Ces derniers jours les disparitions ont sensiblement augmenté au Rwanda comme le rapportent la population et Human Rights Watch qui a récemment publié un communiqué dans lequel elle accuse le gouvernement rwandais d’être impliqué dans la disparition forcée d’une multitude de ses habitants au Nord-ouest du pays et dont certains seraient détenus dans des casernes militaires.
« Une disparition forcée » est définie comme étant un acte qui implique qu’une organisation, souvent étatique, prenne part dans la disparition d’une ou plusieurs personnes par le meurtre ou la séquestration sans que ces personnes soient retrouvables. L’organisation niant, par après, avoir connaissance de la disparition de la personne enlevée. Tout ceci dans le but de contourner les droits fondamentaux que la victime détient. Ces droits comprennent, entre autres, le droit à la sécurité et la dignité, le droit à une représentation juridique, le droit à un procès équitable, le droit à une détention dans des conditions humaines et/ou le droit à la vie lorsqu’une personne est enlevée pour être tuée.
L’ONG qui s’engage pour le respect et la propagation des droits de l’homme avait reçu depuis mi-avril plusieurs témoignages confirmant les accusations énoncées à l’encontre des représentants du gouvernement. Elle a d’ailleurs pu constituer une liste nominative des personnes qui sont jusqu’à présent présumées disparues. Les informations qui nous parviennent de plusieurs témoins, confirment que des civils ont été enlevés en grand nombre dans les régions de Rubavu, Musanze ainsi que dans la ville de Kigali.
Ces témoins ont donné des récits très précis des circonstances de ces enlèvements. Un fait inquiétant, révèle avec quelle grande latitude les services de renseignements militaires, DMI, agissent au Rwanda. Ils peuvent ainsi agir dans l’impunité totale, car le gouvernement ne semble pas capable ou/ni vouloir enquêter sur ces disparitions. En même temps la terreur se propage au sein de la population civile, dont chaque membre craint de disparaître à son tour, un de ces jours.
Les forces policières au Rwanda ont confirmé avoir reçu plusieurs plaintes concernant des disparitions inexplicables de personnes. Le commandant de la police de Rubavu, Karangwa Murenge, a annoncé enquêter sur ces phénomènes, mais a ajouté que des personnes avaient bien tendance à disparaître dans cette région. En effet il affirme que beaucoup de personnes vivant dans le Nord-Ouest du pays ont passé des semaines, voire des mois, en RDC sans que personne ne s’en aperçoive.
À Kigali les représentants de la police ont affirmé que les accusations d’enlèvements n’étaient que des rumeurs, mais à cela ils ont ajouté que les forces de police de Rubavu et Musanze ont arrêté environ 35 personnes, accusées d’avoir des relations avec le FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda).
Cependant une certaine inquiétude demeure d’une part à cause du fait que les personnes disparues restent introuvables et d’autre part parce beaucoup de ces personnes n’avaient aucune raison de quitter leurs maisons. D’ailleurs des soupçons ont été émises selon lesquelles toute une famille, bien intégrée dans la vie civile du Rwanda, aurait également été enlevée.
Blaise Linaniye
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