membre des FARDC, il a donné l’ordre de tuer tous les hommes du village de Shalio, dans le territoire de Walikale. Il a également procuré des armes et des munitions et a versé des traitements dans les territoires de Masisi et de Walikale, sous les ordres directs de Ntaganda. En 2010, il a orchestré le déplacement forcé et l’expropriation de populations de la zone de Lukopfu. Il est également très impliqué dans des réseaux criminels au sein des FARDC, qui tirent des bénéfices du commerce de minerais, à l’origine de tensions avec le colonel Innocent Zimurunda et d’actes de violence en 2011. »
Quant à Jean Marie, il figure sur cette liste depuis le 31 décembre 2012 en raison du fait qu’il était le coordinateur de la branche politique du M23.
Laure Uwase
Jambonews.net