Depuis plusieurs mois, on entend les cris d’alarme de toute part, demandant au président du Burundi Nkurunziza de ne pas se porter candidat aux prochaines élections présidentielles, et cela même au sein de son parti. Pourtant, si Nkurunziza décide de ne pas briguer un troisième mandat, la situation au Burundi ne serait pas harmonisée pour autant, car en réalité les cartes d’un épisode funeste pour le peuple Burundais sont déjà tirées.
Un président pourtant populaire
Les derniers événements au Burundi, marqués par une incapacité du pouvoir à maitriser la situation explosive qui prévaut dans le pays et par des décisions incohérentes et inconsistantes de ce même pouvoir, nous font vite oublier que les opposants à la candidature de Nkurunziza n’ont pas peur que ce dernier truque les résultats des élections, mais bien de le voir sur les listes électorales. Car, s’il y a un point auquel le président actuel a tenu et réussi, c’est d’être proche du peuple. La popularité de Nkurunziza est indiscutable dans les campagnes, et sa réélection, s’il est candidat, reste plus que probable.
Comment alors expliquer qu’un président populaire, dont les arguments pour briguer un 3eme mandat ne sont pas irréalistes au vu de la contradiction qui existe entre les accords d’Arusha et la constitution, soit aussi décrié, même au sein de son parti, et soit décrit comme un usurpateur du pouvoir ?
Un régime non voulu par les bailleurs de fonds
Les bailleurs de fonds avaient pourtant fixé leur choix lorsqu’en octobre 1993, le président démocratiquement élu Melchior Ndadaye fut assassiné et remplacé par l’ancien président Buyoya, candidat soutenu par ces bailleurs. C’était sans compter sur la volonté de changement des Burundais qui surent se relever et renverser ce pouvoir.
La présidence de Nkurunziza est survenue en 2005 dans ce contexte, suite aux accords de paix. Mais malgré un accord équilibré entre les belligérants où le pouvoir est partagé entre les deux ethnies principales, le pays fait face à des difficultés économiques suite à une mauvaise gestion de l’Etat et un embargo économique, à des problèmes sécuritaires liés au manque de formation et aux moyens insuffisants des policiers mais aussi aux armes conservées par la population qui n’ont pas pu être récupérées par l’autorité en place. Le pays n’a reçu qu’une aide très limitée, ne permettant pas de faire face aux nombreux défis à relever.
Cette volonté des bailleurs de maintenir le Burundi dans un état de pauvreté et d’insécurité, va amener rapidement le pouvoir en place à être dépassé par la situation. Le désordre, la corruption, la soif de s’enrichir et les frustrations ethniques sont petit à petit devenus monnaie courante. Le président Nkurunziza n’a pas réussi à maintenir la discipline, à maintenir des valeurs nobles dans son administration et à lui donner un cap clair.
Une solution qui n’en est pas une
La renonciation au 3ème mandat par le président actuel apparaît pour beaucoup comme la solution à une catastrophe qui se dessine de plus en plus clairement. Pourtant plusieurs facteurs montrent que cette renonciation n’arriverait pas éviter ce qui, aujourd’hui, semble inévitable.
La dynamique dans la région des Grands Lacs, encouragée par les financiers les plus influents que sont les Anglo-saxons, est le contrôle des pays de la région par l’influence et la mise en place au sein de ceux-ci d’un système ultra-libéral. Or, comme nous l’écrivions précédemment sur Jambonews, une telle mise en place dans n’importe quel pays du monde ne peut survenir sans bouleversements profonds comme une guerre civile ou militaire.
Dans les partis d’opposition, aucun candidat ne semble répondre aux exigences nécessaires pour l’exécution d’un tel plan, à moins que l’existence d’une personnalité tapie dans l’ombre capable de mener à bien la réalisation de telles aspirations ne soit révélée. L’énergie déployée par ces financiers pour mettre dans l’opinion publique mondiale l’image négative du gouvernement en place ; les sommes dépensées à analyser les forces et faiblesses du pouvoir, les sommes dépensées dans des actions telles que le démantèlement de la tête de renseignement qui constituait une force non négligeable du pouvoir ; ou encore la libération de l’ancien secrétaire général du parti Hussein Radjabu dont le rôle prévu par ses libérateurs reste encore flou. Tous ces efforts fournis ne trouvent l’accomplissement de leurs objectifs qu’à travers un bouleversement au Burundi, et des efforts non négligeables œuvrent toujours dans ce sens.
La solution pourrait venir d’une renonciation du président au prochain mandat en ayant préalablement convenu avec l’opposition de tout faire pour éviter la catastrophe qui s’annonce. Mais avec la radicalisation et les pressions que subissent le camp de Nkurunziza, la manipulation et la violence gouvernementale que subissent le camp de l’opposition, le drame planifié au Burundi semble inévitable et le sort de la population burundaise paraît tristement scellé.
Mugabowindekwe Robert
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