Le 1er octobre 1990, le FPR attaquait le Rwanda. Durant sa guerre de conquête du pouvoir et depuis sa prise du pouvoir du 4 juillet 1994, le mouvement politico-militaire dirigé par le général Kagame a commis des massacres de masse contre les populations civiles, au Rwanda et en RDC. A côté de ces massacres de masses documentés, notamment par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, pour lequel ces massacres pourraient être qualifiés de génocide, le FPR a commis toute une série d’assassinats ciblés. En un quart de siècle, de grandes figures de l’opposition, des activistes des droits de l’Homme, des journalistes, des militaires, des religieux, rwandais, congolais et de diverses autres nationalités ont été tués ou ont disparu sans laisser de traces. Global Campaign for Rwandans’ Human Rights (GCRHR) a répertorié les assassinats ciblés commis par le FPR depuis sa prise du pouvoir, dans un document intitulé « La trace des escadrons de la mort de Kagame ».
Ce document présenté sous forme d’infographie répertorie nommément toute une série de victimes du FPR, le lieu de leurs assassinats, la date ainsi que les mobiles pour lesquels ces personnes ont été tuées. Selon l’association, à côté des victimes civiles qui ont été assassinées à grande échelle, c’est un total de 129 personnalités qui ont été individuellement ciblées, à savoir 26 politiciens, 31 militaires, 9 journalistes, 6 enseignants, 8 médecins, 5 hommes d’affaires et 44 prêtres.
La majorité des crimes répertoriés par l’association ont été commis au Rwanda, comme ceux d’Asiel Kabera tué le 5 mars 2000, ou encore le journaliste Jean-Léonard Rugambage, tué le 15 juin 2010 alors qu’il enquêtait sur les liens entre les services rwandais et la tentative d’assassinat de Kayumba Nyamwasa en Afrique du Sud.
D’autres ont trouvé la mort dans d’autres pays d’Afrique comme Seth Sendashonga, ancien Ministre de l’intérieur assassiné le 16 mai 1998 à Nairobi, Patrick Karegeya, ancien chef des renseignements assassiné le 1er janvier 2014 dans un hôtel de Johannesburg, ou encore le journaliste Charles Ingabire, assassiné le 30 novembre 2011 à Kampala. D’autres ont trouvé la mort en Europe comme Juvénal Uwilingiyimana dont le corps flottant et mutilé a été retrouvé dans le Canal de Bruxelles Charleroi le 17 décembre 2005.
La plupart du temps en Europe toutefois, les services de renseignements des pays concernés parviennent à mettre en échec les projets macabres de ces escadrons. C’est ainsi que le 29 mai 2011, la police britannique a averti deux citoyens rwandais, Réne Claudel Mugenzi et Jonathan Musonera, qu’une menace imminente d’atteinte à leur vie pesait sur eux. Plus récemment encore, en date du 27 mai 2015, c’est le journaliste Didas Gasana qui recevait un avertissement similaire.
Ce qui est inquiétant, affirme René Claudel Mugenzi, coordinateur de l’association, joint par téléphone, c’est que « des responsables de ces tueries témoignent, des organisations locales ou internationales les dénoncent, la presse internationale s’en fait écho, mais sans que jusqu’à présent, nul n’ait été inculpé alors que les crimes continuent à être commis. »
Le coordinateur de l’association se dit interpellé par le fait que de nombreux cas d’assassinats concernant des citoyens rwandais aient été jusqu’à présent complètement passés sous silence par la communauté internationale et les associations de défense des droits de l’Homme et il invite, au nom de son association, « toute personne intéressée à faire des suggestions ou recommandations sur le contenu du document ».
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