Le 24 Octobre 2019, a débuté le procès des personnes jadis représentantes des réfugiés congolais du camp de KIBIZA au Rwanda. Il s’agit de MAOMBI MBANGUTSE Louis le représentant des réfugiés, MUKESHIMANA Clémence représentante adjointe, et 3 autres personnes dont les noms n’ont pas étés communiqués. En 2018 ils avaient organisé une manifestation pacifique pour dénoncer les mauvaises conditions de vie des réfugiés. La police a contenu la manifestation en tirant sur la foule des réfugiés et tuant au moins 11 réfugiés. A l’occasion de ce procès, Jambonews revient sur l’historique de ces camps de réfugiés et les rebondissements médiatiques depuis plus d’un an.
Les manifestations de 2018
Le camp des réfugiés de KIBIZA a été fondé il y’a plus de 20 ans à l’initiative l’ONU. De nos jours plus de 17000 réfugiés à majorité congolais d’origine Banyamurenge, y vivent dans des conditions précaires.
Le 22 février 2018, une foule de centaines de réfugiés congolais a décidé de protester pour dénoncer leurs conditions de vie exécrables et contre la réduction de l’aide humanitaire au camp. C’est alors que des policiers rwandais ont ouvert le feu contre les manifestants faisant au moins 11 morts ce jour-là, 8 à KARONGI au bureau extérieur du HCR et 3 à KIZIBA. Le 1er mai 2018, un autre réfugié a succombé des suites d’affrontements avec la police dans le camp de KIZIBA. Le nombre exact de victimes n’est pas connu car la police rwandaise a empêché les journalistes de prendre des photos ou de faire des enregistrements audio/vidéo, cette interdiction a suscité la colère de Human Rights qui a estimé que le gouvernement rwandais souillait ainsi les tombes des victimes « le gouvernement rwandais piétine les tombes des victimes en refusant de reconnaître le nombre de personnes réellement tuées et d’exiger que les responsables rendent des comptes. »[1]
En plus de 11 refugiés massacrés, les autorités rwandaises ont arrêté 63 réfugiés pour « participation et organisation de manifestations illégales », « diffusion de fausses informations dans l’intention de créer une opinion internationale hostile contre le gouvernement rwandais » et » « violence contre les autorités publiques ».[2]
Fin février 2019, la Commission nationale des droits de l’homme rwandaise a publié un rapport sur les manifestations, concluant que le recours à la force par la police était légal et approprié. Aucune recommandation n’a été formulée sur comment prévenir de telles pertes humaines à l’avenir.
Amnesty international dénonce….
Dans son rapport, du 22 février 2019, Amnesty International exhorte le président rwandais Paul Kagamé à investiguer et faire toute la lumière sur les massacres et les arrestations arbitraires des réfugiés congolais dans les camps de KARONGI et KIZIBA.
Au lieu de poursuivre les auteurs de la tuerie, l’état rwandais accuse les réfugiés, ce que l’ONG regrette estimant qu’« Au lieu d’accuser les réfugiés de ternir l’image du Rwanda, les autorités devraient enquêter afin d’établir comment 11 réfugiés ont pu perdre la vie lors d’une manifestation au cours de laquelle le maintien de l’ordre était assuré par la police et amener les responsables de ces homicides à rendre des comptes »
Procès des représentants des réfugiés de camp de KIZIBA.
MAOMBI MBANGUTSE Louis le représentant de réfugiés, MUKESHIMANA Clémence représentant adjointe, et 3 autres représentants des réfugiés sont accusés de « diffusion des fausses informations dans l’intention de créer une opinion internationale hostile contre le gouvernement rwandais ». Pour sa défense MAOMBI MBANGUTSE a qualifié ces accusations d’allégations à connotation politique, car il dit n’avoir joué aucun rôle politique dans ses activités. Il rajoute en déclarant qu’en étant le représentant des réfugiés, c’était dans ses responsabilités d’avertir les autorités onusiennes de la situation inhumaine des refugies du camp de KIBIZA[3].
« C’est surprenant et très désolant, de constater que des refugiés comme nous, qui vivent dans la précarité, sommes accusés de crimes aussi graves que ceux dont l’ancien président Pasteur Bizimungu, ou la candidate à la présidence Diane Rwigara ont été accusés. Un pauvre comme moi qui obtient du savon une fois par mois, et consomme pas plus de 10 centimes (0,10 Euro) par jour ne devrait pas être associé à ce genre de crime » Dit-il avant d’ajouter que s’il a affirmé que certains réfugiés congolais ont servi dans l’armée Rwandaise, que ça ne devrait pas être considéré comme un crime car il connait certains accusés qui avaient affirmé devant le juge qu’ils ont servi comme membre de l’armée rwandaise. »[4]
Pour justifier l’utilisation des armes, les autorités rwandaises auraient accusé les réfugiés d’association avec les groupes armés qui déstabilisent la sécurité rwandaise. Ce que rejette MUKASHEMA clémence, car en toute logique elle dit n’avoir aucun intérêt à soutenir ceux qui menace un pays qui les a accueillis.
Le procès reprendra son cours au mois de novembre 2019.
Aucune poursuite n’a été engagée contre les policiers alors que MAOMBI MBANGUTSE et les 3 autres représentants sont placés en détention provisoire. Plusieurs réfugiés se sont déplacés pour venir suivre le procès.
Force est de constater qu’au Rwanda personne n‘est épargné, 11 réfugiés massacrés parce qu’ils dénonçaient le manque de soins et demandaient l’obtention des documents d’identité, ce qui constituent les droits élémentaires des refugies.
William Rukara
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[1] https://www.hrw.org/fr/news/2019/02/23/rwanda-un-plus-tard-aucune-justice-pour-les-meurtres-de-refugies
[2] https://www.amnesty.be/infos/actualites/article/rwanda-les-policiers-ayant-ouvert-le-feu-demeurent-libres-des-refugies
[3] https://www.bbc.com/gahuza/50174837
[4] https://www.radiyoyacuvoa.com/a/5117822.html