Le samedi 30 novembre 2013, une conférence débat sur le programme ndi umunyarwanda ( je suis Rwandais), controversé aussi bien au Rwanda que dans la diaspora avait lieu à Bruxelles en présence de Donatile Mukabalisa, la Présidente du Parlement rwandais.
Officiellement lancé suite à la retraite du gouvernement des 9 et 10 novembre 2013, le programme a fait suite à un discours de Paul Kagame prononcé devant la jeunesse rwandaise dans le cadre du « youthconnekt »[1] le 30 juin 2013 et qui, près d’une demie année plus tard, fait encore couler beaucoup d’encres et suscite encore les débats les plus passionnés chez les Rwandais, à l’étranger comme au Rwanda.
Principal point ayant suscité les foudres de la population et de la diaspora,la question de la demande de pardon de tous les Hutu à tous les Tutsi, qu’ils soient personnellement impliqués ou non, qu’ils aient été adultes ou n’étaient à peine que des bambins, au motif que le génocide aurait « été commis au nom des Hutu ».
D’emblée, les orateurs, ont voulu couper court aux « idées reçues » sur le programme, affirmant à maintes reprises que le programme n’avait jamais eu pour objectif de « forcer les Hutu à demander pardon aux Tutsi».
Les orateurs, dont le principal était Francis Kaboneka, Député et ancien capitaine au sein de l’Armée patriotique rwandaise ont expliqué que le programme avait pour objectif ,de développer un« esprit rwandais »,de permettre aux Rwandais à travers un dialogue franc et décomplexé sur les pages noires de leur histoire marquée par les divisions principalement ethniques mais aussi régionales ; d’assumer cette histoire, de reconnaitre les torts des uns et des autres et le cas échéant demander pardon pour cela afin de tourner ces pages sombres et léguer aux générationsfuturesun meilleur avenir.
Virage à 180° sur la question ethnique
Parmi les principaux éléments marquants de la conférence et du programme, figure le nouveau discours adopté par le régime du FPR sur la question ethnique.
Alors que depuis plusieurs années le discours officiel les ethnies et interdisait de les évoquer sur la place publique en faisant par là un véritable tabou au pays des milles collines, les orateurs les ont évoquées sans complexe, comme lors de la présentation du Sénateur Jean Népomuscène Sindikubwabo, qui s’est présenté comme un dirigeant d’ethnie hutue et qui a déclaré à l’assemblée « Tu es Hutu, Tu es Tutsi et tu mourras comme tel, la question est : qu’est-ce que tu fais avec ça». Pour lui l’ethnie ne doit à juste titre pas « te donner des privilèges, ou te permettre de faire du mal à ton voisin, le Rwanda d’abord, le Hutu, le Tutsi ou le Twa après. »
Dans un exposé historique qui a tenu le public en haleine pendant près de deux heures, Francis Kaboneka est pour sa part revenu sur l’apparition des ethnies au Rwanda dans l’objectif de montrer l’absurdité d’une telle notion. Elles ne seraient apparues que dans les années 30 et auraient été inventées par les Belges qui souhaitaient par ce biais, diviser les Rwandais afin de mieux les contrôler.
Avant ce moment, les Rwandais étaient plutôt divisés en 18 clans (Abega, Abagesera…) et au sein même des clans qui seraient issus des mêmes familles, on pouvait retrouver aussi bien des Hutu que des Tutsi comme il a voulu le démontrer en demandant aux personnes du clan « abazigaba » de se lever et dire leur ethnie.Certains se sont dits Hutu et d’autres comme la Présidente du Parlement, se sont dit Tutsi.
Autre illustration mise en avant par le Dr Jean Baptiste Habyarimana, pour démontrer l’absurdité des ethnies, fut un test du professeur Shyaka fait auprès des étudiants. Dans le test, le professeur a demandé aux étudiants de définir un Hutu et un Tutsi.Le premier s’est vu attribuer les qualificatifs d’ « imbécile », là où le second se voyait attribuer de qualificatifs tout aussi peu flatteurs de « malin » ou encore d’« hypocrite ». Pourtant, au moment de définir le Rwandais,les qualificatifs devenaient positifs, « quelqu’un de poli, qui sait accueillir les gens, qui aime le travail, qui se respecte, qui sait secourir son voisin » et le professeur a conclu son expérience en demandant aux étudiants « est-ce que les Hutu et les Tutsi ne sont pas des Rwandais ? ». Et à Jean Baptiste Habyarimana d’interroger l’assistance de la conférence « pourquoi ne pas alors se regarder à travers les lunettes rwandaises ? »
Sur la question ethnique, c’est cette vision que le programme « ndi umunyarwanda » vise selon lui à construire afin de préserver les générations futures des divisions qui nous ont conduit au génocide « commis par des Rwandais contre d’autres Rwandais ».
Les victimes du FPR, rayées de l’histoire
Alors que d’après les discours tenus par les différents intervenants, ndi umunyarwanda viserait à évoquer sans tabou toutes les pages sombres de l’histoire rwandaise, la partialité de la présentation historique faite par le Député Francis Kaboneka ainsi que du documentaire historique projeté était criante.
Dans une présentation très manichéenne de l’histoire rwandaise, durant laquelle tout au cours de l’histoire les Hutu étaient dépeints comme les mauvais et les Tutsi comme les bons, il ne fut question que des crimes ou erreurs commis par des Hutu.
Ainsi par exemple, lorsqu’étaient évoquées les années 50, seules les exactions commises contre des Tutsi ont été montrées sans jamais évoquer celles commises par des Tutsi et notamment les abus de la monarchie ayant conduit à la révolution sociale de 1959. De même, lorsqu’était diffusé un extrait d’un discours de 1962 de Grégoire Kayibanda présentant le peuple rwandais comme étant deux peuples distincts (les Hutu et les Tutsi) à aucun moment, il était question de la réponse des 12 notables conseillers du Roi publié quelques années plutôt en réponse au manifeste dit des « Bahutu » et dans laquelle il était refusé aux Hutu de pouvoir aspirer aux mêmes droits que les Tutsi notamment en terme d’éducation.
Mais le passage ayant choqué le plus d’observateurs de la présentation se situait sans doute aux années 90, ou après avoir exposé à juste titre toute l’horreur du génocide commis contre les Tutsi et les assassinats des opposants hutus, les victimes hutues du FPR ne furent à aucun moment évoquées.
De même, les exterminations perpétrées à la fin des années 90 au Congo contre les réfugiés hutus, qui pourraient selon l’ONU être qualifiées de génocide étaient également complètement passées sous silence.Pas même présentées, comme il était de coutume jusqu’à présent pour les justifier, comme des dommages collatéraux.
Et lorsque dans la partie des questions, Karuranga Saleh, un Hutu qui a perdu des membres de sa famille tués par le FPR en juin 1994 dont ses trois petits frères âgés à l’époque de 21, 15 et 14 ans, s’est aventuré à questionner les orateurs sur le pourquoi il ne pouvait pas se souvenir des siens. Sa question fut tournée au ridicule « quelqu’un t’a-t-il empêché de te souvenir des tiens ? Ceux dont on se souvient de manière étatique ce sont les victimes du génocide, reconnu par le monde entier; si je perds ma mère ou mon père, l’Etat ne va pas faire une journée de deuil pour eux ».
« Si tu as perdu des proches, personne ne t’empêche de t’en souvenir, sauf si tu es partisan du double génocide, dans ce cas-là dis le clairement, et dis-nous qui l’a préparé et qui l’a arrêté. » lui a ainsi répondu l’ancien militaire désormais Député, Francis Kaboneka.
« Le FPR pour arrêter le génocide, n’a pas été sifflé dans des ronds-points. » Lorsque quelqu’un tue, tu ne vas pas lui tapoter sur l’épaule en le suppliant d’arrêter,« ils ont été abattus, ceux qui le commettaient, oui c’est la vérité, ils ont été abattus et ils sont morts, c’est le langage qu’ils comprenaientet le génocide a été arrêté par le FPR ».Insinuant par-là que les personnes tuées par le FPR en 1994, qu’ils aient été des hommes ou des femmes, des vieillards ou des nourrissons, parfois tués à l’arme blanche n’étaient que des « Interahamwe » qui exterminaient les Tutsi.
Lien vidéo: http://www.youtube.com/watch?v=P_xfsLaUC7k
Bruxelles-Kigali, un double langage tenu par le FPR?
Autre affirmation ayant surpris dans les différents exposés, les orateurs ont dit et répété que le programme n’avait pas pour objectif de demander aux Hutu de demander pardon aux Tutsi.
Pourtant, les discours tenus au Rwanda ne laissent planer aucun doute quant à cet objectif. Ainsi dans son discours du 30 juin 2013 Paul Kagame lançait aux quelques 800 jeunes qui l’écoutaient attentivement« un brave accepte son crime et peut accepter de prendre la responsabilité pour le crime d’un autre si ça peut avoir des conséquences sur lui. »
« Les Allemands n’ont pas fait ce que les Rwandais ont fait (…), tous les Allemands ne se sont pas levés pour aller tuer les juifs, mais au Rwanda, ça semble s’être passé comme ça. Même ceux qui ont sauvé certains c’est comme un mouvement qui a pénétré dans les gens, et les voisins savaient qu’ils devaient livrer même ceux qui ont fui chez eux. Pour corriger ça, il faut un autre mouvement qui doit commencer même par une personne ou deux, puis se répandre, que les gens se disent, nous avons commis une horreur, nous avons fait du mal aux gens. »
Dans ce discours de plus d’une heure, le numéro un rwandais avait conclu en lançant aux jeunes « On attend beaucoup de vous, ne diminuez pas la valeur de notre espoir. N’ayez pas peur et distanciez-vous du mal (…) si toi tu n’as pas tué et que tu ne te lèves pas pour demander pardon pour cela, lève-toi et demande pardon pour ceux qui ont tué en ton nom. »
Aussitôt son discours achevé, un jeune Hutu qui était dans l’assistance a pris la parole « ce que je retiens du discours (de Paul Kagame) est que si je ne me lève pas pour dire ce que notre ethnie a commis, je serais un vaut rien, notre ethnie a fait des mauvaises choses (…)« du fond du cœur, notre ethnie a fait de mauvaises choses et je demande pardon pour cela et quel que soit le prix à payer, je le payerai surtout dans les itorero (la jeunesse du FPR) (…) pardonnez-nous, pardonnez-nous, je sais que certains ne le reconnaitront pas, mais comprenez qu’on se distancie de cela et qu’on vous demande pardon. »
René, un autre jeune présent dans la salle et dont les parents sont emprisonnés pour génocide s’est pour sa part prononcé « ce que mes parents ont fait, j’ai pris la décision de m’en dissocier et dans le but de reconstruire, au nom de mes parents qui ont commis le génocide, je demande pardon pour le crime de génocide. »
D’autres dirigeants sont plus explicites sur la question lorsqu’ils s’adressent à la population ou interviennent dans des débats audio ou télévisés, c’est ainsi qu’au mois de novembre 2013, répondant aux interviews de journalistes de la radio rwandaise flash FM, Christopher Bazivamwo, le vice-président du FPR interrogé sur les rapports entre ce discours au Youthconnekt et le programme ndi umunyarwanda, a répondu dans ces termes « c’est le même programme qui continue et qui vise à construire un beau Rwanda pour demain, qui n’est pas caractérisé par les ethnies »
« La famille des Hutu conserve le stigmate du génocide »
Pour justifier la demande de pardon collective des Hutu aux Tutsi, Christopher Bazivamwo, qui a lui-même, en tant que Hutu, demandé pardon, puise dans l’histoire rwandaise « dans la tradition rwandaise, si dans une famille,une personne fait du mal à une personne d’une autre famille, le crime ne sera pas imputé qu’au coupable mais toute la famille va se lever et demander pardon à la famille, dans l’objectif dereconstruire. »
« C’est vrai, le crime est individuel mais le génocide a été commis au nom de tous les Hutu, pas qu’au nom de celui qui a tué ça veut donc dire que la famille des Hutuconserve un stigmate, ceux qui ont commis des crimes ont été punis, mais la famille conserve ce stigmate.»
Et le Vice-Président du FPR de continuer « que chacun s’examine, c’est vrai tu es innocent mais tu es dans une famille qui a un péchénotoiredans la société (…)et dans le programme de construire un meilleur avenir, les Hutu doivent demander pardon aux Tutsi, pour ne pas que les Tutsi, ne voient les Hutu comme lespécheurs et pour ne pas que les Hutu se sentent regardés comme des pécheurs. »
Interrogé sur la question de savoir s’il yavait des Tutsi qui avaient demandé pardon jusqu’à présent, le Vice-Président du FPR explique que ce n’est pas un chemin mais un voyage « le but n’est pas de pointer du doigt quelqu’un pour qu’il demande pardon, le temps viendra (…) il ya des gens qui commencent, le programme commence à peine et ne se termine pas aujourd’hui. »
De même, au-delà des discours ou interviews des hauts dirigeants du FPR, les écrits adoptés par le gouvernement ne laissent planer aucun doute quant à l’objectif visant à faire en sorte que tous les Hutu demandent pardon auxTutsi.Ainsi, Orinfor, l’organe officiel de communication du gouvernement rapporte, en date du 11 novembre 2013, que dans le cadre de sa retraite qui avait eu lieu quelques jours plus tôt, le gouvernement s’est engagé à soutenir la valeur du programme ndiumunyarwanda« dans ce cadre les membres du gouvernement ont la même compréhension du programme ndiumunyarwanda et de sa valeur. Ils se sont engagés à propager ce programme auprès des autres rwandais car il n y a pas d’autre chemin possible pour reconstruire le pays.Ils ont par ailleurs reconnu que le génocide commis contre les Tutsi a été commis au nom des Hutu, de sorte que pour que la société rwandaise guérisse, il est nécessaire que ceux au nom desquels le génocide a été commis demandent pardon à ceux à l’encontre desquels le génocide a été commis ; le condamnent, se dissocient de ceux qui l’ont commis ainsi que des pensées qui mènent, dans la mauvaise direction de laquelle le Rwanda est sorti. »
Ndi umunyarwanda : un virage dangereux
Malgré les dénégations répétées des membres de la délégation venus exposer le programme ndi umunyarwanda à Bruxelles, il ressort donc, sans équivoque aucune, des discours des dirigeants au Rwanda dont Paul Kagame, ainsi que des résolutions prises par le gouvernement, que le programme vise à ce que les Hutu dans leur ensemble acceptent de manière collective la responsabilité du crime de génocide et demandent pardon aux Tutsi pour cela. L’étape logique suivant celle d’une reconnaissance est celle d’une réparation comme l’a d’ailleurs suggéré un jeune Hutu au Youthconnekt qui après avoir demandé pardona déclaré à l’assistance « quel que soit le prix à payer, je le paierai ».
En culpabilisant ainsi de manière collective les Hutu, faisant d’eux une ethnie portant en elle le péché originel du crime de génocide et en faisant des Tutsi l’ethnie des victimes (des Hutu), le gouvernement crée consciemment ou non un rapport de domination ethnique qui risque d’exacerber les tensions ethniques et raviver les vieux démons qui planent encore au-dessus des Rwandais.
Opinion de l’auteur
Pour les générations futures, les leçons du passé doivent être tirées
Tel un cancer qui le ronge, le Rwanda a souffert tout au cours de son histoire des divisions ethniques qui ont mené aux horreurs les plus innommables dont la commission des crimes les plus graves touchant l’humanité elle-même en ce compris le crime de génocide.
N’importe quel Rwandais qui aspire réellement à un avenir meilleur pour les générations futures ne peut, en regardant dans le rétroviseur du passé que rêver d’un futur au sein duquel les ethnies n’ont plus leur place. Comme d’ailleurs le relevait une étude évoquée par le Dr Jean Baptiste Habyarimana dans sa présentation à Bruxelles, bien qu’un grand nombre de rwandais se regarde encore à travers les lunettes ethniques, le vœu de 98% d’entre eux serait que leurs enfants grandissent en tant que Rwandais et non en tant que Hutu, Tutsi ou encore Twa.
L’ethnisme ne se combat pas en clamant haut et fort que les ethnies n’existent pas, pas plus qu’il ne se combat en décrétant du jour au lendemain qu’on ne doit « plus se sentir Hutu ou Tutsi, mais en premier lieu Rwandais ».
L’ethnisme se combat en analysant d’une part les raisons qui ont mené aux tensions ethniques et pour cela en mettant à plat sans tabou toute l’histoire et en permettant à chaque victime d’exprimer sa douleur et son vécu afin de tirer les leçons du passé.
Et d’autre part l’ethnisme se combat, à l’échelle collective par la fin des discriminations ou octroi de privilèges sur base del’ethnie et à l’échelle individuelle, en prenant conscience que la méfiance qu’on a à l’égard de son voisin parce qu’il est d’une autre ethnie, est la même que celle que ce même voisin a à notre égard. C’est en faisant le pari de faire confiance et en s’ouvrant à l’autre en toute franchise qu’on peut à terme être débarrassé de ses « lunettes ethniques ». Comme le disait d’ailleurs un des orateurs dans la conférence de Bruxelles, « le problème n’est pas d’être Hutu, Tutsi ou Twa, mais ce que tu en fais ».
En voulant culpabiliser de manière collective l’ensemble des Hutu et en plaçant ainsi sur le débat sur le terrain ethnique, le gouvernement emprunte un virage dangereux qui risque d’exacerber d’avantage les tensions. Si demain, les Tutsi mettent sur le compte de tous les Hutu le crime de génocide dont ils ont été victimes et si les Hutu mettent sur le compte de tous les Tutsi les crimes commis par FPR et qui pourraient, selon l’ONU, être qualifiés de génocide, le moindre espoir d’unité nationale sera-t-il encore permis?
Si au Rwanda beaucoup de victimes ont été tuées pour le simple fait de leur appartenance ethnique, aucun bourreau n’a tué parce qu’il était Hutu ou Tutsi, mais simplement parce qu’il avait été entrainé dans des idéologies meurtrières de la haine. Le meilleur exemple étant sans doute que dans les deux principaux mouvements ayant meurtri le peuple rwandais des individus de toutes ethnies en faisaient partie.C’est le cas de Robert Kajuga, le Président des Interahamwe au moment du génocide, qui était Tutsi lui-même, ou alors la présence des Hutu dans les rangs du FPR au moment des pires atrocités contre les Hutu.
Le meilleur hommage que les Rwandais puissent rendre à ceux qui sont partis trop tôt à cause de la folie meurtrière provoquée par les divisions ethniques serait de tirer les leçons du passé pour que le « plus jamais ça » prenne tout son sens. Qu’il prenne la forme d’un dialogue national, d’un programme ndiumunyarwanda plus audacieux, sincère et dénué de toute propagande stigmatisante ou une autre forme, peu importe, pourvu que chaque acteur s’y engage en toute sincérité, non pour ses intérêts propres, mais pour l’intérêt des générations futures qui méritent mieux que d’être amenées à répéter l’histoire douloureuse du pays des mille collines pour qu’enfin, le Rwanda puisse se reconstruire sur des bases solides loin des fantômes du passé.
Mais quel que soit le projet mis en place au niveau national afin de permettre aux Rwandais d’avancer en tant que Rwandais, il sera un échec tant qu’à l’échelle individuelle, la manière de penser et de voir autrui n’aura pas évolué et que les mentalités caractérisées par la méfiance, la suspicion voire le rejet de l’autre simplement parce qu’il est d’une autre ethnie, qu’il partage d’autres opinions ou qu’il a vécu une histoire différente de la nôtre, n’auront pas été éradiquées.
Comme l’a un jour très justement dit Albert Einstein « on ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré ».
Ruhumuza Mbonyumutwa
Jambonews.net