Ce dimanche 2 novembre, le monde célébrait la Journée internationale contre l’impunité pour les crimes contre les journalistes (IDEI), tels que proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en Décembre 2013.
Réunie pour la 68e fois, l’Assemblée a adopté la résolution 68/183 intitulée «la sécurité des journalistes et la question de l’impunité» et a appelé à un environnement plus sûr et favorable pour les journalistes à travers le monde. La date a été choisie en commémoration de deux journalistes français qui ont été tués au Mali le 2 novembre 2013.
L’Assemblée a reconnu l’importance de la liberté d’expression et des médias dans l’édification de sociétés démocratiques. Elle a également reconnu que les journalistes sont souvent exposés à des risques d’intimidation, de harcèlement et de violence. En outre, l’Assemblée a conclu que l’impunité pour les attaques contre les journalistes était un défi majeur pour renforcer la protection des journalistes.
En proclamant l’IDEI, l’Organisation des Nations Unies a exhorté les États membres à assumer leurs responsabilités en menant des enquêtes et des poursuites contre toutes les allégations de violence contre les journalistes et les professionnels des médias et de prévenir ces crimes de se produire.
Le cas du Rwanda
Malheureusement, à l’intérieur du Rwanda les journalistes critiques du gouvernement actuel sont encore trop souvent victimes de harcèlement et de poursuites controversées. En 2010, Agnès Uwimana Nkusi a été condamnée à quatre ans de prison pour avoir « porté atteinte à la sécurité de l’Etat » et « diffamé le président Kagame » en écrivant des articles critiques sur le président. Elle a été libérée à la mi-juin 2014. Reporters sans frontières a dénoncé son procès et l’a qualifiée de « héroïne de la liberté d’information ».
Saidat Mukakibibi, une collègue de Nkusi, a également été arrêtée avec elle. De son côté, Mukakibibi est restée trois années en détention.
En outre, ces dernières années, un nombre croissant et alarmant de journalistes ont disparu dans le pays. Cassien Ntamuhanga, directeur de la station de la radio Amazing Grace à Kigali, avait disparu mystérieusement en avril. Une semaine plus tard, il a été trouvé dans les mains de la police. Aucune information supplémentaire n’a été donnée sur la raison de son arrestation ou les accusations portées contre lui. Il a ensuite été accusé de porter atteinte à la sûreté de l’Etat et de terrorisme.
En outre, les journalistes comme Nelson Gatsimbazi, fondateur du journal Umusingi et Eric Udahemuka, rédacteur du journal Isimbi, critiques du régime du président Kagame, ont fui le Rwanda après avoir reçu de sérieuses menaces contre leurs vies.
La dernière censure de la liberté d’expression au Rwanda a eu lieu la semaine dernière lorsque le parlement du pays a interdit la diffusion de la chaine BBC à cause de son documentaire « Rwanda : The Untold Story ». Le film diffusé à la télévision britannique le 1er octobre, remet en question le rôle et les responsabilités du président Kagame dans la crise rwandaise et régionale.
A l’occasion de cette Journée internationale qui vise à mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, Jambonews se souvient de tous les travailleurs des médias rwandais et ceux du reste de la région des Grands Lacs qui sont victimes de violence, de harcèlement et de disparitions forcées pour simplement avoir fait leur travail et avoir utilisé leur liberté d’expression. Nous soulignons l’importance de l’information impartiale pour le public afin de construire des sociétés plus fortes et mieux informées qui, sur le long terme, aideront à établir des Etats de droit dans la région des Grands Lacs. Nous appelons à mettre fin à la culture de l’impunité qui maintient nos collègues dans la maltraitance au Rwanda et à l’extérieur de ses frontières et demandons que les personnes coupables de crimes contre les journalistes soient traduites en justice.
Équipe Jambonews
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