Le 16 août 2013, à Suceava (une ville située au nord-est de la Roumanie) Josiane Muhire Nsabimana et Alex Dumbrava se disaient oui. Un fait anodin pour un été 2013 riche en mariages pour la communauté rwandaise de Belgique (et d’ailleurs). Et pourtant, le mariage de ces deux jeunes bruxellois a été diffusé sur des chaînes locales et a même fait l’objet d’un reportage sur la télévision nationale roumaine. Alors, pourquoi celui-ci et pas un autre ? Jambonews a rencontré les jeunes mariés pour répondre à la question.
C’est par l’intermédiaire de la cousine d’Alex que la nouvelle du mariage est arrivée aux oreilles d’une chaîne de télévision locale. Celle-ci en a parlé à une de ses amies, présentatrice du journal télévisé. Cette dernière a ensuite proposé le sujet à son Rédacteur en chef qui a donné le feu vert pour envoyer une équipe filmer la cérémonie. Voilà comment un simple mariage se retrouve à la une de plusieurs chaînes roumaines Antenna Uno et Trei mais aussi la chaîne d’information privée roumaine Realitatea tv. C’est notamment sur cette dernière que des membres de la famille d’Alex, qui vivent en Suède, ont pu voir un de leur proche se marier à la télévision.
Un mariage multiculturel
Si les médias ont estimé que ce mariage en particulier avait une valeur « journalistique », c’est en grande partie dû à l’origine de la jeune mariée. La couleur de peau de Josiane a éveillé la curiosité des habitants dans une région située à plusieurs centaines kilomètres de la capitale (Bucarest). La population y est peu habituée à voir débarquer chez elle des personnes de couleur. Encore moins toute une famille venue célébrer l’union de leur fille, avec ce que cela induit comme coutumes.
D’origine rwandaise, Josiane épouse Alex, jeune homme d’origine roumaine. Ils se sont rencontrés lors d’un casting de danse. Arrivée en Roumanie en 2005, où elle rejoignait sa sœur, Josiane y poursuit des études d’Administration des Affaires et pratiquait la danse sur le côté. Au fil du temps et des contrats, elle y acquiert une certaine renommée, à tel point que durant l’entretien, Alex nous avoue l’avoir connue avant de la rencontrer. Comme ils nous l’expliqueront durant notre entretien, Josiane était l’une des danseuses d’un clip à succès de Corina, chanteuse roumaine très populaire. De son côté, Alex menait une carrière de danseur de profession et de chorégraphe reconnu tout en poursuivant des études en Sciences du Sport sur le côté. Avec d’autres danseurs pro Roumains, ils formeront le Monkey Business. Une formation de danseurs d’élites qui regroupait les meilleurs danseurs de l’époque. Ensemble, ils ont participé à de nombreuses compétitions de danse et se sont notamment produits sur la scène des MTV Romania Music Awards 2007.
Une autre raison pour expliquer cet intérêt des médias roumains tient à la notoriété du grand-père d’Alex, Dumbrava Alexandru, chanteur de musique traditionnelle roumaine.
« Mais ce n’était pas censé prendre une telle ampleur », nous confient les mariés, sincèrement surpris de l’attention qu’un évènement aussi intime (un peu moins de cent cinquante invités) a su attirer. Mais « l’ambiance (la soirée dansante s’est terminé au petit matin, fait rare pour un mariage en Roumanie), le fait de ne pas voir si souvent beaucoup de noirs réunis » en ont fait un moment unique. Notamment pour le DJ, habitué à ranger ses platines à partir de deux-trois heures du matin, n’en revenait pas quand à trois heures la piste n’avait toujours pas désempli.
Josiane et Alex : « On ne pouvait pas rêver mieux ».
A travers leur union, ce sont deux familles qui se retrouvent liées et pour leur plus grand bonheur. En effet, entre leurs entourages respectifs, ça a immédiatement collé malgré la barrière linguistique. Les deux familles ont passé une semaine au complexe touristique Conacul Domnesc (Suceava toujours) ; à visiter des musées, des forteresses, un monastère, à faire des excursions et à découvrir des spécialités de la région. Deux cultures riches aussi, qui s’unissent, chacune ayant trouvé sa place durant la cérémonie. A plusieurs reprises durant l’entretien, Josiane insiste sur le fait que l’accueil des Roumains « ni nka’abanyafrica », c’est-à-dire que leur hospitalité est comparable à celle des Africains. Et comme le dit Alex, « si en Roumanie les gens fixent, surtout en dehors de Bucarest, les étrangers d’origine africaine c’est par curiosité parce qu’ils ne sont pas habitués à voir des personnes de couleur ».
De retour à Bruxelles, où Alex a rejoint Josiane en 2009, les jeunes mariés continuent de nourrir leurs projets artistiques. Leur couple est à l’image d’une génération ouverte à l’autre, qui a le goût de l’aventure dans un monde qui change et passe du local au global, ici pour le meilleur et pour le pire…
Urugo Ruhire
Marie Bahti
Jambonews.net