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Rwanda : L’extrémiste J.D. Bizimana, prête serment comme ministre de l’Unité Nationale; à quoi s’attendre ?

Rwanda : L’extrémiste J.D. Bizimana, prête serment comme ministre de l’Unité Nationale; à quoi s’attendre ?

Le 14 juillet dernier, le Gouvernement Rwandais annonçait la création d’un nouveau ministère, appelé à s’occuper des matières confiées auparavant à des commissions nationales. Il s’agissait de reprendre les missions de la célèbre Commission Nationale de lutte contre le Génocide (CNLG), ainsi que de la plus discrète Commission Nationale pour l’Unité et la Réconciliation (NURC en anglais).

Le nouveau ministère avait été créé, mais le nom de celui qui allait en prendre la tête n’a été communiqué que ce mardi 31 août 2021, soit près de 6 semaines plus tard.

Accueil mitigé

Entre temps, beaucoup avaient cru voir une certaine ouverture de la part du Front Patriotique Rwandais (le FPR, qui dirige le Rwanda d’une main de fer depuis 27 ans), au point que certains avaient surnommé le nouveau ministère, « ministère de l’Unité et de la Réconciliation », souhaitant que le FPR soit enfin disposé à considérer la souffrance de tous les rwandais, même celle dont il est responsable[1].

D’autres en revanche n’y avaient vu qu’une manœuvre supplémentaire de la part d’un ancien mouvement rebelle qui ne se remettrait jamais en cause, au point de qualifier le nouveau ministère, de « ministère de l’endoctrinement et de la Propagande »[2].

Avec la nomination de Jean-Damascène BIZIMANA, connu pour ses déclarations diffamatoires et extrémistes à l’égard des critiques du régime, il ne fait plus aucun doute que l’objectif du FPR n’est ni la réconciliation, ni même la propagande, mais tout simplement la traque et le harcèlement de tous ceux qui sont considérés comme une menace à l’image du FPR.

Défendre le FPR coûte que coûte

Cela fait quelques années que de plus en plus de voix, Hutu, Tutsi et étrangères, s’élèvent contre les violences incessantes du FPR, tandis que d’autres lui réclament des comptes pour les crimes de masse commis par ses troupes pendant les années 1990 au Rwanda et au Congo.

Des revendications totalement fondées[3] mais qui sont pour l’instant ignorées par la communauté internationale, notamment à cause d’une ligne de défense féroce qui consiste à accuser de génocide, de négationnisme, d’idéologie génocidaire, etc… tous ceux qui dénoncent le passé et le présent criminel du FPR.

Ayant été à la tête de la CNLG pendant sept années, c’est Jean-Damascène BIZIMANA qui fut le principal architecte de cette ligne de défense qui n’épargne aucune personnalité, qu’elle soit Hutu, Tutsi ou même étrangère[4].

Le nombre de personnes taxées de négationniste a littéralement explosé sous l’impulsion de Jean-Damascène BIZIMANA, allant même jusqu’à qualifier les rescapés Tutsi de négationnistes, dès lors qu’ils dénoncent les crimes du FPR[5].

En nommant Jean-Damascène BIZIMANA à la tête de ce ministère, le FPR affiche clairement sa volonté d’allouer plus de ressources et plus de moyens à une ligne de défense très controversée, qui consiste à utiliser le génocide et les crimes connexes, comme arme de dissuasion massive envers tous ceux qui lui réclament des comptes.

Coup de génie ou erreur fatale ?

Sur les réseaux sociaux, le choix de Jean-Damascène BIZIMANA a été salué par les inconditionnels du régime, qui aiment son style calomniateur et préfèrent la confrontation à l’apaisement, mais pour les autres, ce choix est un non-sens pour un Gouvernement qui prétend avoir réconcilié le peuple rwandais à 94,7%[6].

L’attaque n’est pas toujours la meilleure défense et en matière de réconciliation, une seule erreur peut anéantir tout un processus entamé depuis des années.

Compte tenu de l’histoire particulière du Rwanda, la nomination d’un extrémiste du calibre de Jean-Damascène BIZIMANA à la tête d’un tel ministère n’augure rien de bon.

Pourtant, après tout ce que le Rwanda a connu, le FPR devrait avoir compris que les extrêmes appellent les extrêmes et que la seule façon de garantir un avenir prometteur aux Rwandais, c’est de confier ce genre de responsabilités à des personnalités qui reconnaissent pleinement la souffrance de tous les Rwandais.

Article d’opinion soumis pour publication par

Gustave Mbonyumutwa

Jambonews.net


[1] A l’instar de Victoire INGABIRE, principale opposante au pouvoir du FPR depuis plus de 15 ans

[2] A l’instar de David HIMBARA, ancien conseiller du Président Paul KAGAME en exil depuis 2010

[3] Voir entre autres le Mapping Report

[4] En janvier 2019, une plainte en diffamation a été déposée par Jambo asbl auprès des Tribunaux belges.

[5] Interview de JD BIZIMANA sur ITSINZI TV, le 26.02.2021

[6] Rapport NURC 2020 sur la réconciliation nationale

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