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Rwanda : Hommage planétaire à Kizito Mihigo

Rwanda : Hommage planétaire à Kizito Mihigo

Alors que jusqu’à présent aucun officiel rwandais n’a rendu hommage au Chanteur chrétien Kizito Mihigo, l’onde de choc provoquée par la nouvelle de son décès continue à traverser les frontières. Ainsi, plusieurs médias du monde entier ont rendu un hommage appuyé à l’icone de la réconciliation rwandaise. Jambonews fait un tour d’horizons des principaux titres de la presse internationale.

Pour le journal italien Il Manifesto « la réconciliation au Rwanda perd son icone ».

En Equateur, c’est la foi catholique de l’« icône culturelle majeure du pays et survivant du génocide » et ses chants « promouvant la guérison et le pardon » qui sont mis en avant par le média El Comercio qui diffuse une vidéo de la chanson « inuma ». 

Même son de cloche en Slovaquie ou Teraz souligne la foi catholique et les chansons promouvant le pardon de Kizito Mihigo. 

En Suède, c’est la disgrâce du chanteur que met avant Prenumerera avec son titre “un chanteur critique du gouvernement retrouvé mort au Rwanda » à l’instar du Hufvudstadsbladets läsargemenskap, qui rappelle que c’est vers 2013 suite à « des chansons » évoquant les crimes commis contre les Hutu par le FPR que les déboires du chanteurs avec le régime ont commencé.  

France24 qualifie Kizito Mihigo d’«apôtre de la réconciliation rwandaise » tout en émettant des doutes sur la thèse officielle du suicide. Tandis que sur Europe 1, le journaliste Vincent Hervouët va plus loin en concluant sa chronique sur ces propos sans appel « Il a cru à la paix, il l’a chanté, ça l’a tué.(…) Qu’il se soit suicidé ou qu’il ait été assassiné, le régime l’a tué.»

En Belgique, c’est la célébrité du chanteur que met en avant RTL TVI qui souligne que Kizito Mihigo s’est attiré les foudres du gouvernement « après avoir composé des chansons qui remettaient en question le contrôle strict du gouvernement sur l’héritage de la tragédie de 1994 » tandis que la VRT évoque « la mort mystérieuse de Kizito Mihigo ».  

Pour Jeune Afrique, la mort de Kizito Mihigo signifie “la fin tragique d’une icône de la réconciliation tombée en disgrâce.» 

« Accusé de terrorisme pour avoir chanté la liberté” 

Connection Ivoirienne se fait pour sa part le relais d’Amnesty international en appelant à une « enquête efficace » concernant « la mort choquante de Kizito Mihigo, chanteur de gospel ». 

Au Sénégal, c’est le « militantisme » de Kizito Mihigo et ses « critiques » envers  le gouvernement qui sont mis en avant par Senego

Benin 24 retient avant tout la “personnalité importante [de Kizito Mihigo] avec beaucoup de réseaux.” 

En Suisse, Lematin rappelle quelques autres décès suspects de personnalités rwandaises et conclut en soulignant le caractère répressif du régime de Paul Kagame. 

Au Canada, lapresse, pointe le caractère inique des accusations qui ont été portées contre Kizito Mihigo “accusé de terrorisme pour avoir chanté la liberté” 

RFI souligne pour sa part l’émotion et les interrogations qui entourent le décès du chanteur tandis que Le Monde conclut son article en relayant les accusations de Human Rights Watch contre le gouvernement rwandais, « accusé d’exécutions sommaires, d’arrestations, de détentions illégales et de tortures en détention. » 

Maliactu fait également référence à Human Rights Watch en estimant que “la mort suspecte de la star de la musique Kizito Mihigo va certainement donner raison à Human Rights Watch » qui accuse régulièrement Kigali de violations graves et répétées des droits de l’Homme. 

Au Nigeria, le dailypost reprend à son compte les accusations qui avaient été portées jadis contre Kizito Mihigo, pour lesquelles il avait été condamné avant d’être gracié, en titrant « l’homme qui a comploté pour tuer le président retrouvé mort 

Au Kenya, Kahawatungu remet en cause la version officielle du décès de Kizito Mihigo en citant de nombreux militants des droits de l’Homme qui suspectent « une mise en scène. » 

En Ouganda, le journal PML Daily endosse la version officielle en titrant qu’un « éminent artiste s’est suicidé en prison », tandis que Softpower prend le contrepied de cette affirmation en titrant que Kizito Mihigo a été tué dans sa cellule. 

« Trop souvent des affaires sensibles au Rwanda se terminent par des décès suspects ou des disparitions»

Au Zimbabwe, Zimeye souligne le travail de Kizito Mihigo en faveur de la réconciliation ainsi que ses chansons religieuses. Parmi les centaines de compositions du chanteur, le journal cite Inuma et Igisobanuro cy’urupfu

En Afrique du Sud, c’est le prestige qu’a eu autrefois Kizito Mihigo au Rwanda que Eyewitness rappelle « Kizito Mihigo a chanté l’hymne nationale à différentes cérémonies officielles, en ce comprises certaines auxquelles participaient Paul kagame» écrit notamment le journal.  

En Allemagne, la Deutsche Well émet des doutes sur la thèse du suicide qu’aurait commis celui que le média présente comme «une véritable icône culturelle dont les œuvres font la promotion du pardon.» Même son de cloche du côté de Der Spiegel qui évoque son scepticisme à l’égard de la thèse du suicide de « l’un des opposants les plus connus du Rwanda».

Le Scepticisme revient également auprès du journal catholique Cruxnow qui présente Kizito Mihigo comme « la plus grande icône culturelle du Rwanda et un fervent catholique. »

Au Royaume Uni The Guardian émet également des doutes sur la thèse officielle du suicide « dans un pays ou le gouvernement est fréquemment accusé de viser ceux perçus comme des critiques », des doutes que partage The Independent qui reprend cette citation de Human Rights Watch « trop souvent des affaires sensibles au Rwanda se terminent par des décès suspects ou des disparitions ».

Au Burkina Faso, c’est un billet d’humeur sur le ton de la colère que consacre Lepays à Kizito Mihigo en évoquant de sérieux doutes sur l’enquête à venir  « comme on le sait, les enquêtes, dans un pays de dictature comme le Rwanda, n’engagent que ceux qui y croient ; tant le plus souvent elles ne débouchent que sur de la poudre aux yeux» écrit notamment le journal. 

La colère est également le ton qui ressort au Danemark, le média Nyheder, allant jusqu’à reprendre ce tweet de Théophile Mpozembizi, un militant rwandais des droits de l’Homme qui n’y va pas par le dos de la cuillère « Pensez-vous que les gens sont tellement stupides au point de ne pas se rendre compte que vous, experts en tueries et activités maléfiques, êtes ceux qui ont tué #KizitoMihigo? La façon dont vous l’avez planifié à partir de votre fabrication de sa «soi-disant évasion» montre comment vous avez atteint le point de non retour en matière de criminalité! RIP Kizito.» 

Aux Pays-Bas, nederlandsdag rappelle les chansons de Kizito Mihigo les plus connues à savoir Inuma et Igisobanuro cy’urupfu. 

«Le Rwanda pleure un fils, et le Congo pleure un frère »

The Globe and mail, qui consacre l’article le plus complet à l’artiste, rappelle pour sa part le passé de Kizito Mihigo qui fût autrefois « une énorme célébrité populaire et un activiste de la paix qui a souvent chanté l’hymne national lors de cérémonies officielles. » Les troubles de l’artiste avec les autorités écrit le journal, ont commencé « lorsqu’il a publié une chanson qui questionne la version officielle du génocide de 1994, dans lequel un nombre estimé de 800 000 Rwandais ont péri ». 

Au Cameroun, l’hommage le plus audible est venu du journaliste d’investigation franco-camerounais Charles Onana, lequel, sur son compte facebook, souligne « l’exceptionnel courage, l’humilité et la générosité (…) de celui que beaucoup de Rwandais pleurent aujourd’hui. ». Dans son hommage, le journaliste exprime son dégout de voir « emprisonné un chanteur parce qu’il jugeait que tous les Rwandais n’étaient pas traités à égalité dans la narration des événements tragiques de 1994, parce qu’il pensait que l’histoire officielle n’était pas exacte et parce qu’il voulait la paix, la vérité, la justice et la réconciliation des cœurs au Rwanda ». 

En RDC « la mort du chanteur rwandais Kizito Mihigo suscite l’émotion » comme le titre RFI. » 

Parmi les milliers d’hommages rendus au chanteur par les Congolais, l’un des plus vibrants est venu de Lucha, le principal mouvement des jeunes citoyens congolais lequel écrit sur twitter « Kizito Mihigo a passé toute sa vie à chanter et prêcher les valeurs universelles de paix, de dignité humaine et une réconciliation fondée sur la vérité et la justice. Comme dans cet extrait d’une de ses chansons sur ce qui unit les peuples congolais et Rwandais. » Un tweet ponctué par un lien vers la chanson « Mon frère congolais » et qui sera retweeté par plusieurs centaines de jeunes congolais et visionné plus de 7000 fois sur twitter. 

Dans son hommage « liké » plusieurs centaines de fois, l’analyste politique congolais Patrick Mbeko résume le sentiment de tristesse qui prédomine chez les Congolais ayant compris le message de paix que prônait Kizito Mihigo «Le Rwanda pleure un fils et le Congo pleure un frère. »

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Du côté d’Amnesty international, on évoque un « choc » provoqué par la nouvelle du décès du chanteur, et l’organisation de défense des droits de l’Homme appelle à une enquête « cette affaire ne doit pas être étouffée. L’enquête doit faire la lumière sur tous les faits, notamment sur l’implication possible d’autres personnes, et doit déterminer si les pratiques et les conditions de détention ont causé la mort de Kizito Mihigo ou y ont contribué. » 

Ruhumuza Mbonyumutwa
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